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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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l’on veut couper une jambe, il vaut mieux avoir deux
chirurgiens que quatre ou cinq. » Staline conclut : « Cela
dépend de l’opération. » Et cette conversation entre hommes d’État s’achève
là [1242] .
    Le soir, elle reprend, languissante, au cours d’un festin au
Kremlin qui laisse de Gaulle pantois par son « luxe inimaginable ». « On
servit, écrit le Général, un repas stupéfiant », au cours duquel Staline
engloutit force rasades de vin de Crimée. À la fin du repas, Staline se lève
une trentaine de fois pour boire à la santé des personnes présentes. Afin de
souligner la docilité craintive de ses subordonnés, il interrompt brusquement
la discussion en ricanant : « Ah ! ces diplomates ! Quels
bavards ! Pour les faire taire, un seul moyen : les abattre à la
mitrailleuse. Boulganine, va en chercher une ! » En fin de soirée, il
se tourne vers l’interprète Podzerov et, la voix dure, lui lance : « Tu
en sais trop long, toi. J’ai bien envie de t’envoyer en Sibérie ! »
Quittant la salle de réception où vient de s’achever ce plantureux banquet, de
Gaulle se retourne : Staline resté seul s’est rassis et, penché sur la
table, dévore comme un affamé… [1243]
    En décembre 1944, les communistes grecs, largement
majoritaires dans la résistance antinazie, capitulent d’abord devant le
gouvernement monarchiste de Papandréou, soutenu par les anciens collaborateurs
pro-nazis et Churchill, puis, en réaction à la répression qui les frappe, s’insurgent,
contre la volonté de Staline. Il explique à Dimitrov, le 10 janvier 1945 :
« J’ai conseillé en Grèce de ne pas commencer cette lutte […]. Ils se
lancent dans une entreprise pour laquelle leurs forces sont insuffisantes. »
Staline ajoute que l’Armée rouge n’entrera pas en Grèce et conclut : « Les
Grecs ont fait une bêtise [1244] . »
    À la mi-décembre, la Wehrmacht contre-attaque dans les
Ardennes belges et refoule les Anglo-Américains de quelques dizaines de
kilomètres. Le 6 janvier, Churchill informe Staline que « la bataille
est très dure » et lui demande pour soulager les Alliés « une grande
offensive russe le long de la Vistule ou ailleurs en janvier ». Staline
répond le lendemain, arguë de conditions météorologiques défavorables, mais
assure son interlocuteur que le GQG a décidé d’accélérer la préparation d’une
offensive qui « commencera dans la deuxième moitié de janvier au plus tard [1245]  ». En
réalité, l’offensive de l’Armée rouge se déploie dès le 12 janvier sur les
700 à 1 000 kilomètres de front et s’achève le 2 février. L’Armée
rouge a pris Cracovie, Szczecin, est arrivée aux portes de Koenigsberg, a
libéré toute la Silésie et pénétré en Allemagne jusqu’à 60 kilomètres de
Berlin, dont la prise semble imminente à certains généraux soviétiques. La
présence de l’Armée rouge sur tout le territoire polonais permet à Moscou de
reconnaître, dès le 4 janvier, le gouvernement formé à Lublin par des
communistes et des compagnons de route, qui peut s’installer, à la suite de l’Armée
rouge, à Varsovie le 17 janvier. Staline a ainsi réglé la question
polonaise avant la conférence de Yalta. Pour arriver à Berlin avant les Alliés,
il assume lui-même la coordination des 1 er et 2 e  fronts
de Biélorussie et du 1 er  front ukrainien. Force est de
constater que cette coordination est à ce point défaillante qu’elle donne l’impression
d’une concurrence organisée entre les armées de Koniev et celles de Joukov.
    Alors qu’au cours des purges l’adhésion au Parti fut
suspendue puis étroitement limitée, Staline poursuit pendant la guerre son
œuvre de dissolution effective d’un parti qui n’en est désormais plus un :
en 1942, il recrute 573 606 nouveaux membres, en 1943, 1 006 174,
en 1944, 1 124 853 et, en 1945, 765 606, alors même que dans les
années 1942-1943 une part importante de la Russie d’Europe se trouvait
sous occupation allemande. Staline accentue l’effacement du Parti en ne
convoquant qu’une seule fois le Comité central pendant la guerre, le 27 janvier 1944,
en une réunion sans procès-verbal, destinée à faire entériner la liquidation du
maréchal Koulik, accusé de la perte de la presqu’île de Kertch en 1942 [1246] . Pas une seule
fois de toute la guerre il n’a réuni le Bureau politique, auquel s’est
substitué le « groupe

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