Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
rédacteur en chef de la revue de philosophie Sous le drapeau du
marxisme, couronne symboliquement ce pillage. Dans le cinquante-septième
volume de la Grande Encyclopédie soviétique, il publiera, sous son nom,
l’article « Philosophie », rédigé… par le philosophe boukharinien
Sten. Son seul et unique apport : une bordée d’insultes à l’adresse de ce
dernier. Mitine s’était distingué en écrivant en 1933 un article intitulé « Staline
et la dialectique matérialiste », où il célébrait le Chef comme « le
plus éminent dialecticien matérialiste de notre époque ». Par un
involontaire aveu, il trouvait très complexe d’analyser son apport « car
la simplicité, la clarté, la concision remarquables de ses travaux constituent
le résultat d’un énorme travail théorique préalablement effectué sur l’interprétation
des lois du développement de la réalité objective du point de vue de toute l’expérience
mondiale du mouvement prolétarien incarné dans les enseignements du léninisme [974]  » ! Le
22 décembre 1939, au lendemain même de son anniversaire officiel,
Staline se fait élire à l’Académie des sciences, ainsi placée sous son contrôle
étroit, en compagnie de Vychinski et de ce Mitine qu’il désigne également à la
tête de l’institut Marx-Engels-Lénine dirigé jusque-là, bougonne-t-il, par des « ignares ».
    Les promus ont pour Staline la même reconnaissance (mais
décuplée), qu’avait eue la noblesse d’Empire pour Napoléon. Elle prend à Moscou
la forme d’une vénération béate de miraculés pour le thaumaturge qui les a
tirés du néant. La noblesse d’Empire gagnait ses titres et ses terres sur les
champs de bataille. Les nouveaux élus soviétiques ne doivent à peu près rien à
eux-mêmes, et tout à Staline. Ils doivent donc en faire beaucoup plus que les
barons impériaux dans l’adoration. Le 17 mars, quatre jours après la
clôture du troisième procès de Moscou et l’exécution des condamnés à mort, Staline
reçoit au Kremlin les aviateurs Tchkalov, Baïdoukov et Beliakov, qui ont
récemment effectué le premier vol Moscou-Vancouver sans escale. Dans un long
toast, Staline exalte l’héroïsme soviétique qu’il oppose au culte du dollar,
puis apostrophe Tchkalov qui s’écrie : « Je suis prêt à mourir pour
Staline ! » Il le flatte. Tchkalov s’écrie à nouveau : « Nous
mourrons pour Staline ! » Staline le morigène. « Je m’excuse
beaucoup pour ma grossièreté, certains me jugent parfois grossier, mais n’importe
quel imbécile est capable de mourir […]. Je bois à ceux qui veulent vivre… […].
Je bois à la santé de ces jeunes qui nous survivront avec plaisir à nous les
vieux. » Une vibrante ovation salue ces paroles, et Tchkalov, exprimant
avec emphase les sentiments de tous ses semblables s’exclame : « Aucun
des présents ne veut survivre au camarade Staline. Personne ne nous enlèvera
Staline, nous ne permettrons à personne de nous enlever Staline. Nous pouvons
le dire hardiment : s’il faut lui donner nos poumons, nous donnerons nos
poumons à Staline, s’il faut lui donner notre cœur, nous donnerons notre cœur à
Staline, s’il faut lui donner notre jambe, nous donnerons notre jambe à Staline [975] . »
    Le journal intime d’un de ces jeunes promus, Malychev,
confirme la profondeur de ces sentiments. Khrouchtchev avait proposé cet
ingénieur comme candidat au Soviet suprême. À la première séance, où les
nouveaux élus sont majoritaires, le 12 janvier 1939, il ressent « une
joie et une agitation exceptionnelles en voyant le camarade Staline [976]  ». Trois
semaines plus tard, c’est l’extase. Malychev est convoqué au Kremlin. On le
fait entrer dans le bureau de Staline, flanqué de sept autres dirigeants, qui l’attendent
depuis une heure. Staline, si intolérant pour les retards, l’accueille avec le
sourire et lui annonce sa nomination à la tête de l’un des trois commissariats
du peuple issus de la démultiplication de l’ancien commissariat à la
Construction mécanique. Malychev, ébaubi, bafouille un refus ; Staline
objecte : « Comment ? On vous aurait attendu une heure pour rien
et vous vous seriez traîné pour rien de Kolomna à Moscou [977]  ? »
Malychev repart sur un petit nuage, d’où il ne redescendra pas avant longtemps.
Aux plénums du Comité central, puis au Comité de la défense où il est coopté,
aux séances du

Weitere Kostenlose Bücher