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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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qui assure l’ordre dans son
pays. Molotov, dans son toast, rappelle que « c’était bien Staline qui –
par son discours du mois de mars qu’on avait bien compris en Allemagne –
avait provoqué le renversement des relations politiques ». Ribbentrop
téléphone à Hitler, avec qui une ligne directe a été installée la veille, et
lui raconte, devant tous, le succès remporté. À la fin du gala, Staline, un peu
éméché, le prend par le bras, l’emmène à l’écart et lui déclare avec emphase :
« Le gouvernement soviétique prend le nouveau pacte très au sérieux. Je
peux donner ma parole d’honneur que l’Union soviétique ne trompera pas son
partenaire [1000] . »
Pour une fois, il tiendra parole.
    Lorsqu’il recevra quatre responsables du PCF, le 21 juin 1940,
parmi lesquels Maurice Tréand, dit Legros, membre du Bureau politique, l’ambassadeur
d’Allemagne à Paris, Otto Abetz, leur fera part de la « profonde
impression faite par le camarade Staline sur son patron Ribbentrop lors de ses
voyages à Moscou [1001]  ».
Staline confiera pourtant le 7 septembre à Dimitrov : « Nous
préférions un accord avec les prétendus pays démocratiques, et c’est pourquoi
nous avons mené des négociations avec eux. Mais les Anglais et les Français
voulaient nous utiliser comme piétaille et en plus sans rien payer [1002]  ! » –
ce qui globalement est assez vrai. Staline expliquera à peu près la même chose
trois ans plus tard à Churchill en termes plus choisis et plus diplomatiques :
« Nous avons eu l’impression que les gouvernements britannique et français
étaient décidés à ne pas faire la guerre si la Pologne était attaquée, mais qu’ils
espéraient que l’alignement diplomatique de la Grande-Bretagne, de la France et
de la Russie découragerait Hitler. Nous étions persuadés du contraire [1003] . » À l’annonce
du pacte, le colonel Beck, à Varsovie, arbora, paraît-il, un sourire satisfait :
en refusant de céder aux invitations françaises et aux timides suggestions
britanniques, il avait empêché le sol polonais d’être foulé par des bottes
bolcheviques. Sa satisfaction devait être de courte durée.
    L’entourage de Staline lui-même ne prend pas tout de suite
la mesure du bouleversement. Le 27 août, Dimitrov et Manouilski, dans une
lettre à Staline, affirment, certes, le soutien des partis communistes au pacte
germano-soviétique « qui déjoue les projets de déclenchement de la guerre
contre l’URSS », mais ils ajoutent que le Parti communiste français doit
toujours « résister à l’agression de l’Allemagne fasciste » et donc « soutenir
les efforts visant au renforcement du potentiel défensif de la France [1004]  » sans,
pour autant, soutenir le gouvernement Daladier. Staline ne répond pas à cette
lettre. Il craint qu’Hitler n’utilise le pacte pour faire pression sur les
Anglais et les Français, et ne tourne casaque à la première occasion. Le 28 août,
le ministre des Affaires étrangères britannique Halifax invite les gouvernants
polonais à « engager immédiatement des pourparlers directs avec l’Allemagne [1005]  ». Il
serait prêt, pour réchauffer cette amitié, à céder à Hitler Dantzig et un
couloir autoroutier vers la Prusse-Orientale en Pologne. Trop tard : c’est
la Pologne entière que veut Hitler désormais, et tout de suite.
    Ses 62 divisions passent à l’attaque dans la nuit du 1 er  septembre,
et enfoncent comme à la parade les 42 divisions d’une armée polonaise
inadaptée à la guerre moderne : sa cavalerie ne saurait peser bien lourd
devant les blindés allemands. Le gouvernement, dominé par les colonels, dirige
un État en partie artificiel, dont les territoires de l’Est sont peuplés en
majorité de juifs haïs, de Biélorusses et de Ruthènes (Ukrainiens) méprisés.
Cette camarilla nobiliaire et bureaucratique réactionnaire est privée de
soutien réel dans la population, appuyée sur une Église ultraréactionnaire et
sur une armée démodée. Selon le socialiste polonais Zygmunt Zaremba, « le
gouvernement se maintenait au pouvoir contre la volonté de l’énorme majorité de
la société ». « La Pologne, ajoute-t-il, est entrée dans la guerre
totale comme s’il s’agissait d’une parade militaire sur un terrain d’entraînement [1006] . » La
morgue et l’aveuglement de la camarilla sont vertigineux. Le 3 septembre,
le chef du « Camp de l’unité

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