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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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effondrées…
    Staline attache beaucoup d’importance à la réforme des
statuts du Parti, qui doit être soumise au prochain congrès. Selon
Khrouchtchev, chargé de présenter le rapport sur cette question, Staline en a
dicté « de nombreuses dispositions » tendant, dit-il, à « développer
la démocratie dans le Parti », et qui illustrent, selon lui, les « moments
de lucidité où il créait des choses tout à fait sérieuses [1475]  ». Les
passages rédigés par Staline se devinent aisément, car personne d’autre n’aurait
eu l’audace d’écrire des articles aussi subversifs et fantastiques au regard du
monolithisme habituel. L’article 21 évoque la « soumission de la
minorité à la majorité », alors que depuis le XVI e  congrès
de 1930 toutes les décisions sont votées à l’unanimité et que toute minorité a
depuis longtemps disparu. L’article 26 évoque « le droit illimité de
refuser ou de critiquer les candidats ». Le sommet de l’irréel est atteint
par l’article 29, où Staline dresse le tableau d’« une large
discussion sur les problèmes de la politique du Parti [qui] doit être organisée
de telle façon qu’elle ne puisse provoquer des tentatives d’une minorité
insignifiante [ !] d’imposer sa volonté à la majorité du Parti ». Il
évoque ensuite les trois « conditions d’une large discussion », au cas,
dit-il, où « à l’intérieur du Comité central du PCUS il n’y aurait pas de
majorité nettement affirmée sur les questions essentielles de la politique du
Parti et au cas, où, malgré l’existence d’une majorité nettement affirmée au
Comité central, celui-ci estimerait toutefois nécessaire de vérifier la
justesse de sa politique par une discussion dans le Parti [1476]  ». Mais un
Comité central stalinien sans majorité affirmée, c’est une pure vue de l’esprit…
    Pourquoi Staline évoque-t-il ainsi une perspective aussi invraisemblable ?
Nul ne peut, en 1952, prendre au sérieux cette représentation d’un parti
communiste soviétique divisé entre une majorité et une minorité réglant leurs
divergences par la discussion. Les plus anciens se rappellent les années 1920,
lorsque les partisans de l’ouverture d’un débat avaient été qualifiés de
diviseurs, de fractionnistes, de mencheviks, de petits-bourgeois, finalement d’ennemis
de l’URSS ; quant aux plus jeunes, ils n’ont appris qu’à commander et à
obéir. Pourtant, Chepilov, dont c’est le premier congrès, s’interroge, dans ses
souvenirs, rédigés quarante ans après l’événement : affirmant que la
démocratie était une exigence du moment et la condition d’un développement
ultérieur de l’URSS, il se demande sérieusement si Staline en était venu à
cette conclusion par analyse ou « s’il avait senti avec son instinct de
vieux révolutionnaire qu’il était impossible de continuer à vivre à l’ancienne
manière. En tout cas, dans son chant du cygne, il revient aux motifs de la
démocratie, de la liberté de la personne, de la souveraineté nationale et de l’indépendance ».
Emporté par son élan, Chepilov décèle les premiers signes de ce souci dans
certaines mesures prises après le congrès, malheureusement contrebalancées « par
des actes d’un caractère directement opposé qui renforçaient la dictature
personnelle et l’arbitraire [1477]  ».
Il voit contradiction là où en réalité il y a jeu.
    Sous les flonflons de la démocratie, Staline prépare en
effet une machination. Il pense sans doute un moment regrouper ses futures
victimes dans une prétendue minorité insignifiante, leur prêter un dessein
politique et les clouer au pilori. Aucun autre orateur d’ailleurs n’évoque
jamais l’hypothèse d’un désaccord éventuel à discuter et à régler. Tous, au
contraire, réaffirment l’unité, la cohésion idéologique et d’organisation du
Parti. C’est donc bien Staline qui veut affirmer et sanctionner un désaccord,
sous-jacent peut-être, mais qu’aucun de ses pairs n’oserait exprimer en public.
    Quelques jours avant l’ouverture du congrès, Staline publie
une brochure intitulée Problèmes économiques du socialisme en URSS, reprenant une série d’articles et de notes écrits entre le 1 er  février
et le 28 septembre 1952. Selon Molotov, il a organisé une discussion
autour de l’ouvrage à sa datcha avec « les six ou sept principaux membres
du Bureau politique », dont

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