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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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applaudissements, le passage prochain au
communisme, les transports et le pain gratuits, la fourniture des produits en
fonction des besoins contre un travail honnête. Puis on banquette au club et
Koltsov part à son bureau de la Pravda… où le NKVD l’attend.
    Koltsov est l’un des rares journalistes talentueux du
régime. Publié au début de 1938, son Journal d’Espagne a rencontré un
grand succès. Staline a invité l’auteur dans sa loge quelques jours plus tôt et
lui a adressé des félicitations doucereuses : « On lit plus le Journal
d’Espagne que le Précis d’histoire du parti bolchevik… » Il
juge manifestement ce succès excessif et c’est lui qui lui conseille de
consacrer son discours à l’Union des écrivains au Précis. Koltsov y
exalte l’ouvrage avec enthousiasme. Mais son dossier contient un rapport
accablant du dénonciateur enragé André Marty sur ses activités en Espagne.
Marty, membre du Bureau exécutif du Comintern, apprécié de Staline pour sa
rudesse de langage et son caractère obtus et borné, a déjà plusieurs fois
accusé Koltsov d’outrepasser les prérogatives d’un correspondant. Il le
rappelle et il ajoute deux faits « tout proches du crime. 1 o  Koltsov,
avec son compagnon permanent Malraux, est entré en contact avec l’organisation
locale trotskyste du POUM. Si l’on tient compte des anciennes sympathies de
Koltsov pour Trotsky, ces contacts ne sont pas dus au hasard. 2 o  La
prétendue "femme civile" de Koltsov, Maria Osten […] est un agent
secret des services de renseignements allemands [958]  ». Pour son
reportage espagnol, Koltsov a effectivement rendu visite à Madrid au POUM et il
le raconte d’ailleurs lui-même dans son Journal ; l’accusation contre
Maria Osten est aussi infondée que sont imaginaires les anciennes sympathies de
Koltsov pour Trotsky. Mais c’est plus qu’il n’en faut pour éveiller les
soupçons de Staline ou lui fournir le prétexte attendu. Au bout d’un mois de
tortures, Koltsov avoue : recruté par Karl Radek, en même temps que le
plénipotentiaire soviétique à Rome, Boris Stein, il a été un agent allemand,
français et américain, trotskyste depuis 1923 et terroriste depuis 1932, sans
avoir jamais assassiné personne…
    Son arrestation émeut les intellectuels communistes, et le
président de l’Union des écrivains, Alexandre Fadeiev, prend son courage à deux
mains et en informe Staline qui le convoque : « Vous ne croyez pas
que Koltsov soit coupable ? – Non, je ne le crois pas et je ne veux
pas y croire. – Et vous pensez que j’y croyais et que j’avais envie d’y
croire ? réplique Staline. Je n’en avais pas envie, et pourtant j’ai dû y
croire. » Puis il envoie Fadeiev lire les deux volumes du dossier de
Koltsov dans une pièce attenante, et lui demande de lui donner ses impressions.
Staline joue sur du velours : Koltsov, battu et torturé, a « avoué ».
Le soir venu Staline rappelle Fadeiev : « Alors, maintenant, vous y
croyez ? – Oui », répond Fadeiev, pris au piège. Dire « non »
suggérerait qu’on a arraché à Koltsov des aveux fabriqués. Par qui ? avec
l’aval de qui ? Ce serait calomnier le NKVD, la justice soviétique et
Staline lui-même, qui veut faire de Fadeiev un propagandiste de cette vérité :
« Eh bien, si des gens auxquels il faut répondre vous interrogent, vous
pourrez leur dire ce que vous savez vous-même [959] . » Comment
refuser ? Il ne reste à Fadeiev qu’à remplir ce genre de mission et à
noyer son amertume dans la vodka et les fugues répétées.
    Koltsov est un maillon d’un complot en gestation. Arrêté le
20 juin 1939, le metteur en scène Meyerhold, dont Staline avait
décidé l’arrestation dès janvier, ignoblement torturé, finit par se reconnaître
trotskyste depuis 1923 et espion anglo-japonais ; il « avoue »
aussi avoir participé en 1933, avec Ilya Ehrenbourg, qui l’a recruté dans l’organisation
trotskyste, à la création d’une organisation antisoviéque visant à regrouper « tous
les éléments antisoviétiques dans le domaine artistique », puis avoir été
recruté comme espion anglais par le poète lituanien Jurgis Baltrusaitis. On lui
fait avouer aussi qu’Ilya Ehrenbourg a recruté dans son groupe trotskyste les
écrivains Iouri Olecha et Boris Pasternak. Isaac Babel, arrêté le 16 mai 1939,
est déclaré trotskyste depuis 1927, espion franco-autrichien depuis 1934,

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