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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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affirmera toujours être né en 1908. Avait-il donc six
mois… ou dix-huit à la mort de sa mère ? Sans doute sa grand-mère
maternelle s’arrangea-t-elle avec l’Église pour repousser la date de naissance
à mars 1908 afin de retarder l’incorporation ultérieure de Jacob dans l’armée.
Il suffisait de graisser la patte du prêtre chargé de l’état civil. En tout
cas, il représente un véritable fardeau pour un militant clandestin, et Koba s’en
débarrasse en le confiant à sa belle-sœur Sachiko. Il semble même oublier son
existence. Dans le questionnaire de police qu’il remplit le 12 juillet 1912,
en face de la question : « Avez-vous des enfants, si oui quel prénom
et quel âge ? », Koba trace un simple trait qui élude la réponse,
alors que Jacob a déjà quatre ans [144] .
Dans ce même questionnaire, il précise qu’il est de confession orthodoxe et ne
connaît aucun métier.
    Le mouvement ouvrier russe est alors en plein reflux ;
le nombre de grévistes tombe de 2 750 000 en 1905 à 50 000 en
1910. Des groupes entiers du Parti sont décapités par les provocateurs
infiltrés qui livrent les dirigeants. L’unité retrouvée du parti
social-démocrate pendant la montée de la révolution ne résiste pas à la
défaite. Les mencheviks aspirent de plus en plus à jouer les opposants
parlementaires dans la Douma croupion ; leur aile droite, pour y parvenir,
entend même décapiter l’activité clandestine, à ses yeux aventuriste, au profit
du seul travail légal dans les syndicats et les mutuelles, et adapter le
programme du Parti aux exigences de la légalité. Lénine accuse alors ses
membres de vouloir « liquider le Parti » et les qualifie donc de « liquidateurs ».
Les bolcheviks, de leur côté, sont déchirés par des luttes intenses entre
fractions : les « otzovistes » veulent retirer (otsyvat) les députés sociaux-démocrates de la Douma réactionnaire ; les « ultimatistes »
leur demandent de présenter au gouvernement un ultimatum radical puis de se
retirer. Bref, les uns veulent circonscrire l’action du Parti à son aspect
légal, les autres à la seule illégalité. Les intellectuels, désenchantés, se
réfugient dans le mysticisme, les messes noires, l’art pour l’art, la quête de
Dieu, l’érotisme. L’écrivain à la mode est le libertin Artsybachev, sorte de
Jean Lorrain russe, que le pudibond Koba traite d’« écrivain des
sentiments bas, […] écrivain vulgaire qui écrit sur des choses vulgaires [145]  ».
    La Cour se décompose. Dans son journal intime, la très
monarchiste épouse du général Bogdanovitch vitupère « le grand-duc
Alexandre Mikhailovitch [qui] mène à Yalta une vie de débauche. Astachef, le
commandant du yacht impérial […] a séduit le tsar en lui montrant sa collection
de cartes postales pornographiques… C’est un filou, mais le tsar le protège. […]
la maîtresse du grand-duc Alexis Alexandrovitch coûte plus cher que la défaite
de Tsushima [146]  ».
L’ascension de Raspoutine donne à ce portrait de famille sa touche définitive.
Le 1 er  novembre 1905, le tsar avait reçu « un homme
de Dieu », le moine Raspoutine, devenu bientôt l’intime de la dame de
compagnie de l’impératrice. En 1907, l’impératrice lui attribue l’arrêt d’une
hémorragie de son fils, le tsarévitch Alexis, hémophile. Raspoutine exerce dès
lors une vive influence sur cette femme hystérique et autoritaire, qui tente d’imposer
ses vues à son époux, autocrate hésitant, aussi indécis que convaincu de son
pouvoir absolu. Ce moine crasseux séduit des duchesses, organise des repas
orgiaques, pratique la débauche, la voyance, la guérison miraculeuse… et le
trafic d’influence. La tsarine transmet ses conseils au tsar, qui les suit
parfois. Raspoutine fait nommer quelques protégés à des postes importants ;
sa capacité à monnayer son crédit à la Cour fait qu’on lui attribue la
nomination de ministres. Cette rumeur, exagérée, mine la Cour.
    Au début de 1908, les ouvriers du pétrole de Bakou exigent
une augmentation de salaire. Les patrons refusent. Sous l’impulsion des
bolcheviks, parmi lesquels se trouve Koba, très actif, la grève éclate et les
patrons proposent de négocier. Koba réclame des garanties de sécurité pour les
délégués ouvriers. Les patrons promettent, mais dénoncent à la police les
délégués et leurs conseillers bolcheviks qui se réunissent dans les

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