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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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de
prononcer un verdict dans cette affaire sur la base de documents douteux et non
confirmés », exige de Rioumine d’impossibles « preuves » et met
en doute la validité même de certaines dépositions, comme celles de Fefer,
arrachées par la « menace d’un passage à tabac ». C’est l’aveu d’un
embarras et d’un profond mécontentement. Avec le dossier fabriqué par Rioumine,
Staline ne sait comment monter un procès public antisémite. Il faut tout reprendre
de zéro. Rioumine éructe, frappe les accusés, menace Tcheptsov lui-même. Mais
Rioumine, à court d’imagination, n’obtient que des aveux grotesques malgré les
coups et les supplices qu’il leur inflige. On apprend ainsi que ces « nationalistes
juifs » sont par exemple favorables à l’enseignement du yiddish. Pas de
quoi fouetter un chat… La plupart des accusés du Comité antifasciste juif
reviennent sur leurs aveux. Tcheptsov se voit donc confier une troisième
instruction de l’affaire du Comité. Rien n’y fait pourtant. Arrêté après la
mort de Staline, Rioumine fulminera dans une lettre à Malenkov : « Les
juifs sont bien plus dangereux que toutes les bombes atomiques et à hydrogène
réunies ! Ces juifs, si on ne les arrête pas à temps, vont forcer toute l’humanité
à cracher le sang. » Son arrestation est leur victoire : « Les
Rothschild, les Rockefeller et les Ben Gourion de toutes sortes, de toutes
variantes se frottent les mains de satisfaction car ils prévoient la victoire
rapide des juifs à l’échelle internationale [1470] . »
    Pour l’heure, furieux, Staline convoque Ignatiev et lui
annonce : « Si vous ne démasquez pas les terroristes, les agents
américains se dissimulant parmi les médecins, vous irez rejoindre Abakoumov. »
Et il ajoute : « Je ne viens pas au MGB en solliciteur. Je peux
exiger, je peux vous casser la gueule si vous ne satisfaites pas à mes
exigences […]. Nous vous ferons avancer comme un troupeau de moutons. »
Ignatiev se hâte. Le 13 mars, il entame l’instruction du dossier des 213 personnages
cités au cours des interrogatoires des accusés. La Sécurité frappe fort. On y
trouve les écrivains Ilya Ehrenbourg, Vassili Grossman, Samuel Marchak, Boris
Sloutski, le pianiste Mikhail Blanter, l’embaumeur de Lénine Boris Zbarski, le
violoniste Kheifetz, et même le docile Vergilis, jusqu’à sa mort le fidèle
chantre du régime. Staline envisage donc un moment de liquider toute l’intelligentsia
juive, y compris sa majorité entièrement russifiée, qu’il sera évidemment
malaisé d’accuser de nationalisme juif… Ignatiev forme les groupes d’enquêteurs
pour ce gigantesque complot, puis boucle l’instruction du Comité antifasciste
juif le 28 mars 1952. Le 3 avril, il transmet à Staline l’acte d’accusation
contre « les nationalistes juifs et espions américains, Lozovski, Fefer et
autres », concluant à leur culpabilité à tous, et propose de les condamner
à mort à la seule exception de Lina Stern, que Staline veut garder en vie. Il
suggère de la condamner à dix ans d’exil. Staline fait confirmer le lendemain l’acte
d’accusation et le verdict par le Bureau politique, mais ramène la durée de l’exil
de Lina Stern de dix à cinq ans. Aucun miracle ne lui a pourtant fourni les
fameux documents manquants.
    Le 8 mai, le procès à huis clos de quatorze membres du
Comité antifasciste juif, arrêtés quatre ans plus tôt, s’ouvre dans la salle
Dzerjinski du ministère de la Sécurité. Après une interruption, il se clôt le 18 juillet,
et entérine les propositions de l’instruction : condamnation à mort de
treize accusés et condamnation de Lina Stern à une peine de détention et de
cinq années d’exil. Emprisonnée depuis le 28 janvier 1949, elle part
directement en exil au Kazakhstan. Ses recherches pour ralentir le
vieillissement, murmurait-on alors, étaient en bonne voie : elle pourrait
les poursuivre et permettre peut-être à Staline de prolonger son existence. En
tout cas, il attendait d’elle un service. Les treize autres, inutiles, sont
condamnés à mort et fusillés. Le procès, le verdict et l’exécution resteront
rigoureusement secrets. Nul ne sait encore ce que sont devenus ces disparus
très connus, et sur lesquels coururent les rumeurs les plus folles pendant des
années.
    L’échec de cette première campagne antisémite est patent.
Elle souligne la contradiction que l’écrivain

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