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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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belliciste qui
régnait alors à Petrograd condamnait sa démarche. Ce même jour, le Gouvernement
provisoire interdit les journaux bolcheviks la Pravda, la Pravda des
tranchées et la Pravda des soldats, chasse la direction du Parti du
palais Ksechinskaia où elle s’était installée, et lance un mandat d’arrêt
contre Lénine, signé par un fonctionnaire de l’arrondissement de son domicile,
Andreï Vychinski, et contre Zinoviev, tous deux décrétés agents allemands. Le
lendemain, une autre démarche délicate doit être tentée. Les marins de
Cronstadt, débarqués à Petrograd fanfare en tête le 3 juillet, sont
retranchés dans la forteresse Pierre-et-Paul en face du palais d’Hiver. Le
Comité exécutif central veut les faire sortir sans combat ; il envoie deux
émissaires, le menchevik Bogdanov et Staline, qui mènent à bien cette délicate
négociation. Les marins rendent leurs armes et regagnent leurs quartiers.
    Les bolcheviks ont-ils alors poussé les soldats à se
soulever pour prendre le pouvoir en jouant les vertueux légalistes et, devant
leur échec, voulu se dégager de l’entreprise ? Le 9 janvier 1919,
à un moment où il n’avait aucune raison de camoufler la vérité, Karl Radek
essaiera de convaincre les dirigeants du jeune et petit Parti communiste
allemand engagés à Berlin dans une insurrection perdue d’avance en leur
expliquant : « En juillet 1917 […] nous avons de toutes nos
forces retenu les masses, et, comme nous n’y avons pas réussi, nous les avons
conduites au prix d’efforts inouïs vers la retraite, hors d’une bataille sans
espoir [236] . »
    Lénine, caché alors dans la chambre de Staline, chez les
Alliluiev, doit-il se livrer à la justice ? Trotsky pense que oui ;
un grand procès public démasquerait les calomniateurs. Staline le pense aussi.
Mais Lénine, pour se livrer, exige des garanties. Staline est chargé de la
négociation. Les dirigeants du soviet, Liber et Anissimov, lui répondent :
« Nous ne pouvons pas donner de garanties. » Lénine s’enfuit alors
avec Zinoviev. Staline assure leur transfert à Razliv, dans le golfe de
Finlande. Il l’accompagne le 11 juillet au soir à la gare de Finlande,
avec Serge Alliluiev. Lénine est grimé. Staline ne l’est pas. Sa faible
notoriété fait de lui le dirigeant bolchevik le plus apte à remplir cette
mission d’accompagnateur. Cette discrétion, sa placidité, précieuse en ces temps
troublés, et son sang-froid le font désigner comme agent de liaison entre
Lénine et le Comité central. Une semaine plus tard, la presse gouvernementale
lance une nouvelle information sensationnelle : Kamenev était un agent de
l’Okhrana ! Les bolcheviks demandent la constitution d’une commission d’enquête.
Staline est encore chargé d’aller en discuter la constitution avec le
socialiste-révolutionnaire Gotz.
    Plusieurs dirigeants bolcheviks, Kamenev, Kollontaï,
Raskolnikov, plus Trotsky, qui deviendra bolchevik quinze jours plus tard, et
près de 800 militants, sont arrêtés et emprisonnés. Staline n’est pas
inquiété. Son nom n’éveille pas la haine. En juillet et août, Sverdlov et lui
font tourner la machine d’un parti à demi illégal ; le découragement
ébranle un bref moment les militants. Mais la roue tourne vite. L’universitaire
moscovite Gautier note dans son journal, à la date du 8 juillet, avec la
violence du désespoir : « Les bolcheviks sont le vrai symbole du
peuple […] un mélange de stupidité, de grossièreté, d’effronterie vulgaire, d’absence
de principes, de hooliganisme et, fondée sur ces deux dernières qualités, de
trahison. » Et il ajoute : « Finis Russiae. Les armées ont cessé
d’être des armées [237] . »
Les journées de juillet n’ont offert qu’un sursis à un régime moribond.
    Lénine charge Staline de présenter ses positions à la
conférence de Petrograd, qui reprend le 16 juillet ses travaux interrompus
le 4, puis au VI e  congrès du Parti. À la conférence, Staline,
dans son rapport introductif, paraphrase les thèses de Lénine, mais affirme aux
délégués désireux d’en prendre connaissance qu’il ne les a pas sous la main. La
gaucherie de la paraphrase ou la grossièreté de son excuse mécontentent les
délégués qui le mettent en minorité. Selon Lénine, les soviets étant devenus l’instrument
de la contre-révolution entre les mains des mencheviks et des
socialistes-révolutionnaires, il faut

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