Sur ordre royal
en poussant le cri de bataille de sa famille.
Les attaquants, qui étaient accroupis, pivotèrent vers le ruisseau. Ceux qui avaient des flèches prêtes les laissèrent voler. Un des hommes de Madoc tomba, une flèche dans le pied.
Madoc ne s’arrêta pas, pas plus que le reste de ses hommes. Leurs épées brandies, ils montèrent à l’assaut de la pente, sans faire attention aux feuilles piquantes du houx ni aux flèches qui volaient.
Madoc attaqua Rhodri en premier lieu. Le second de Trefor était un bon combattant, mais Madoc était meilleur que lui. Rhodri balançait son épée comme un homme coupe des épis, la maniant à la manière d’une faux. Ce geste pouvait tenir des hommes à distance et ce fut le cas de Madoc, un moment, mais cela signifiait aussi que Rhodri gardait son flanc exposé trop longtemps.
Attendant la meilleure occasion, Madoc hésita un instant puis s’élança, enfonçant sa lame dans le côté de son adversaire, l’arme puissante traversant du cuir, du drap, de la peau et des os jusqu’à ce que Rhodri tombe en poussant un hurlement.
Madoc n’attendit pas de le voir mourir. Il cherchait Ivor pendant que ses hommes bien entraînés avaient tôt fait de vaincre le reste de leurs ennemis, abattant avec facilité tous ceux qui essayaient de s’enfuir.
Ivor ne pouvait pas courir, et comme Madoc le connaissait depuis qu’ils étaient enfants, il savait où chercher sa cachette. Il alla à grands pas au buisson de houx le plus proche, se pencha et attrapa un pied botté à peine visible. Le buisson remua tandis qu’Ivor jurait, donnait des coups de pied et luttait, pendant que Madoc le tirait au-dehors.
Bien qu’Ivor n’ait jamais appris à manier une épée, il avait appris à se servir d’une dague et il était très bon. Madoc le savait, aussi se prépara-t-il à parer le mouvement de la dague d’Ivor avec son épée. Son geste envoya voler le poignard, et avant qu’Ivor ne puisse se retourner ou s’enfuir, il planta un pied sur sa poitrine.
Il plaça la pointe de sa lame sur la gorge de son ancien intendant et le regarda avec dégoût.
— Je vous faisais confiance, Ivor, comme je ne faisais confiance à personne d’autre. Je vous aimais comme un frère, même plus que le mien. Est-ce ainsi que vous me rendez cette affection, cette loyauté et cette confiance ? Cela me rend malade de voir à quel point j’avais tort de me fier à vous, et de penser que siRoslynn n’était pas venue à Llanpowell, j’aurais pu ne jamais connaître la vérité.
— Epargnez-moi vos blâmes et vos lamentations, gronda Ivor. Je suis écœuré d’entendre parler de vos problèmes, vous qui avez toujours eu tout ce qu’un homme peut désirer. Tuez-moi et finissons-en.
Madoc secoua sombrement la tête en ôtant son pied et en reculant, sa lame toujours sur la gorge d’Ivor.
— Sans procès ? Sans faire savoir à tout le monde, y compris Trefor, ce que vous avez fait, ce que vous êtes ? C’étaient ces hommes qui volaient mes moutons, n’est-ce pas ? Sous vos ordres, ceux de Rhodri ou de vous deux. Et c’était vous qui leur disiez où allaient être mes patrouilles, aussi, afin qu’ils ne se fassent pas prendre ?
— Je me suis ligué avec eux lorsque vous m’avez renvoyé de Llanpowell, répondit Ivor en s’asseyant, appuyé sur ses mains. C’était cela ou mourir de faim.
— Vous voulez me faire croire que c’était Rhodri qui les menait ? rétorqua Madoc, sceptique. Ou a-t-il été récemment chassé de Pontymwr, lui aussi ? Ce serait une excuse commode, hein ?
— Pitié, sire ! cria l’un des attaquants capturés alors que Hugh le traînait jusqu’à Madoc par le dos de sa tunique, avant de le jeter à terre.
Le voleur, qui était maigre comme un clou et marqué par la vérole, leva la tête. Il regardait de tout côté d’un air désespéré en humectant ses lèvres gercées.
— Pitié, sire, implora-t-il encore. Epargnez ma vie et je vous dirai tout ! L’éclopé est notre chef, sire. Lui et cet autre scélérat que vous avez tué.
— Cet homme vendrait sa propre mère pour un demi-penny, Madoc, dit Ivor d’un ton sarcastique. Vous ne pouvez croire un mot de ce qu’il dit.
— Pourtant, vous êtes ici avec lui, observa Madoc, sa rage flambant maintenant que le combat était terminé. Hugh, liez les mains d’Ivor. Et celles de cet homme, aussi. Je veux entendre ce qu’il a à dire.
Regardant Ivor comme s’il puait comme du
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