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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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« document douteux », puis tend à Staline sa fameuse proposition
de partage en zones d’influence. En Roumanie : Russie 90 %, les
autres pays 10 % ; en Grèce : Grande-Bretagne 90 % (en
accord avec les États-Unis), Russie 10 % ; en Yougoslavie et en
Hongrie 50 %-50 % ; en Bulgarie : Russie 75 %, les
autres 25 %. Staline examine les chiffres, prend un crayon, barre d’un
petit trait bleu le haut du document et le rend sans dire un mot à Churchill
qui s’interroge : « Est-ce que le fait que nous décidions ainsi
simplement de questions concernant le sort de millions d’hommes ne sera pas
considéré comme trop cynique ? Brûlons ce papier. — Non, réplique
Staline, gardez-le chez vous [1239] . »
    Le lendemain, Molotov, rencontrant le ministre des Affaires
étrangères britannique Eden, propose de modifier ces chiffres : en Hongrie
et en Yougoslavie, comme en Bulgarie, 75 % pour la Russie, 25 % pour
les autres. Eden proteste, Molotov propose alors 90-10 pour la Bulgarie et à
nouveau 50-50 pour la Yougoslavie. Eden renâcle : Molotov propose alors
75-25 pour la Hongrie et pour la Bulgarie, et 60-40 pour la Yougoslavie, etc.
Ce marchandage s’inspire des règles établies entre les grandes puissances au
lendemain de la Première Guerre mondiale. Mais, en 1944-1945, ces négociations
se mènent entre des puissances qui ont chacune un régime de propriété
radicalement différent ; or la liquidation soviétique de la propriété
privée des moyens de production, son instauration de la propriété d’État avec
monopole du commerce extérieur interdisent toute influence politique directe
liée matériellement à la propriété privée et au libre-échange, même régulé. Ce
marchandage supposait que Staline maintienne la propriété privée dans tous ces
pays.
    Le 14 octobre, Staline et Churchill se rencontrent une
dernière fois pour évoquer la question polonaise qui, si elle n’est pas réglée,
dit Churchill, sera une plaie purulente dans les rapports entre l’Union
soviétique et les pays anglo-saxons. « Les Polonais, ajoute-t-il, sont d’accord
pour reconnaître dans une déclaration la ligne Curzon comme frontière [c’est-à-dire
le rattachement à l’URSS des territoires orientaux conquis en 1939] mais en
faisant état de leur protestation. » Bref, ils veulent bien capituler mais
en faisant savoir… qu’ils en sont mécontents. Pas question, tranche
Staline ! Churchill grogne alors que le Comité de Lublin n’est composé que
de communistes, à commencer par Bierut, ce qui est vrai. Comment ? s’étonne
Staline, Bierut a quitté le parti communiste en 1937 ou 1938. Et pour cause,
puisque Staline avait dissous son parti [1240] .
La ruse est grossière, mais Churchill l’ignore. Il ne réagit pas et
soupire : ne parlons pas de cette question dans les trois semaines à venir
pour ne pas gêner la réélection de Roosevelt, mais il faudra la régler plus
tard – en espérant que les Polonais ne s’entêteront pas.
    Il fait remarquer à Staline que « les petits pays
européens sont mortellement effrayés par la révolution bolchevique [car] avant
la liquidation du Comintern le gouvernement soviétique manifestait sa volonté
de prosélytiser [ sic ! ] tous les pays européens, et lui, Churchill,
se rappelle à quel point en 1919-1920 le monde entier tremblait devant la
révolution mondiale ». Staline le rassure : « Le monde ne
tremblera pas de peur. L’Union soviétique n’a pas l’intention de faire des
révolutions bolcheviques en Europe [1241]  »,
ce qui est parfaitement vrai, mais n’empêche pas que Staline veuille mettre la
main sur l’Europe centrale.
    Le 3 décembre 1944, il reçoit au petit déjeuner le
général de Gaulle, qui a passé sous silence, dans ses Mémoires, ce frugal repas
et la brève conversation où Staline étale une modestie inhabituelle et un sens
de l’humour assez grossier. Il travaille beaucoup, dit-il par deux fois, parce
qu’il a peur de se tromper. La conversation s’achève sur une douteuse
plaisanterie. Les Allemands, dit Staline, sont des adversaires si têtus que « parfois
il ne suffit pas de briser la colonne vertébrale d’un Allemand, il faut encore
regarder à l’intérieur. L’Allemand peut être encore vivant après ça. Il faut
alors lui couper les jambes, et s’il est toujours en vie, il faut alors lui
couper la tête ». De Gaulle veut se hisser au même niveau et
affirme : « Si

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