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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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des cinq » (Staline, Beria, Molotov, Malenkov,
Mikoian) membres du Bureau politique, un moment transformé en « groupe des
six » avec l’inclusion de Vorochilov, qui en est écarté au début de 1944.
Les archives contiennent pourtant des liasses entières de documents de ce
Bureau politique qui ne s’est jamais réuni : Malenkov a formalisé en
décisions émanant de cet organisme celles que prenait le groupe informel des « cinq »
ou des « six ».
    Dans les pays d’Europe centrale et orientale, les États aux
gouvernements pro-nazis (Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Slovaquie, pays baltes) s’effondrent.
En Yougoslavie, les partisans communistes parviennent au pouvoir, portés par un
véritable mouvement de résistance populaire. La guerre a ébranlé l’ordre
mondial antérieur et la vague de la décolonisation ébranle les vieux empires
coloniaux, réduisant la France et l’Angleterre au rang de puissances
secondaires. Les États français et italien, dont les gouvernements ont
collaboré jusqu’au dernier moment, se disloquent. Staline répond à leur
effondrement en tentant de les consolider. Lorsqu’en juillet 1943
Mussolini est chassé et que le maréchal Badoglio, dignitaire du Grand Conseil
fasciste, constitue un gouvernement d’union nationale, Staline envoie Palmiro
Togliatti y occuper un ministère. Il donne à son choix une justification
politique : il est partisan d’une Italie forte en Méditerranée. Au moment
où la France est libérée, il convoque, le 19 novembre 1944, Maurice
Thorez, réfugié à Moscou depuis le début de la guerre, et lui donne des
conseils de modération et de prudence, l’invitant à dissoudre les organisations
communistes armées de la Résistance. Il propose notamment que les communistes
français participent à la construction d’un « mouvement pour la
reconstruction d’une France forte et pour le renforcement de la démocratie »
et il insiste sur la nécessité de « la remise en route des entreprises
industrielles, avant tout des industries d’armement », bref sur la
nécessité de maintenir, voire de sauver, l’ÉTAT français [1247] . Pourquoi ?
Il reprend devant Thorez sa ritournelle sur la faiblesse de la classe ouvrière
française et du parti communiste. Il veut aider, dit-il, à l’instauration d’une
France bourgeoise forte (et d’une Italie bourgeoise forte) avec qui l’URSS
pourrait s’allier face aux États-Unis. Au retour de Thorez en France, le Parti
communiste français traduira cette politique d’union nationale par le
slogan : « Un seul État, une seule armée, une seule police », au
nom duquel seront dissoutes les formations armées du parti communiste, les
Francs-tireurs et Partisans, contraints de rendre leurs armes à des gradés qui
s’étaient parfois compromis jusqu’au bout avec le régime de Vichy.
    Staline, en revanche, ne peut admettre l’ingérence
anglo-américaine dans son domaine réservé. Début janvier, dans une directive
aux commandants de fronts en Hongrie, Roumanie et Pologne, il dénonce la
multiplication récente des cas d’atterrissage d’avions alliés sur le territoire
occupé par l’Armée rouge. « Une bonhomie nuisible, une confiance superflue
et la perte de la vigilance […] permettent à des éléments hostiles d’utiliser
ces atterrissages pour envoyer des terroristes, des saboteurs et des agents du
gouvernement émigré de Londres en Pologne [1248]  »,
qui est le nœud du désaccord entre les Alliés.
    La victoire lui a donné une assurance nouvelle, qui prend la
forme d’un cynisme tranquille. À de Gaulle, il déclare en décembre 1944 :
« Je connais Thorez, à mon avis c’est un bon Français. Si j’étais à votre
place, je ne le mettrais pas en prison… Du moins pas tout de suite [1249] . » Un peu
plus tard, il déclare à Tito qui se refuse à remettre le roi Pierre II de
Yougoslavie sur le trône : « Tu n’as pas besoin de le restaurer pour
toujours. Reprends-le momentanément, et à la première bonne occasion
poignarde-le tranquillement dans le dos [1250] . »
    La fin de la guerre approchant, Staline et son entourage
adoptent peu à peu un nouveau mode de vie qui perdurera jusqu’à sa mort en
1953. L’atmosphère du Kremlin est celle d’une cour morne où, selon le
Yougoslave Milovan Djilas qui se rendra plusieurs fois à Moscou entre 1944 et
1948, les ripailles constituent « la distraction la plus fréquente et le
seul luxe dans la

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