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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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puisses songer à passer ta vie avec un être aussi assommant !
    — Je crois que je vais épouser George. À Noël. S’il y a un Noël.
    — Comment ça, s’il y a un Noël ?
    — Laisse, Horatio. Il me plaît assez pour que je l’épouse et je… eh bien, je crois qu’il est temps que je parte.
    — Je ne le crois pas.
    — Je ne le crois pas moi-même. Mais si George veut m’épouser… je trouve que George est un bon parti pour moi.
    — Mais… Mary, j’ai besoin de toi auprès de moi. Je t’aime et tu sais… »
    Elle se retourna soudain, le regard fulgurant, et sentit monter à sa gorge toute la douleur et l’amertume contenues des années passées.
    « Ne me parle pas d’amour ! »
    Horatio blêmit et ses lèvres frémirent.
    « Un million de fois, j’ai demandé à Dieu de nous pardonner, souffla-t-il.
    — Demander à Dieu de nous pardonner est un peu tard, tu ne crois pas ? »
    Cela avait débuté après une punition au fouet, quand il était jeune et qu’elle était petite. Ils s’étaient glissés ensemble dans le même lit, cramponnés l’un à l’autre pour tenter d’oublier leurs cuisantes douleurs physiques et morales. Elle avait été réconfortée par la chaleur de leurs deux corps, et puis elle avait éprouvé une douleur inconnue, qui lui avait fait oublier la fessée. Il y avait eu d’autres occasions, des moments de bonheur – où elle avait été trop jeune pour comprendre. Mais pas Horatio. Et puis il était parti en pension, en Angleterre. À son retour, ils n’avaient jamais fait allusion à ce qui s’était passé entre eux. Car alors, ils comprenaient tous deux ce que cela signifiait.
    « Je te jure devant Dieu que j’ai imploré le pardon.
    — J’en suis ravie, mon cher frère. Mais il n’y a pas de Dieu, déclara-t-elle d’une voix morne, cruelle. Je te pardonne. Mais ça ne me rendra pas vierge, n’est-ce pas ?
    — Mary, je t’en supplie, je t’implore, pour l’amour de Dieu, je…
    — Je te pardonne tout, frère chéri. Tout sauf ta sale hypocrisie. Nous n’avons pas péché – c’est toi seul. Prie pour ton âme, pas pour la mienne.
    — Je prie pour la tienne plus que pour la mienne. Nous avons péché, c’est vrai, hélas ! Mais Dieu nous pardonnera. Il nous pardonnera.
    — Cette année, avec un peu de joss, j’épouserai George. Je t’oublierai et j’oublierai l’Asie.
    — Tu n’es pas majeure ! Tu ne peux pas partir. Je suis ton tuteur légal. Je ne peux pas te laisser partir. Avec le temps tu comprendras ma sagesse. C’est mieux, pour toi. Je t’interdis de partir. Cette racaille, ce… cet âne bâté n’est pas assez bien pour toi, tu entends ? Tu ne partiras pas !
    — Quand je déciderai d’épouser Glessing, grinça-t-elle d’une voix cinglante, tu feras bien de donner ta sale foutue bénédiction, un peu vite, parce que, si tu ne le fais pas, je dirai à tout le monde… non, je le dirai au Taï-pan, d’abord, et il te poursuivra avec un fouet. Je n’ai rien à perdre. Rien. Et toutes tes foutues prières à un foutu sale Dieu qui n’existe pas et au doux Jésus de papa ne te serviront à rien. Parce qu’il n’y a pas de Dieu, il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais, et le Christ n’était qu’un homme. Un saint homme, si on veut, mais un homme !
    — Tu n’es pas Mary ! Tu… Tu es possédée du Diable ! Dieu existe, naturellement ! Nous avons des âmes, voyons ! Tu es une hérétique. Tu es vile ! C’était toi, pas moi ! Oh ! Seigneur Dieu tout-puissant, accordez-nous votre miséricorde… »
    Mary le gifla brutalement.
    « Assez, frère chéri. Tes prières ridicules me rendent malade. Tu entends ? Pendant des années, tu m’as fait horreur. Tu me donnes la chair de poule. Parce que je devine à l’éclat lubrique de tes yeux que tu as toujours envie de coucher avec moi. Tu as toujours su ce que c’était que l’inceste ! Tu es pire que Père, s’écria-t-elle en éclatant d’un rire atroce, terrible. Il était fou de religion, un dément de sa foi, mais toi… toi, tu fais semblant d’avoir la foi ! J’espère, je souhaite que ton Dieu existe, parce que alors tu brûleras éternellement dans les flammes de l’enfer ! Et bon débarras ! »
    Elle tourna le dos à son frère et s’éloigna. Horatio fit un mouvement vers elle, puis il partit en courant, au hasard, dans la nuit.

23
    « H EYA , Massi, dit Lim Din en ouvrant largement la

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