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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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gémit-elle.
    — Dis pas de bêtises, fillette. Là, là, calme-toi. C’est fini. »
    Il la berça dans ses bras, comme une enfant, en répétant machinalement :
    « Là… là… là…
    — Laisse… laisse-moi, maintenant. Fini… ça va, à présent.
    — Jamais de la vie. Remets-toi un peu, et puis on t’habillera et tu viendras au bal. »
    Elle secoua la tête et gémit entre deux sanglots :
    « Non… peux pas… Je… je t’en supplie… »
    Elle hoqueta, et ses larmes cessèrent au bout d’un moment. Struan l’allongea doucement entre les draps et la recouvrit. Épuisée, elle se laissait faire, et fermait les yeux.
    « Va… je t’en prie… Ça va, maintenant. Dormir… Toi… va vite. »
    Il lui caressa tendrement la tête, en repoussant les horribles anglaises de son visage.
    Finalement, il sentit la présence d’Ah Sam, sur le seuil. Il lui fit signe. Elle entra dans la chambre, les joues mouillées de larmes.
    « Toi aller, Massi, chuchota-t-elle. Ah Sam veiller, ça ne fait rien. Tout bien pas peur, peux. »
    Il hocha la tête avec lassitude. May-may dormait comme une morte. Ah Sam s’agenouilla à côté du lit et contempla tendrement May-may.
    « Pas peur, Massi. Ah Sam veiller pas mal bien pour Massi revenir. »
    Struan sortit de la chambre sur la pointe des pieds.

24
    L A première personne que Struan vit en regagnant le bal fut son fils. Culum s’adressa à lui d’une voix sèche et froide :
    « Pouvons-nous commencer le concours ? »
    Rien ne pouvait détruire l’euphorie dans laquelle il vivait depuis qu’il avait découvert l’amour de Tess, et l’amitié de son frère. Mais il continuait de jouer le jeu.
    « Tu n’aurais pas dû attendre, gronda Struan. Nom de Dieu ! Faut que je fasse tout, ici ? Où est Robb ?
    — Il a dû partir. On est venu le prévenir que les douleurs de tante Sarah avaient commencé. Il paraît que ça ne va pas très bien.
    — Comment ça ?
    — Je ne sais pas. Mais Mrs. Brock est allée avec lui, pour voir si elle pouvait aider. »
    Culum le laissa, mais Struan remarqua à peine son départ. Son inquiétude le reprit, le souci de May-may s’augmentant de celui de Sarah et de Robb. Mais Liza Brock était la meilleure sage-femme d’Asie, et si Sarah avait besoin d’elle, elle ne pourrait trouver mieux.
    Shevaun s’approcha, un verre de cognac à la main. Elle le lui tendit sans un mot et posa doucement sa main sur son bras. Elle savait qu’il était inutile de parler. En certains instants, seul le silence est éloquent. Ne pas poser de questions, surtout. Car elle savait que les plus puissants ont parfois besoin d’une simple présence réconfortante, silencieuse, compréhensive. Elle attendit donc, sans rien dire, et laissa son parfum envelopper le Taï-pan.
    Struan but lentement le cognac. Il laissa errer ses regards sur la foule et vit que tout se passait bien ; on riait, on s’amusait, des éventails battaient, des épées scintillaient. Il vit Brock en grande conversation avec le grand-duc. Brock écoutait, hochait la tête d’un air pénétré. Sergueyev lui proposait-il aussi le monopole ? Mary s’éventait nerveusement, à côté de Glessing. Quelque chose ne va pas, dans ce coin-là, se dit-il. Tess riait, avec Culum et Gorth. Bonne chose.
    Lorsque Struan eut vidé le verre et se sentit rétabli, il abaissa les yeux sur Shevaun, en comparant involontairement son élégance avec le navrant déguisement de May-may.
    « Merci, lui dit-il. Vous êtes très belle, et très compréhensive. »
    Il avait la voix terne, et elle pensa qu’il avait des ennuis du côté de sa maîtresse. Peu importe, se dit-elle en lui prenant affectueusement le bras.
    « Je vais tout à fait, bien, maintenant, lui dit-il.
    — Voilà M. Quance, chuchota-t-elle. C’est l’heure du prix.
    — Ah ! Taï-pan, mon bien cher ami ! s’écria le peintre en les rejoignant, tout empourpré d’alcool et d’humeur joyeuse. C’est le moment de délivrer mon jugement !
    — Allez-y, Aristote.
    — Alors faites faire une annonce et…
    —  Monsieur Quance !  »
    Comme un roulement de tonnerre, les deux mots éclatèrent dans la nuit.
    Tout le monde sursauta, et tourna la tête.
    Quance poussa un gémissement pitoyable.
    Maureen Quance se dressait devant lui, le regard fulgurant le réduisant en poussière. C’était une solide Irlandaise lourdement charpentée, avec un visage tanné, un grand nez et deux jambes plantées

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