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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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ce
dernier, les arrestations massives de médecins en novembre 1952 avaient
privé Staline, malade, de toute assistance médicale sérieuse. Le limogeage de
Poskrebychev, l’arrestation de Vlassik et de son domestique convaincu d’espionnage,
la mort inopinée, à la mi-février, du commandant du Kremlin, Konsykine, l’avaient
mis dans l’isolement. Mais toutes ces mesures ont été prises avec l’accord,
sinon sur ordre même, de Staline. Un an et demi plus tôt, son médecin,
Vinogradov, constatant l’état des artères de ce gros fumeur et grand buveur,
lui avait conseillé d’arrêter toute activité politique sous peine d’en payer
les conséquences. Staline avait emprisonné l’auteur du diagnostic et cessé de
fumer, mais trop tard.
    À Gennevilliers, le vendredi 7 mars 1953, Jacques
Duclos, dans un long sanglot, annonce à un auditoire endeuillé de militants
orphelins que « le camarade Staline est mort », mais leur jure que le
stalinisme est immortel. Mais l’histoire est un cimetière de dieux oubliés. En
1940, Trotsky rappelait que les innombrables statues de Néron avaient été
renversées et brisées dès le lendemain de son suicide forcé et prédisait le
même sort à celles du Secrétaire général. La réalité va bientôt confirmer cette
prophétie.

CHAPITRE XXXVI
La liquidation de l’héritage
    À la mort de Staline, écrit Khrouchtchev, « le pays
était ruiné […]. Les prisons étaient surpeuplées […]. On ne voyait pas d’éclaircie
dans la situation internationale, la guerre froide battait son plein. Le poids
du primat de l’industrie de guerre sur le peuple soviétique était incroyable [1517]  ». Impasse
économique, résistance sociale massive, quoique passive, insécurité pour tous,
complots permanents, purges sanglantes, tel est le bilan du régime policier
terroriste. L’appareil le sent. Pour sauver le système stalinien paralysé et en
crise, les héritiers doivent démanteler des pans entiers de l’héritage de
Staline. Ironie de l’histoire, cette entreprise est menée en trois ans,
successivement par le policier en chef Beria, puis par l’apparatchik suprême
Malenkov, enfin par celui que Litvinov considérait comme l’esprit le plus
faible du Bureau politique, Khrouchtchev. Le 6 mars, on l’a vu, Malenkov
est devenu président du Conseil des ministres, assisté de plusieurs
vice-présidents dont Beria, qui dirige le ministère, fusionné, de l’Intérieur
et de la Sécurité.
    Beria prône ou prend, avec l’accord de la majorité des
membres du présidium, une série de mesures qui jettent les bases d’une première
« perestroïka ». Le premier souci de l’appareil et de toute la couche
bureaucratique, en effet, est d’obtenir l’assurance de vivre en paix. À quoi
servent des privilèges, même limités, si la crainte vous en fait perdre le goût ?
L’annonce publique, en janvier, du complot des Blouses blanches et de son
dénouement prochain annonçait une purge généralisée. Beria s’y attaque d’emblée.
Il constitue une commission d’enquête sur le « complot », dominée par
ses hommes, et fait décider par le présidium l’arrêt de l’instruction, la
dénonciation des falsifications et la réhabilitation des « médecins
assassins ».
    Le 18 mars, le ministère de l’Intérieur se voit retirer
son secteur économique et l’on procède au transfert de tous les établissements
pénitentiaires au ministère de la Justice, à l’exception des camps spéciaux. Le
24 mars, Beria soumet au présidium un document affirmant que sur 2 526 042 détenus,
le Goulag ne compte que « 221 435 criminels particulièrement
dangereux pour l’État (espions, saboteurs, terroristes, trotskystes,
socialistes-révolutionnaires, nationalistes et autres), détenus dans les camps
spéciaux du ministère de l’Intérieur ». Estimant les victimes des décrets
économiques de 1947 sur les atteintes à la propriété kolkhozienne à « 1 241 919 détenus »,
il décide de les renvoyer sans délai dans leurs foyers, dont « 238 000 personnes
âgées de plus de 50 ans », sur lesquels « environ 198 000 détenus
souffrent de graves maladies incurables et sont absolument inaptes au travail [1518]  ». Ils
seront amnistiés le 27 mars.
    Le 4 avril, la Pravda publie un communiqué du
ministère de l’Intérieur annonçant que le complot des Blouses blanches n’a jamais
existé, réhabilitant les accusés et

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