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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Kuusinen. Le ministre chargé
de la Carélie est un Soviétique, Prokofiev, hâtivement rebaptisé… Prokkonen. Le
lendemain, Kuusinen se précipite à Moscou où il est reçu par Staline, Molotov,
Vorochilov et Jdanov. Il signe avec le gouvernement soviétique un accord d’amitié
et d’assistance mutuelle et lui demande une aide militaire – déjà fournie ! –
contre le gouvernement « fasciste » finlandais.
    Ce « gouvernement populaire » reconnu par la seule
URSS s’installe à Terioki (l’actuel Zelenogorsk). Ses membres y font du ski et
rédigent des journaux en finnois, que l’aviation soviétique jette par ballots
entiers sur les arrières de l’ennemi. Ce gouvernement aussi fantôme que
fantoche fait rire à l’étranger, mais pas en Union soviétique. Le 4 décembre,
Molotov déclare très sérieusement : « En fait, l’URSS ne fait pas la
guerre à la Finlande. La vaillante Armée rouge ne fait qu’apporter son aide aux
forces armées de la République démocratique de Finlande qui s’avancent sur
Helsinki. » Un homme aussi averti et perspicace que Vernadski note dans
son journal intime, le 2 décembre : « Enorme impression des
affaires de Finlande. Fondamentalement, maintenant, ce sont les masses
populaires qui décident. Des réformes économiques radicales doivent être prises
dans les jours qui viennent. Staline est effectivement une figure mondiale [1022] . » La
propagande stalinienne ne persuade donc pas seulement des esprits frustes ou
des fonctionnaires du Comintern.
    L’Armée rouge dispose d’une supériorité technique écrasante
(141 bataillons d’infanterie représentant 400 000 hommes contre
62 représentant 265 000 hommes, 1915 canons contre 422, 1 500 tanks
contre 26 et 1 500 avions contre 270). L’armée finlandaise recule d’abord
de 30 à 50 kilomètres, pour s’abriter derrière la ligne Mannerheim (sorte
de ligne Maginot finlandaise, qui, sur 140 kilomètres, comporte une
centaine de fortins). L’Armée rouge occupe Petsamo et avance au nord du lac
Ladoga, puis recule en plusieurs endroits sous des contre-attaques
finlandaises. Dans les tempêtes de neige, les soldats soviétiques mal équipés
doivent creuser des abris et des tranchées avec un outillage de fortune.
Beaucoup mourront de froid. L’aviation soviétique pilonne les arrières :
malgré l’interdiction de Vorochilov de bombarder la population civile, les
pilotes soviétiques, formés en toute hâte, atteignent autant d’objectifs civils
que d’objectifs militaires.
    La Ligue des nations, quoique moribonde, exclut l’URSS le 14 décembre.
Cette exclusion souligne l’isolement de celle-ci vis-à-vis des démocraties et
renforce sa dépendance à l’égard de l’Allemagne et des États du pacte
anti-Comintern. L’Angleterre et la France, dont les troupes restent immobiles
le long du Rhin, annoncent leur intention de se précipiter au secours de la
Finlande. Elles envisagent d’envoyer à la mi-mars un corps expéditionnaire en
Finlande et en mer Noire, de bombarder les puits de pétrole de Bakou et le
pipe-line qui passe par Maikop et Grozny. L’URSS est donc à deux doigts d’une
guerre avec Londres et Paris, plus pressés d’en découdre avec elle qu’avec
Hitler. Berlin ne dit mot, mais encourage en sous-main la Suède à vendre des
armes à la Finlande et ouvre son territoire au transit des armes qu’envoie
Mussolini à Helsinki.
    Koboulov, résident du NKVD à Berlin, informe alors Molotov
que la femme de l’ancien secrétaire général du Parti communiste allemand, Ernst
Thaelmann, en prison depuis 1933, s’est présentée à l’ambassade soviétique :
sans ressources et mourant de faim, elle a demandé de l’aide. En vain :
les ambassades soviétiques n’ont pas de fonds de soutien aux victimes de la
répression. Elle demande alors que l’URSS intervienne pour sortir son mari du
camp. Koboulov l’éconduit. Rosa Thaelmann en pleurs s’étonne : « Il
aurait donc fait pour rien tout son travail en faveur du communisme ? »
Peut-elle s’adresser à Goering, demande-t-elle alors à Koboulov, qui lui répond :
« C’est votre affaire [1023] . »
Rosa Thaelmann repart en larmes à Hambourg. Staline ne demandera jamais à
Hitler d’échanger le docile Thaelmann dont l’étiquette antifasciste gênerait
son éphémère lune de miel avec le Führer. Ernst Thaelmann sera déporté en juillet 1941
à Buchenwald où les SS l’abattront en

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