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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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 ».
    Il se refuse à chercher du travail, bien qu’il en ait le
droit : le travail manuel est indigne du révolutionnaire professionnel qu’il
est. Au cours de ses exils successifs, il ne travaillera d’ailleurs jamais, à
la différence d’autres exilés. Il s’ennuie donc très vite, et décide de
reprendre du service. Le 24 juin, il quitte Solvytchegodsk muni d’un
passeport au nom d’Oganes Totomiants, part à Saint-Pétersbourg, y cherche en
vain Serge Alliluiev chez lui et à son usine, puis, épuisé, le rencontre par
hasard dans la rue. Alliluiev l’installe chez un sympathisant, le concierge d’une
caserne d’un régiment de la garde. Deux semaines plus tard, Koba repart à Bakou
où le comité bolchevik, décimé par les arrestations, se disloque. Arsenidzé l’accuse
d’avoir dénoncé à la police Stepan Chaoumian, dont il est jaloux. Une
commission d’enquête bolchevique sur cette affaire aurait convoqué Koba et vu
arriver la police. Rumeur encore…
    En tout cas, Koba a pris de l’assurance. En août 1909,
définissant les tâches du dirigeant, il s’admoneste lui-même en prenant le
Christ comme modèle, chose assez inhabituelle pour un bolchevik : « Il
faut une fois pour toutes rejeter la modestie excessive et la peur de l’auditoire,
il faut s’armer d’audace et de confiance en ses propres forces ; ce ne
sera pas un grand malheur si dans les premiers temps on commet quelque bévue,
on trébuche une ou deux fois ; après on finit par s’habituer à marcher
tout seul, comme Jésus marchant sur les eaux [151] . »
Après s’être ainsi encouragé à aller de l’avant sans hésitation ni état d’âme,
il propose la fondation d’un journal central publié en Russie (et non plus à l’étranger
sous l’autorité de Lénine), dont les dirigeants vivant en Russie s’émanciperaient
ainsi. En janvier 1910, deux militants bolcheviks favorables à la
conciliation avec les mencheviks, Noguine et Froumkine, proposent à Lénine de
créer une section russe du Comité central, qui siégerait dans le pays. Ils
suggèrent cinq noms dont celui de Koba, que Noguine, qui le considère comme un
conciliateur, a connu au Caucase. Au même moment, Koba publie un article
prônant l’unité avec les mencheviks, tout en constatant avec regret qu’« elle
n’a pas encore été réalisée, car les vœux ne suffisent pas à liquider une
scission [152]  ».
    Koba est à nouveau arrêté, le 24 mars 1910, à
Bakou. Il passe six mois en prison. Le chef de la gendarmerie locale propose de
« le déporter pour cinq ans dans les endroits les plus éloignés de Sibérie
[…] vu sa participation acharnée à l’activité des partis révolutionnaires, dans
lesquels il occupait une place tout à fait importante [153]  ». La
formulation imprécise (« les partis révolutionnaires », « une
place tout à fait importante ») montre que la gendarmerie ne sait pas
grand-chose de lui. Elle le renvoie à Solvytchegodsk achever sa mise en
résidence surveillée interrompue, qui prendra fin le 27 juin 1911, et
l’interdit de séjour au Caucase pour cinq ans. De toute évidence, Koba n’est
encore pour elle que du menu fretin.
    Parti le 23 septembre de Bakou, il arrive à
Solvytchegodsk le 29 octobre. Avec un autre bolchevik exilé, il s’abonne
gratuitement à une dizaine de revues littéraires et historiques. Il dévore La
social-démocratie allemande de Mehring et les Cours d’histoire de la
Russie de Klioutchevski. Un jour, il lit aux exilés une conférence sur sa
conception de la littérature. Molotov prétend avoir alors entendu parler de lui
par un dénommé Sourine, exilé, qui lui écrivit : « On a vu débarquer
ici à Solvytchegodsk un certain Staline, c’est le Lénine caucasien [154] . » Le faux
est patent : Koba ne prendra le pseudonyme de Staline que deux ans plus
tard, en 1913. Comme Staline ne reviendra jamais à Solvytchegodsk, la lettre de
Sourine a été inventée pour authentifier l’imaginaire et pompeuse formule du « Lénine
caucasien ».
    En 1910, il subsiste à peine une dizaine de comités
bolcheviks en Russie ; celui de Moscou, contrôlé par le policier
Koukouchkine, a été entièrement démantelé par l’Okhrana. Ce reflux n’affecte
guère Koba. S’il n’a pas le brio d’un intellectuel, il n’en a pas non plus l’instabilité,
et comme il n’est pas ouvrier, il ne ressent pas dans sa chair la défaite et
ses conséquences à

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