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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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principes sur les
réparations de guerre dont les modalités sont à fixer par la commission
tripartite. Il insiste sur le démembrement de l’Allemagne, qu’il propose de
découper en cinq morceaux : une Prusse croupion, le Hanovre et le
Nord-Ouest, la Saxe et le territoire de Leipzig, la Hesse et le sud du Rhin,
puis le Sud (Bavière, Bade et Wurtemberg), mais se heurte aux réserves
britanniques.
    Staline déploie, dans la conférence, toutes les ressources
de sa rouerie. Il défend le report de la frontière polonaise sur la ligne dite
Curzon, située 200 kilomètres plus à l’ouest que la frontière d’avant-guerre,
en jouant à la fois au patriote russe indigné et à l’élu contraint de rendre
des comptes à ses mandataires. Il ne peut se couvrir de honte : « Que
diraient les Biélorusses et les Ukrainiens ? Nous ne pourrions alors
retourner à Moscou et affronter le peuple. On dirait : "Staline et
Molotov ont défendu nos intérêts avec moins de résolution que Clemenceau et
Curzon." Il m’est impossible d’adopter une telle position si je veux
pouvoir regarder les gens en face lorsque je rentrerai à Moscou [1261] . »
    Il suggère même qu’il doit rendre des comptes à ses pairs,
car il expose la situation militaire d’une façon qui donne au secrétaire d’État
américain, Stettinius, l’impression qu’il répond à des critiques du Bureau
politique lui reprochant de céder trop souvent à Roosevelt et à Churchill [1262] . Pourtant, la
délégation soviétique, dont Molotov, membre du Bureau politique, s’aligne
toujours avec empressement sur son avis.
    Il manie avec aisance à la fois l’ironie et le cynisme.
Ainsi, il propose de publier une déclaration par laquelle les Trois Grands « soutiendraient
les chefs politiques qui ont pris une part active à la lutte contre les
envahisseurs germaniques » dans les divers pays européens. Et comme
Churchill s’appuie alors en Grèce sur les collaborateurs des nazis contre les
maquisards, il lui déclare en ricanant : « Vous n’avez pas à craindre
que cet amendement s’applique à la Grèce [1263] . »
Churchill proposant la mise en place immédiate par les Trois Grands d’un
gouvernement polonais d’union, il ironise et qualifie cette proposition de « lapsus
linguae ». On me qualifie de dictateur, dit-il, mais j’ai assez de
sentiment démocratique pour refuser de créer un gouvernement polonais sans
consulter les Polonais. Roosevelt et Churchill récusent la représentativité du
gouvernement de Varsovie, formé à Lublin par les communistes et leurs
satellites, et insistent sur celle du gouvernement émigré formé à Londres dès
1940. Staline rétorque : « Le gouvernement de Varsovie a une base
démocratique au moins égale à celle du gouvernement de De Gaulle [1264] . » Il joue
la comédie de la démocratie. Ainsi, le 6 février, Roosevelt lui propose d’inviter
à Yalta plusieurs personnalités polonaises de tous bords, « pour former
avec elles un gouvernement provisoire en Pologne ». Le lendemain, Staline
esquive : il n’a pu joindre les gens de Lublin, dont il voulait solliciter
l’avis. Mais il manifeste un mépris de fer pour les petites nations : « La
Yougoslavie, l’Albanie et les petits pays analogues n’ont pas le droit de s’asseoir
à cette table [1265] . »
S’affirmant partisan de l’indépendance de l’Indochine dans un futur lointain,
il propose de la placer pour l’instant sous mandat de l’ONU. Il ne veut pas
ébranler l’ordre colonial [1266] .
    Mais à l’exception de la question polonaise, il cède à ses
deux rivaux sur la plupart des points. Stettinius affirme : « L’Union
soviétique fit à Yalta de plus grandes concessions aux États-Unis et à la
Grande-Bretagne qu’il n’en fut fait aux Soviets. Les accords […] furent dans l’ensemble
un triomphe diplomatique pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne [1267] . » On
pourrait y voir un plaidoyer pro domo du secrétaire d’État américain,
mais les faits confirment son jugement.
    Churchill le remercie ainsi de « n’avoir pas pris un
trop grand intérêt aux affaires de la Grèce [1268]  ». Staline
laisse, en effet, les mains libres au gouvernement Papandréou pour écraser l’insurrection
populaire grecque contre un régime haï. Staline répond, ou plutôt répète :
« Je n’ai pas l’intention de critiquer les agissements britanniques en
Grèce [1269] . »
Deux mois plus tard, le

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