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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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Kerenski tente de substituer à une base
sociale qui se dérobe une coalition de forces politiques de plus en plus
fantomatiques. C’est ainsi qu’il convoque en une conférence d’État les
représentants de tous les partis et organisations imaginables. À l’appel des
bolcheviks, la grève paralyse Moscou le jour de son ouverture, le 12 août.
    L’échec de l’offensive de Galicie, les journées de juillet,
la jacquerie campagnarde polarisent les forces aux deux extrêmes. La crise est
évidente pour tous. Le 20 août, au Comité central du parti
constitutionnel-démocrate, dit Cadet, Kartachev, ministre des Cultes,
déclare : « Celui qui ne craindra pas d’être cruel et brutal prendra
le pouvoir dans ses mains [242] . »
Un autre dirigeant, Kaufman, évoquant la famine qui menace, et reprenant une
idée émise en 1916 par le ministre de l’Intérieur du tsar, Protopopov,
affirme : « Au gouvernement, on envisage déjà la possibilité d’organiser
des expéditions militaires pour prendre le pain aux paysans [243] . » Le
dirigeant cadet Milioukov prévoit des émeutes de la faim et prophétise : « La
vie poussera la société et la population à envisager l’inéluctabilité d’une
opération chirurgicale. » Et il ajoute : « Pour notre parti, il
est plus avantageux que le gouvernement actuel dure le plus longtemps possible
afin que les répressions inéluctables soient entreprises à l’initiative et sur
la direction du gouvernement socialiste lui-même [244] . » En un
mot : que la crise s’aggrave jusqu’à l’intolérable, et laissons aux
socialistes un héritage ingérable qui les contraindra à user de violence. C’est
ce qu’on appelle un homme d’État. Un peu plus tard, il affirme : le pays n’a
le choix qu’entre Lénine et le général Kornilov.
    L’Union des officiers de l’armée et de la flotte, financée
par des entrepreneurs, est convaincue que « la seule issue est une
dictature militaire ». Sur le front se constituent près de trois cents
bataillons de la mort, dont le chef, le capitaine Mouraviev, un SR, affirme qu’ils
sont surtout destinés à régler leur compte aux bolcheviks à Petrograd. Au cours
de l’été, les formations politico-militaires préparant un coup de force
pullulent ; l’une d’elles, le Centre républicain, élabore début août un
plan de coup d’État pour le 20 du mois. Les putschistes ont un candidat, un
général « issu du peuple », Kornilov, avec qui Kerenski, apeuré par
la crise galopante et sa propre impuissance, négocie en sous-main. Kornilov
lance ses troupes sur Petrograd le 25 août et, dans sa proclamation,
accuse « le Gouvernement provisoire d’agir sous la pression de la majorité
bolchevique des soviets en total accord avec les plans de l’état-major allemand »,
jure de convoquer l’Assemblée constituante après la victoire sur l’ennemi,
promet un « avenir radieux » à la Russie, mais, pour l’instant, « considère
que la seule issue est d’instaurer la dictature et de placer tout le pays en
état de guerre [245]  ».
    Kerenski veut montrer sa poigne : le 28 août, une
circulaire du ministère du Travail interdit les réunions dans les entreprises
pendant les heures de travail. L’obtus Kornilov annonce qu’il pendra tous les
dirigeants du soviet. Kerenski sent l’ombre de la corde lui frôler le cou. Tous
les partis socialistes se dressent alors contre Kornilov, les bolcheviks
mobilisent les ouvriers et les cheminots se mettent en grève. Le complot se
perd entre les convois immobilisés sous la pression populaire. Pendant ces
quelques jours, les bolcheviks sont apparus comme les défenseurs les plus
déterminés de la révolution menacée.
    La complicité de Kerenski et des Cadets dans le putsch est
éclatante. De sa retraite, Lénine voit la possibilité de rompre la coalition
des partis bourgeois et socialistes et propose un gouvernement de SR et de
mencheviks responsable devant les soviets qu’ils dirigent, chargé de réaliser
leur propre programme. Ce serait là, dit-il, « un développement pacifique
de la révolution […] que les bolcheviks, partisans de la révolution mondiale [246]  », doivent
accepter. Mais les deux partis concernés refusent et reconduisent un
gouvernement de large union « démocratique ».
    La tentative de coup d’État de Kornilov et son échec
aiguisent à l’extrême la tension sociale et politique. Le général monarchiste
Denikine

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