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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Roosevelt,
surpris, Beria comme « notre Himmler [1257]  ».
Il est constamment surveillé par deux gardes du NKVD. À la fin de la première
réunion, il se précipite vers les lavabos ; les deux gardes le perdent. La
délégation soviétique s’affole et galope en hurlant dans les couloirs, jusqu’au
moment où le maréchal ressort majestueusement des toilettes.
    Il impose à sa délégation un rythme de travail infernal,
sept jours sur sept : travail jusqu’à cinq heures du matin, cinq heures de
sommeil maximum ; reprise du travail à dix heures du matin. Tous les
midis, les ministres des Affaires étrangères se rencontrent pour préparer la
séance plénière, qui commence à quatre heures de l’après-midi et s’achève à
huit heures. Il n’y a pas de procès-verbal officiel ; chaque délégation
tient le sien. Les interprètes américains et britanniques traduisent en russe
et l’interprète russe en anglais, ce qui produit parfois quelques couacs. La
plupart des séances s’achèvent par un petit banquet précédé, à la mode russe,
de dizaines de toasts à la vodka ou au champagne. Le 8 février au soir,
tous les records sont battus : le repas, qui dure jusqu’à minuit, comporte
vingt plats différents et s’achève par quarante-cinq toasts. Staline n’en perd
pas pour autant la tête. Imité par Vychinski, il boit la moitié de son verre de
vodka, puis y verse de l’eau, en cachette, quand il pense n’être vu de
personne.
    Le partage est devenu l’une des constantes de sa politique,
depuis qu’il a rompu les amarres avec l’internationalisme bolchevik et repris
les traditions tsaristes ; il en a conclu deux avec Hitler en août puis septembre 1939,
proposé un troisième à Hitler à la fin de 1940, un autre à Eden dès juillet 1941,
puis discuté un cinquième avec Churchill en octobre 1944. Yalta est le
couronnement de cette politique. Il peut y asseoir durablement des bases qui n’ont
alors que l’assentiment de Churchill. Ce dernier en a vaguement informé
Roosevelt, convaincu, comme il l’a laissé entendre au cardinal américain
Spellman, que seule l’URSS peut faire régner l’ordre dans la majeure partie de
l’Europe. En face de Roosevelt, épuisé et rongé par la maladie, et de
Churchill, que la conscience de l’infériorité militaire et économique de l’Angleterre
rend tour à tour bouillant ou taciturne, accommodant ou brutal, Staline tente
de mener le jeu à partir d’une position de grande puissance qu’il définit
brutalement lorsque ses deux interlocuteurs proposent de s’adjoindre la France.
Il répond en souriant : « Les Trois Grands forment un club
extrêmement fermé, limité aux nations de cinq millions de soldats [1258] . » C’est
cette attitude qui fait mettre dans sa bouche, à propos du pape, la fameuse
question, apocryphe : « Le pape, combien de divisions [1259]  ? »
    Maïski, dont il a approuvé le plan, expose les propositions soviétiques
sur les réparations de guerre, qu’il désire fixer à 20 milliards de
dollars, 10 milliards pour l’URSS, payés en nature (en entreprises avec
leur matériel), 8 milliards pour les États-Unis et l’Angleterre, et 2 milliards
pour les autres pays. Une commission tripartite, installée à Moscou, réglerait
le détail. Churchill soutient le transfert d’usines et d’outillages allemands
vers l’URSS. Il donne une version pragmatique de la guerre pour le droit et la
démocratie en déclarant qu’il ne voit dans ce transfert que bénéfices pour l’Angleterre,
qui désire, « jusqu’à un certain point, prendre la place de l’Allemagne en
Europe comme producteur de marchandises pour les petits pays européens ».
Privée d’usines, l’Allemagne sera hors jeu et Churchill conclut : « Les
intérêts de l’Angleterre et de l’Union soviétique vont dans le même sens »,
mais pas jusqu’au bout. Churchill, désireux d’écarter un concurrent du capital
anglais, ne veut pas ruiner l’Allemagne au point d’en faire une zone explosive
au cœur de l’Europe [1260] .
Les Américains veulent démanteler l’industrie lourde allemande, source de sa
puissance militaire, mais partagent la même appréhension. Après avoir, en septembre 1944,
soutenu le plan de transformation de l’Allemagne en zone agricole, élaboré par son
ministre des Finances Morgenthau, Roosevelt l’a rejeté pour cette même raison.
Staline ne repart de Crimée qu’avec une déclaration de

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