Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
Vom Netzwerk:
dans un cercle
de vieux camarades du parti. Ribbentrop tend à Staline une carte de la Pologne
portant rectification du partage des territoires. Staline la signe au crayon
bleu, Ribbentrop au crayon rouge. Puis Ribbentrop exige un tiers de la
Lituanie. Staline lui accorde un morceau de 398 km, occupé par 184 000 habitants.
Lorsque le ministre des Affaires étrangères, Urbsis, lui exprimera son
mécontentement, Staline, dans un rare accès d’autocritique, concédera : « Là,
nous avons manifestement commis une erreur [1013] . »
Dans la foulée, l’URSS signe des « pactes d’amitié » avec l’Estonie
le 28 septembre, avec la Lettonie le 5 octobre, avec la Lituanie le
10. Staline en définit clairement la nature lorsqu’il déclare, le 2 octobre,
à une délégation lettonne que les accords de 1920 sont caducs : « Pierre
le Grand déjà se souciait du débouché de la Russie sur la mer. Pour le moment,
nous n’avons pas de débouché et nous ne pouvons plus rester dans cette
situation. C’est pourquoi nous voulons nous garantir l’utilisation des ports,
des voies d’accès à ces ports [1014] . »
Staline s’inscrit ainsi délibérément dans la tradition impériale. Mais le
calcul est dérisoire. Moins d’une semaine après l’invasion de l’URSS, en juin 1941,
ce débouché et ses accès auront disparu.
    Le 29 septembre, à cinq heures du matin, les
Soviétiques et les Allemands se séparent après avoir signé un protocole secret
modifié sur le partage des territoires, un accord commercial, et une
déclaration commune sur la paix dans laquelle ils affirment que, si les efforts
conjoints des gouvernements allemand et soviétique pour liquider la guerre en
Europe occidentale ne réussissent pas, « alors sera établi le fait que l’Angleterre
et la France portent la responsabilité de la perpétuation de la guerre »
et les deux gouvernements se consulteront sur les mesures nécessaires. Les deux
délégations fêtent les trois accords au cours d’une soirée de gala, dont la
cordialité incite le Gauleiter (administrateur de région) de Dantzig,
Förster, à répéter : « Tout s’est passé comme si on avait parlé avec
de vieux camarades [1015] . »
À cette soirée, pas plus qu’à la précédente, Staline n’invite Kaganovitch.
Seuls les membres non juifs du Bureau politique auront bénéficié de cet
honneur. C’est-à-dire tous les autres, sauf lui. Cette amitié nouvelle se
traduit par un traité commercial, signé le 24 octobre 1939, qui
prévoit la fourniture par l’URSS d’une grande variété de matières premières
indispensables à l’effort de guerre nazi, et dont le blocus maritime
britannique empêche la livraison normale.
    Le 17 octobre, Dimitrov soumet à Staline un article sur
« La guerre et la classe ouvrière ». Une certaine confusion,
écrit-il, règne encore dans les rangs de certains partis communistes sur les
causes de la guerre et sur leurs tâches. Staline demande à Dimitrov d’effacer
de ce texte tout slogan révolutionnaire. Il lui explique : « Poser la
question de la paix aujourd’hui en la liant à la liquidation du capital, c’est
aider Chamberlain et les fauteurs de guerre, c’est s’isoler des masses. »
Il faut donc se limiter à des mots d’ordre pacifistes du type : « Arrêter
la guerre, arrêter l’effusion de sang [1016]  ! »
Le 20 octobre, il rassure Munters, le ministre des Affaires étrangères
letton, inquiet de voir son pays inclus dans la zone d’influence soviétique :
« Nous ne toucherons ni à votre Constitution, ni à vos ministres, ni à
votre politique étrangère et financière, ni à votre système économique [1017] . » La
promesse ne sera pas tenue. Staline mentait-il et rusait-il ? Sans doute
que non. Pourquoi en aurait-il eu besoin, alors qu’il avait, jusqu’à la défaite
de la France, les mains libres à l’Est ? La propriété d’État, engendrée
par la révolution sociale, s’est tout simplement étendue mécaniquement aux pays
baltes. Les deux formes de propriété étant incompatibles, la dynamique de l’une
devait s’imposer à l’autre.
    Quelques semaines plus tard, Staline se rend au Bolchoï pour
assister au ballet d’Igor Moïsseiev. À la fin de la représentation, il va voir
le metteur en scène avec Vorochilov et lui demande sèchement, en le tutoyant
comme un domestique, pourquoi il ne met rien en scène de nouveau. Moïsseiev,
qui ne comprend pas le

Weitere Kostenlose Bücher