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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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extrêmement vagues. Le bolchevik Koté Tsintadzé raconte que Koba
approuva son idée de créer des détachements de combat pour attaquer les bureaux
du Trésor, mais approuver n’est pas diriger. Quant à Kamo lui-même, mort en
1922, écrasé par un camion, à Tiflis, il n’a jamais rien dit de cette affaire
qui connut un rebondissement dix ans plus tard.
    Le 18 mars 1918, en effet, le menchevik Jules
Martov dénonce dans un article du journal Vperiod les « ex »
organisées au Caucase et affirme que les faits devaient être bien connus de
Staline alors exclu du Parti pour avoir trempé dans ces expropriations. Le
Comité transcaucasien, dominé par les mencheviks, avait en effet exclu en 1908
les auteurs de « l’ex » de Tiflis, mais on ne sait si Koba était
nommément visé. Martov l’affirme. Staline dénonce cette « calomnie ignoble »,
l’attaque en justice, mais ne dit mot de l’« ex » elle-même. Martov
exige la citation de deux mencheviks et deux bolcheviks géorgiens, dont l’ancien
président d’une commission d’enquête sur la tentative d’assassinat d’un ouvrier
coupable d’avoir accusé le comité de Bakou et Staline en personne du pillage du Nicolas I er . Staline s’oppose à leur convocation mais
laisse courir dans le parti bolchevik la rumeur de sa participation à l’« ex »
de Tiflis, qui a l’avantage de le présenter comme un homme audacieux, plus
préoccupé d’action que de bavardages théoriques. En 1932 encore, Trotsky
croyait que Staline avait été l’un des dirigeants de l’opération.
    Koba a, dans cette affaire, incité, supervisé, contrôlé en
coulisses les rumeurs et les versions successives, sans intervenir directement
ni laisser trace écrite ou témoignage. Il esquisse ainsi sa future ligne de
conduite : laisser les autres s’engager ou les inciter dans l’ombre à agir
sans donner de consigne précise ni se porter en première ligne, afin de
revendiquer le succès sans être compromis par l’échec. C’est la leçon du
séminaire de Tiflis : Koba y a acquis le goût de l’action discrète, voire
secrète, de la dissimulation, de l’ombre d’où l’on peut tirer les ficelles sans
être vu. Manipulateur en coulisses, paralysé lors des crises révolutionnaires
quand le peuple se prend en main, il est en revanche l’homme idéal des combines
et des coups tordus.
    Après l’« ex » de Tiflis, Koba quitte sans regret
la capitale géorgienne et « les travailleurs de Tiflis l’endormie,
remparts de la contre-révolution menchevique [141]  »
(dira-t-il aimablement en mars 1918), pour Bakou, devenue la place forte
bolchevique du Caucase, sous l’impulsion de deux militants dynamiques,
agitateurs énergiques et orateurs de masse, Djaparidzé et Chaoumian, que Koba
jalouse et calomnie à l’occasion et qui, en retour, le détestent franchement. Le
25 octobre 1907, il est élu au comité de Bakou bien que Chaoumian
dénonce à qui veut l’entendre sa « conduite de vipère », c’est-à-dire
les ragots qu’il répand et les intrigues qu’il fomente en coulisses.
    Bakou est au carrefour de l’Asie proche et d’une Europe
lointaine. En bon social-démocrate, Koba voit dans l’Asie la barbarie et dans l’Europe
la civilisation. Dans ses articles, il dénonce les « dispositions
asiatiques », « les agissements d’une sauvagerie asiatique » et « la
tactique offensive asiatique » du patronat pétrolier local. Et il oppose à
ce présent douloureux l’avenir meilleur qui se profilera « lorsque les
patrons s’engageront nettement dans la voie des rapports civilisés à l’européenne [142]  ».
    Le 19 mars 1907, Catherine Svanidzé met au monde
un garçon, Jacob. Elle meurt le 25 novembre 1907, selon les sources,
de pneumonie ou de tuberculose. Le chagrin de Koba est immense. Il laisse la
famille organiser des funérailles religieuses. Une photographie prise au
cimetière le montre alors les cheveux hirsutes, les traits tirés, le visage
amaigri. Son ami Iremachvili le décrit blême, secoué par le chagrin. Koba, si
renfermé d’ordinaire, lui déclare : « Cette créature adoucissait mon
cœur de pierre ; elle est morte, et avec elle sont morts mes derniers sentiments
tendres envers les hommes. » Posant la main sur son cœur, il
profère : « Là-dedans, c’est devenu vide, indiciblement vide [143] . » Le deuil
endurcit brutalement cet homme déjà peu porté à la sentimentalité.
    Jacob

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