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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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abandonner le mot d’ordre « Tout le
pouvoir aux soviets » et se tourner vers les comités d’usines. Staline
traduit brutalement : l’équilibre du double pouvoir est rompu, le passage
pacifique du pouvoir aux soviets est impossible, il faut se préparer à l’insurrection.
Cette perspective, aventureuse en cette mi-juillet, laisse les délégués
interloqués. La conférence adopte un manifeste beaucoup plus évasif, rédigé par
Staline lui-même, qui dénonce le « honteux stigmate des calomniateurs »
et clame : « Prenez ce stigmate par la main de 32 000 travailleurs
organisés de Petrograd et emportez-le dans vos tombeaux [238]  ! » Le
manifeste laisse dans le vague les modalités pratiques de cette obscure action…
    Le VI e  congrès du parti bolchevik, qui
enregistre l’adhésion collective du groupe dit des Mejraïontsy, fort d’une
pléiade de dirigeants (Ioffé, Ouritski, Lounatcharski, Manouilski, Ioureniev,
Karakhan, l’historien Pokrovski et Trotsky), s’ouvre le 26 juillet. En l’absence
de nombreux leaders emprisonnés ou en fuite, Staline est l’un des
personnages-clés de la réunion. Il présente trois rapports :
respectivement sur l’activité du Comité central, sur la situation dans le pays
et sur les tâches du Parti. Il refuse dans un premier temps de prendre la
parole, jugeant qu’il y a trop peu de délégués dans la salle. Puis, celle-ci se
remplissant peu à peu, il se lance. Il cultive toujours volontiers les fleurs d’une
rhétorique de pacotille, dénonçant « le sifflement reptilien de la
contre-révolution [qui] se fait de nouveau entendre plus fort ». Et,
filant la métaphore avec application, il avertit les délégués : « De
son coin, l’hydre hideuse de la réaction lance son dard empoisonné : elle
piquera puis se cachera de nouveau dans son antre obscur [239]  », où il
faut donc aller la débusquer. Comment ? Pas un mot là-dessus. À
Preobrajenski qui subordonne l’édification du socialisme en Russie à la
révolution en Occident, il rétorque : « Le cas n’est pas exclu où la
Russie serait précisément le pays frayant la voie au socialisme », et
justifie sa position en déclarant : « Il existe un marxisme
dogmatique et un marxisme créateur. J’opte pour ce dernier [240] . » Sa place
dans ce congrès lui confère une assurance nouvelle qui lui permet de s’avancer
sur le terrain théorique. Le congrès désigne un nouveau comité central de 21 membres.
Staline y est élu en septième position. À sa première réunion, le Comité
central élit un comité restreint, qui assumera les fonctions de secrétariat ;
Staline en fait partie.
    Les ersatz de la Pravda, interdits à tour de rôle, se
succèdent : Listok Pravdy, Rabotchi i Soldat, Proletarii, puis Rabotchii, sous la direction de Staline, par ailleurs rédacteur en chef et membre du
comité de rédaction de la revue Prosviechtchenie, de l’hebdomadaire Vperiod. Mais politiquement, il s’efface derrière Kamenev qui reprend sa place après que
sa dénonciation calomnieuse comme agent de l’Okhrana s’est effondrée.
    La crise sociale s’amplifie et s’accélère. En juillet et
août, 366 entreprises ferment leurs portes : 90 000 ouvriers
sont mis au chômage à Petrograd, 200 puits de mine sont fermés dans le
Donbass, la moitié des entreprises de l’Oural sont en panne. Dès juin, les
révoltes paysannes spontanées embrasent la campagne. Les paysans saisissent et
partagent les terres, brisant le matériel, éventrant à l’occasion les
propriétaires dont ils brûlent les manoirs et les dépendances. Une immense
jacquerie dévale sur la Russie comme une avalanche. « Ce sont les premiers
tumultes de la guerre civile prochaine [241]  »,
écrira plus tard Alexandre Iakovlev. Les patrons continuent à fermer les usines
et à jeter les grévistes à la rue.
    Le pays entretient une armée de 10 millions d’hommes
démoralisés. La guerre coûte chaque jour 65 millions de roubles, après en
avoir coûté 4 milliards en 1914, 11 milliards en 1915, 18 milliards
en 1916, et sans doute 26 milliards en 1917. La dette s’élève à 60 milliards
de roubles (44 milliards dus aux souscripteurs russes, 16 milliards
de dette extérieure). Sa charge exorbitante disloque une économie délabrée. Les
soldats-paysans, ne voulant pas manquer le partage des terres, abandonnent
armes et munitions et quittent le front en masse…
    Le gouvernement

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