Sur ordre royal
rencontrer enfin son beau-fils, Roslynn sourit.
— Oh, c’est merveilleux !
Lloyd lui rendit le bébé et se dirigea vers la porte.
— Nous ferions mieux de partir. Vous avez besoin de vous reposer, a dit cette mégère de sage-femme. Elle a probablement fini de manger, maintenant, et nous allons nous faire tancer vertement si elle nous trouve ici à son retour. Je vous enverrai Madoc dès qu’il reviendra. Il ne devrait pas tarder, à présent.
— Quand est-il parti ? demanda-t-elle.
Elle voulait être prête pour recevoir Owain, et avoir le bébé propre et prêt aussi lorsqu’ils arriveraient.
— Eh bien, hier, admit Lloyd. Mais il faut du temps pour arriver là-bas, et il n’a pas dû vouloir revenir de nuit, surtout avec un enfant.
— Non, en effet, acquiesça Roslynn.
A ce moment-là, du bruit provint du chemin de ronde.
— Ce n’est pas une attaque, dit tout de suite Lloyd. C’est Madoc qui doit rentrer.
Une expression soucieuse sur le visage, dame Eloïse s’empressa d’entrer dans la chambre, et le soulagement de Roslynn s’évanouit en un instant.
— Qu’est-il arrivé ? demanda sire James à son épouse tandis que Roslynn fixait sa mère, trop effrayée et angoissée pour parler.
Dieu fasse que Madoc aille bien, pria-t-elle ardemment. Sinon, elle vivrait jusqu’à son dernier jour avec ses regrets et ses remords de ne pas lui avoir fait confiance plus tôt, et de ne pas lui avoir dit tout ce qu’elle avait sur le cœur.
— Il n’est pas utile d’effrayer Roslynn, dit dame Eloïse à son époux, d’un ton sec. Ioan et un autre hommesont de retour, c’est tout. Madoc rentrera bientôt aussi, sans nul doute.
« Sans nul doute », avait-elle dit, ces trois mots n’apportant aucun réconfort à Roslynn, mais plus de peur encore.
— Mère, où est-il ? demanda-t-elle.
— Je n’en suis pas très sûre, répondit sa mère avec réticence.
— Mère, prenez Mascen, mettez-le dans son berceau et restez avec lui, déclara alors Roslynn d’un ton résolu. Je vais aller chercher mon époux, ou trouver quelqu’un qui pourra me dire où il est.
Les hommes parurent horrifiés, et dame Eloïse seulement un peu moins.
— Vous venez d’accoucher, dit-elle. Vous devez rester au lit.
— Dans ce cas, s’il vous plaît, faites-moi envoyer Ioan.
— Ce… euh… ne sera pas possible, je le crains, répondit sa mère d’un air embarrassé.
Plus déterminée que jamais, Roslynn tendit Mascen à sa grand-mère.
— Couchez le bébé, mère, et aidez-moi à m’habiller. Père, oncle, attendez-moi en haut de l’escalier, je vous prie. J’aurai besoin de votre aide pour descendre, mais je découvrirai ce qui est arrivé à mon époux.
***
Soutenue par sire James et Lloyd, Roslynn pénétra dans la grand-salle et vit tout de suite la palette installée sur l’estrade, et l’homme allongé dessus. Malade depeur, elle faillit se pâmer avant que Ioan ne se tourne vers elle.
— Haut les cœurs, ma dame ! lança-t-il d’un ton jovial, même s’il était aussi blanc qu’une toison fraîchement lavée et si un linge ensanglanté entourait son bras droit. Je suis le seul à avoir été blessé.
— Comment ? demanda-t-elle en s’avançant lentement vers lui. Où ?
— Asseyez-vous et je vous le raconterai.
Quand elle se fut assise et que son père, Lloyd et plusieurs autres furent rassemblés autour d’eux, Ioan entreprit de leur relater l’embuscade dont ils avaient été victimes, la stratégie intelligente et payante de Madoc pour se débarrasser de leurs adversaires et la bravoure de Gwillym qui avait tenu à rester avec lui.
Lorsqu’il eut fini, Roslynn se remit à respirer avec plus de facilité.
— C’étaient Ivor et Rhodri qui conduisaient les brigands ? demanda Lloyd.
— Oui, je suis navré de le dire, et ils sont tous les deux morts, ce qui est encore plus regrettable, répondit Ioan. La mort rapide qu’ils ont connue a été un sort plus clément que ce qu’ils méritaient.
— Je le savais ! s’écria Lloyd en se frappant les genoux de ses mains. Je savais que Trefor ne pouvait pas être un voleur et un scélérat !
Roslynn le regarda avec surprise. Il avait plus d’une fois critiqué Trefor devant elle, et devant les autres également.
Mais Trefor, Ivor ou Rhodri étaient bien moins importants pour elle que son époux.
— Si Madoc va bien, et si vous étiez près de l’endroit où Owain est élevé, ne
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