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Sur le quai

Titel: Sur le quai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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« clan
Cavalier ». Le clan ennemi. Et, depuis des années, les deux
clans se livraient une guerre sans merci faite de chausse-trapes
pour prendre la succession du « Vieux ».
    Le fruit de ses réflexions ne réjouissait pas Alexandre
Caillard, mais, au moins, il avait identifié la menace.
    Ce qui ne la supprimait pas pour autant, reconnaissait-il
lucidement.
    La sonnerie du téléphone le surprit dans ses pensées.
    Il hésita à décrocher et se ravisa en pensant que ce devait être
sa secrétaire.
    – Papa.
    Entendre la voix de sa fille le décrispa instantanément.
    Nathalie avait toujours été la bulle d’air de son existence. Sa
plus grande joie. Sa seule vraie réussite personnelle.
    La seule part de vérité de sa vie faite de faux-semblants.
    – Oui, ma chérie.
    – Ça va ? Tu as l’air soucieux.
    – Non. C’est rien. Je suis sur un dossier difficile.
    – Tu ne me caches rien ?
    – Bien sûr que non, ma chérie. Comment pourrais-je te cacher
quoi que ce soit ? Tu es la princesse de ma vie. Tu le sais
bien.
    À trente-quatre ans, elle était toujours un amour de fille.
    La seule chose qui le tracassait, parfois, c’était qu’elle ne
fût pas encore mariée.
    Oh ! c’était purement égoïste de sa part. Il aurait aimé
avoir des petits-enfants.
    Il y a quelques années – il ne se souvenait pas trop –, elle
avait entamé une relation stable et sérieuse qui semblait avoir
brutalement cessé l’année dernière.
    Pendant quelque temps, il l’avait trouvée bizarre. Elle n’avait
plus eu tout à fait le même comportement à son égard. Comme si elle
le repoussait.
    Il avait mis ça sur le compte de la déception amoureuse.
Sagement. Car tout avait fini par se remettre en ordre.
    Mais Nathalie était secrète et ne leur avait jamais présenté ses
relations. Peut-être se confiait-elle à sa mère ? Il en
doutait.
    La porte de son bureau s’ouvrit brutalement.
    Quand on parle du loup…
    – C’est qui ? demanda, hargneuse, Dany toujours en
peignoir de bain.
    Il sourit. Pensant que la mère et la fille étaient le jour et la
nuit.
    L’une était un tonneau bosselé et l’autre la grâce incarnée. Un
mètre soixante-quinze, cinquante-deux kilos. D’une beauté diaphane.
De longs cheveux d’or…
    – C’est qui ?
     
     
     
     
     
     
    10
     
     
     
     
     
    En fin d’après-midi de ce même jour, Alexandre Caillard
descendit les marches de l’escalier du Palais de Justice en
maugréant.
    Il venait de perdre une plaidoirie qu’un débutant eût remportée
haut la main.
    Le président lui avait même jeté un regard consterné.
    Laneureuville l’obsédait, phagocytait ses pensées.
    Il consulta une nouvelle fois sa montre-bracelet.
    Dix-sept heures dix.
    Il avait rendez-vous à dix-huit heures trente avec le commandant
Pierre Cavalier. Au 11, rue des Saussaies. Le siège de la Direction
centrale des Renseignements généraux.
    Alexandre Caillard eût préféré un lieu de rendez-vous plus
discret, mais le commandant avait fait la sourde oreille à sa
demande de rencontre « discrète » lorsqu’il lui avait
téléphoné.
    À quatorze heures, en arrivant au Palais, il s’était décidé à
appeler un ancien patron de la Direction. Un des
« frères » de sa loge. L’actuel vénérable depuis le
suicide de François Cavalier.
    Une loge bien particulière, qui regroupait les principaux
membres du « clan Cavalier ». Les « têtes »,
seulement.
    Leur conversation fut brève et sibylline.
    – Règle ça avec son fils, lui avait simplement répondu son
interlocuteur après l’avoir écouté.
    Alexandre Caillard fut étonné.
    Le seul fils qu’il connût de François Cavalier était un éminent
orthopédiste qui semblait à mille lieues des arcanes du
« Service ».
    – Mais non. L’autre. Celui qui vient de prendre la
succession du « Vieux ».
    – Appelle-le de ma part. J’ai eu l’occasion de le rencontrer il
y a une dizaine de jours.
    Le commandant Cavalier avait été affable mais distant quand il
l’avait appelé.
    À présent qu’il se trouvait assis en face de lui, il le trouvait
tout aussi poli mais encore plus distant.
    À peine s’il lui avait serré la main quand il s’était présenté
comme un vieil ami, « très vieil ami de votre père que j’ai
très bien connu ».
    Il aurait peut-être dû se montrer moins condescendant devant ce
blanc-bec qui semblait susceptible.
    Dès qu’il avait précisé, tout sourire,

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