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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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du
pétrole, des grains, du coton, des minerais, des métaux non ferreux. » Il
grognera, un peu plus tard, qu’il « s’est échauffé, mais a exprimé ce qu’il
ressentait [1028]  ».
Son comportement est d’ailleurs aux antipodes de cette apparente fermeté
puisque, le 11 février, il accepte de signer un accord commercial
promettant à Hitler tous les métaux qu’il souhaitera obtenir pour sa machine de
guerre (cuivre, étain, nickel, cobalt, molybdène, wolfram, fer) en échange de
prototypes de machines, brevets, plans – cher payés –, armements et
matériels modernes, en particulier des tourelles de navire, qu’Hitler livrera
avec une lenteur inversement proportionnelle à la rapidité avec laquelle l’URSS
honore ses livraisons.
    Au Comité central de mars, Vorochilov présente un rapport
sur « Les leçons de la guerre avec la Finlande ». Pour se décharger
de ses responsabilités, il accable Staline d’éloges. Rappelant qu’un « Grand
Quartier général » (GQG), composé de lui-même, Staline, Chapochnikov et du
commissaire à la Marine Kouznetsov, a été constitué au début de la guerre, il
ajoute avec perfidie un compliment équivoque : « Le GQG ou, plus
véritablement, Staline qui en a été un membre actif, a, dans les faits, dirigé
toutes les opérations et tout le travail d’organisation lié au front. » Et
il insiste sur le fait que, « du début de la guerre à sa conclusion victorieuse,
le camarade Staline a pris sur lui sa direction effective [1029]  ». Il n’y
a pas de quoi en être fier.
    Staline ne se satisfait pas de ce faux bilan. Pour tirer les
leçons de la mésaventure, il convoque, du 14 au 17 avril 1940, une
réunion du haut commandement, qui se déroule de façon inhabituelle. Désireux de
faire parler les invités sans leur dicter leurs réponses, il ne présente aucun
rapport introductif ; il écoute, assis dans la salle, interrompt,
questionne, harcèle les orateurs, puis conclut les débats. Nous avons eu
raison, dit-il, de déclarer la guerre à la Finlande, car Leningrad représente
30 à 35 % de l’industrie militaire soviétique. Nous avons eu raison d’attaquer
au moment choisi (en plein hiver), car il fallait le faire pendant que « les
trois grandes puissances européennes se prenaient à la gorge ». Aurait-on
pu attendre ? Et si « soudain elles faisaient la paix entre elles, ce
qui n’est pas exclu ? », interroge-t-il, soulignant ainsi la crainte
qui guide sa politique à l’égard de l’Allemagne. La tactique était la bonne.
Pourquoi alors la guerre a-t-elle duré trois mois et demi ? Pourquoi
avons-nous piétiné ? Parce que « nos troupes et le commandement de
nos troupes n’ont pas su s’adapter aux conditions de la guerre avec la Finlande »,
dans le froid et la neige de l’hiver. Et, en effet, si c’est Staline qui a
décidé de la date de l’offensive, c’est le haut commandement qui en est
responsable. L’encadrement, dit-il, vit dans les traditions de la guerre
civile, qui « n’est pas une vraie guerre, parce que c’est une guerre sans
artillerie, sans aviation, sans tanks, sans mortiers ». Il insiste
plusieurs fois sur cette condamnation à peine déguisée de Vorochilov : « Il
faut en finir avec les traditions de la guerre civile, en finir avec cette
façon de nous vanter d’avoir une armée invincible. »
    Il faut, poursuit-il, constituer une armée moderne, reposant
sur une puissante artillerie, sur l’usage massif de l’aviation, des tanks et
des mortiers, avec un encadrement « qualifié et cultivé », aujourd’hui
à peu près inexistant, et des « combattants bien formés, disciplinés et
pleins d’initiative ». La guerre de Finlande, ajoute-t-il, a fait
progresser en ce sens l’Armée rouge, « sortie de cette guerre presque
comme une armée totalement moderne ». Il n’explique pas par quel miracle s’est
effectuée cette mutation, mais conclut, dans une envolée lyrique inattendue
ponctuée par une anaphore (il répète sept fois « nous avons vaincu »),
que l’Armée rouge a vaincu, à la fois, les Finlandais, la technique défensive
des Allemands, des Anglais, des Français, donc la technique des États avancés
de l’Europe, leur tactique et leur stratégie, puisque ce sont eux qui ont formé
et équipé l’armée finlandaise [1030] .
Ainsi, fidèle à son goût du bluff et de l’autosatisfaction, Staline, dressant
une liste surprenante de victoires

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