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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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du Parti communiste italien éberlués les
déclarations de Staline : « Le paysan vit bien, il peut payer ses
impôts en vendant une simple poule [1481] . »
Staline croyait peut-être à cette fable : il n’avait pas vu depuis très
longtemps la campagne soviétique réelle, qu’il ne se représentait qu’à travers
des films comme Les Cosaques du Kouban, où les cosaques s’empiffraient,
attablés devant des montagnes de gibier, de volailles et de légumes dont il
ignorait sans doute qu’ils étaient en carton-pâte.
    À la sortie du Bureau politique où l’on a débattu la
question, Beria, paniqué, affirme à Mikoian que l’adoption de la proposition de
Staline débouchera sur l’insurrection des paysans. Staline met pourtant en
place une commission, dirigée par Beria et Malenkov, chargée de travailler sur
sa proposition. La crainte étant le début de la sagesse, la commission regimbe
bientôt devant la perspective d’un nouveau conflit avec la paysannerie et
critique la proposition de Staline, qui hurle alors : « Vous êtes
tous des socialistes-révolutionnaires, des populistes [1482]  ! »
    Ce retour au communisme de guerre se colore de teintes
sanglantes lorsque Staline affirme que l’économiste Iarochenko, qui discute ses
idées, « rejoint en tous points Boukharine », le grand fusillé des
procès de Moscou ; « il fait mine de ne pas être tout à fait d’accord
avec Boukharine, mais ce n’est là qu’une ruse et une ruse à bon marché. En
réalité il marche sur les traces de Boukharine [1483]  ».
Iarochenko saisit bientôt la portée de cette formule menaçante : sa femme
et son frère, père de trois enfants en bas âge, sont licenciés, son fils,
traité à l’université comme un paria, doit abandonner ses études. Une lettre de
Staline contre lui l’a mis hors la loi, écrit-il dans un courrier à Malenkov en
avril 1952, dans lequel il reconnaît, un peu tard, qu’il a commis « une
erreur grossière » en contestant une opinion de Staline. « Pour
chaque membre du Parti, l’avis du camarade Staline est et doit être la loi
absolue [1484] . »
Cette prise de conscience tardive ne sauvera pas Iarochenko : convoqué le
12 janvier 1953 au matin au Comité central, il n’en sortira que pour
rejoindre la Loubianka, d’où la mort de Staline le libérera. Ses mésaventures
en disent long sur la sincérité des réformes statutaires « démocratiques »
proposées par Staline.
    L’inquiétude de certains cadres devant la crise qui mûrit
parvient à s’exprimer parfois lors de la préparation, pourtant hâtive, du
congrès du Parti. Le 11 septembre, à l’assemblée des militants d’une
faculté de droit de Moscou, un chargé de cours, membre du Parti depuis 1919,
dénonce ainsi les multiples déformations de la ligne générale par des cadres et
des institutions entières, perturbations qui engendrent « effervescence,
murmures et un sourd mécontentement des larges masses qui ne s’est pas encore
transformé en soulèvement, mais se trouve juste au bord… ». Et l’orateur
de s’en prendre au « bureaucratisme [1485]  ».
Son intervention émeut le comité du Parti de l’université qui condamne l’hérétique,
puis organise en hâte une réunion de tous les secrétaires de cellules.
    Staline tente d’établir des liens entre les divers groupes
victimes de sa colère dans des scénarios abracadabrants aux ramifications
complexes, qu’il ne parviendra pas à dénouer : il fait ainsi avouer aux
médecins arrêtés qu’ils avaient constitué un groupe terroriste, dirigé par
Iegorov, agissant sur instructions de l’ancien dirigeant de Leningrad Alexandre
Kouznetsov, exécuté en septembre 1950, et accusé désormais d’avoir voulu
écarter Jdanov, son patron et protecteur, et d’avoir favorisé les juifs [1486]  !
Abakoumov et ses adjoints qui avaient, on s’en souvient, roué de coups les
dirigeants de Leningrad pour leur faire avouer les délits inventés par Staline,
sont désormais accusés d’avoir dissimulé les liens des fusillés avec l’Intelligence
Service. Staline avait suggéré à Abakoumov de faire des dirigeants de Leningrad
des espions anglais. Abakoumov, craignant de n’y pas parvenir, avait déclaré
peu vraisemblable cette accusation d’espionnage contre des dirigeants dont
aucun, sauf un, n’avait rencontré d’étrangers. Staline, qui ne lui demandait
pas du vraisemblable, voit dans cette déclaration

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