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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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par comité régional, des milliers d’hommes auraient
pu écrire une lettre semblable. Souslov dira plus tard au dirigeant géorgien
Mgueladzé : « Tu comprends, c’est uniquement grâce à Staline que nous
avons tous fait carrière. C’est uniquement grâce à lui que nous avons tout [971] . »
    Au congrès, Staline consacre le nouveau mode oratoire qu’il
a adopté depuis deux ans. Il s’exprime lentement, solennellement, en détachant
ses mots, en s’arrêtant après chaque phrase pour prendre la pose. Il justifie
les procès avec un cynisme qui ravit son auditoire. Comment, s’exclame-t-il, on
voit dans ces procès à l’étranger un signe de crise de notre société ?
Mais après le procès des militaires se sont tenues les élections au Soviet
suprême de l’URSS, et les listes du bloc du Parti et des sans-parti ont obtenu
98,6 % des voix ; après celui de mars 1938, aux élections aux
soviets des Républiques, elles ont obtenu 99,4 % des voix. Les procès et
le régime ont donc le soutien massif de la population.
    Le Comité central de mai 1939 souligne ce
bouleversement social. L’un de ses nouveaux membres, Chtykov, salue en Staline « l’homme
qui nous fait sortir, nous les militants praticiens de la base, de l’impasse
dans laquelle nous nous trouvions [972]  ».
L’impasse sociale qui bouchait leur carrière s’est brusquement et largement
ouverte devant eux et ils vénèrent celui qui leur a frayé la voie. Mikhail
Koltsov chante ce mouvement par lequel des milliers « de petits et
modestes rouages » s’élèvent « à un travail responsable sans cesse
plus grand et important ». Paradant aux premiers rangs depuis les années 1920,
il sera bientôt lui-même la victime du système. Vorochilov déclare à une
réunion de lieutenants, en pleine Terreur : « Chacun de vous est
potentiellement un maréchal. » Il souligne le 29 novembre 1938
devant le Conseil militaire : « Nos hommes sont tous des hommes
jeunes, encore inconnus de tous [973] . »
Berejkov, affecté au commissariat aux Affaires étrangères au début de 1940,
constate à son arrivée qu’il n’y reste qu’une toute petite poignée des anciens
collaborateurs de Litvinov et Tchitchérine.
    Les chiffres confirment que le parti stalinien de 1939 s’est
construit sur les débris de l’ancien parti bolchevik. En 1939, à la veille du
XVIII e  congrès, le Parti communiste russe comporte 1 589 000 membres.
Seuls 0,3 % d’entre eux (soit environ 5 000) ont adhéré avant 1917,
et 16 000 (soit 1 %) ont adhéré en 1917. Il reste 10 % des
adhérents des années 1918 à 1920. Certes, la guerre civile avait décimé
les rangs du Parti, et les épurations de 1921 écarté des milliers d’adhérents
jugés douteux, mais, vingt-deux ans seulement après la révolution, ces chiffres
témoignent de l’ampleur extraordinaire de la purge.
    Cette jeune génération bénéficie de la redistribution des richesses
sociales, séquestrées par le vol et le pillage légaux. Les promus se
répartissent ainsi tout ou partie du patrimoine des condamnés au titre de l’article 58
du Code pénal, qui prévoit en règle générale la confiscation de leurs biens, et
leur transmission à leurs dénonciateurs ou aux officiers et agents du NKVD –
qui se sont déjà servis au passage lors des perquisitions en raflant vaisselle,
montres ou bijoux. Ainsi, Anton Antonov-Ovseenko, découvrant dans le dossier de
son père le relevé des objets confisqués lors de son arrestation, n’y trouve
pas trace de nombre d’objets de valeur que ce dernier avait accumulés au fil
des ans. Le fils et la femme du général Iona Iakir, arrêtés peu après lui, ne
trouveront, après leur réhabilitation, aucun inventaire des meubles, de la
vaisselle, des milliers de livres qui avaient été saisis chez eux. Tout avait
été volé et, pour l’essentiel, revendu.
    Le NKVD dispose d’un réseau de magasins où il vend à vil
prix les objets recensés à ses agents. Les femmes d’ennemis du peuple, arrêtées
et déportées ou emprisonnées, ainsi que leurs enfants, expédiés en orphelinat,
libèrent des dizaines de milliers d’appartements meublés et équipés, livrés aux
promus. Staline s’achète ainsi à moindres frais leur fidélité sous le couvert d’une
idéologie de plus en plus déconnectée de la réalité. Le « philosophe »
stalinien, l’inculte Mitine, dépourvu de tout diplôme, nommé en 1930 par
Staline

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