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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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reproche, marmonne qu’il fera ce qu’on lui dira. « De
toute façon, tu ne monteras pas ce dont nous avons besoin », ricane
Staline. Moïsseiev lui demande poliment « Et de quoi avez-vous besoin,
Iossif Vissarionovitch ? – Tu ne mettras pas en scène l’écrasement de
l’Angleterre et de la France [1018]  »,
lui répond Staline en souriant.
    Molotov exprime donc pleinement sa pensée lorsque, le 31 octobre,
devant le Soviet suprême, il salue la disparition de la Pologne, « cet
enfant monstrueux du traité de Versailles », bien antérieur pourtant, mais
sans cesse démembré par la Russie, la Prusse et l’Autriche pendant 130 ans.
Molotov, en justifiant ainsi le démembrement de la Pologne par les trois
empires, confirme que l’internationalisme de 1917 n’est qu’un lointain souvenir
et que l’URSS de Staline entend perpétuer les traditions impériales. Il dénonce
l’agression de l’Angleterre et de la France, puis élève l’hitlérisme au rang d’idéologie :
« On peut aimer ou ne pas aimer l’hitlérisme. Mais toute personne saine d’esprit
comprendra qu’une idéologie ne peut pas être détruite par la force. Il est donc
non seulement insensé, mais encore criminel, de continuer une guerre pour la
destruction de l’hitlérisme, sous la fausse bannière d’une lutte pour la démocratie [1019] . » Hitler
n’en demande pas tant.
    L’euphorie engendrée par la promenade militaire en Pologne
orientale, par le sentiment d’avoir roulé les démocraties occidentales et par
la lune de miel avec Hitler, gagne l’état-major soviétique. Le général Stern et
Vorochilov se livrent à une puérile émulation dans la rodomontade. Stern déclare :
Lors de la prochaine guerre, pour chaque soldat de l’Armée rouge abattu, dix
ennemis tomberont ! Vorochilov proteste : Dix ça ne suffit pas, il
faudra en laisser vingt contre un sur le carreau. Staline se laisse-t-il gagner
par cette ivresse ? En tout cas, il commet un faux pas lourd de
conséquences. Au nom de la sécurité de Leningrad et de l’île de Cronstadt à
portée des canons finlandais, il demande au gouvernement finlandais, le 12 octobre,
de lui céder une bande frontière d’une cinquantaine de kilomètres, les six îles
du détroit de Finlande qui en commandent l’accès, la majeure partie de l’isthme
de Carélie, au nord, les mines de Petsamo, riches en nickel, plus la location
de la presqu’île de Hanko qu’il veut transformer en base militaire. En
contrepartie, Staline céderait à la Finlande 70 000 km inhabités de
la Carélie soviétique. Lors des négociations, à Moscou, du 23 au 25 octobre,
Staline essaie d’amadouer les Finlandais : « Nous n’exigeons pas,
leur dit-il, nous ne prenons pas, nous proposons [1020] . »
Helsinki, encouragé en sous-main par Berlin, refuse. Au début de novembre,
Staline réduit ses prétentions : il « abandonne » Hanko et une
partie de l’isthme carélien. Helsinki refuse encore, et, convaincu que Staline
cherche un compromis et ne se lancera pas dans l’aventure d’une guerre, rejette
toute concession.
    Staline hésite, puis décide d’attaquer. Face à ce petit
pays, dont il avait signé l’acte d’indépendance en novembre 1917, il est
sûr de son affaire, convaincu, selon Khrouchtchev, que quelques tirs d’artillerie
suffiront à faire capituler les Finlandais. L’état-major lui assure d’ailleurs
qu’il mettra à genoux l’adversaire en trois semaines et prévoit d’occuper
Helsinki le 21 décembre, pour le soixantième anniversaire officiel de
Staline… La pilule n’en sera que plus amère.
    C’est au cours de ces négociations que Staline, se préparant
à infléchir sa politique à l’égard de l’Église orthodoxe, fait adopter par le
Bureau politique, le 11 novembre, une instruction adressée à Beria, qui
déclare « inopportun de continuer la pratique des organes du NKVD de l’URSS
concernant les arrestations de servants du culte orthodoxe et la persécution
des croyants » et « abroge l’instruction du camarade Oulianov
[Lénine] sur "La lutte contre les popes et la religion" [1021]  », avec
lesquels il prépare une entente patriotique.
    Le 30 novembre 1939, l’Armée rouge attaque la
Finlande, sur cinq axes en même temps. Staline invente le lendemain un « Gouvernement
populaire de la République de Finlande » fantoche, présidé par un vieux et
docile fonctionnaire finlandais du Comintern, Otto

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