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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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porte.
    — Heya, Lim Din. »
    Struan tapota le baromètre. Beau fixe, toujours. Excellent. Il voulut passer dans le couloir, mais Lim Din se précipita et montra le salon d’un air important.
    « Missi dire ici peux. Peux ?
    — Peux », grommela Struan.
    Lim Din lui tendit le cognac servi à l’avance et le fit asseoir dans le grand fauteuil de cuir puis il sortit en toute hâte. Struan posa ses pieds sur l’ottomane. Le fauteuil sentait le vieux cuir patiné et cette odeur se mêlait agréablement au parfum de Shevaun qu’il avait encore dans les narines.
    La pendule, sur la cheminée, marquait minuit moins vingt.
    Struan se mit à fredonner une chanson de marins. Il entendit une porte grincer, un froissement de soie. En attendant May-may, il la compara une fois de plus à Shevaun. Il avait passé la soirée à les comparer, en essayant de le faire objectivement. Shevaun était un superbe jouet, une femme électrisante, que l’on aimerait dompter, certes. Et comme épouse, Shevaun serait une parfaite maîtresse de maison – habile, assurée, elle ouvrirait bien des portes. En Angleterre, May-may serait un terrible coup de dés… comme épouse. Comme maîtresse, que non, se dit-il. Ouais. Et malgré tout, je vais l’épouser. Avec la puissance de la Noble Maison pour me soutenir et une exclusivité sur le marché russe dans la poche, je peux me permettre de faire un pied de nez aux convenances et de renverser la barrière quasi insurmontable qui sépare l’Orient de l’Occident. May-may prouvera, sans l’ombre d’un doute et à jamais, pour les gens qui comptent réellement, que l’Oriental a sa grande valeur. May-may hâtera le temps de l’égalité. Et je verrai se lever cette aube-là, de mon vivant.
    Sûr, exulta-t-il. May-may est un merveilleux coup de dés. Ensemble, nous réussirons. Pour jamais. Avec du joss, nous aurons tout Londres à nos pieds.
    Et puis sa joie fut brusquement brisée.
    May-may venait d’apparaître sur le seuil, un sourire radieux aux lèvres, et tournait pour se faire admirer. Sa robe à l’européenne était bariolée de couleurs violentes, surchargée de broderies clinquantes, la jupe démesurée et boursouflée. Ses cheveux dansaient sur ses épaules, en anglaises frisottées et elle était coiffée d’un chapeau à plumes. Elle était hideuse. Un vrai cauchemar.
    « Sangdieu ! »
    Dans un silence affreux, ils se dévisagèrent.
    « C’est… tu es très jolie », dit-il sans conviction, navré de la douleur qu’il voyait dans les yeux de May-may.
    Elle était blême sous les deux taches de fard maladroitement étalé sur ses pommettes. Elle savait qu’elle avait terriblement perdu la face devant Struan. Elle défaillit, se redressa, poussa un petit cri et s’enfuit.
    Struan courut derrière elle dans le couloir. Il traversa en trombe l’appartement de May-may. Mais elle avait poussé le verrou de sa chambre.
    « May-may, chérie. Fillette, ouvre-moi ! »
    Elle ne répondait pas. Struan sentait derrière lui les regards curieux d’Ah Sam et de Lim Din. Quand il se retourna, ils disparurent, médusés.
    « May-may ! ouvre la porte ! »
    Le silence. Il était furieux de n’avoir pas su dissimuler ses sentiments, et d’avoir été assez stupide pour ne rien deviner. May-may voudrait aller au bal, voyons, c’était évident, et ses questions auraient dû lui mettre la puce à l’oreille, naturellement elle ferait faire une robe de bal et… Mon Dieu, mon Dieu !
    « Ouvre-moi ! »
    May-may ne répondit pas. Struan leva le pied et l’écrasa contre la serrure. La porte s’ouvrit à la volée et se balança sur ses gonds brisés.
    Debout près du lit, May-may baissait la tête.
    « Pourquoi as-tu tiré le verrou, petite ? Tu… ma foi, la robe, toi, j’ai été un peu suffoqué sur l’instant. Allez, viens. Nous allons au bal. »
    Il savait qu’il devait lui rendre sa face, sinon elle en mourrait. Elle mourrait de chagrin, ou elle se tuerait.
    Comme elle tombait à genoux pour « kowtow » devant lui et implorer son pardon, sa robe la gêna et la fit trébucher. May-may ouvrit la bouche, mais ne put articuler un son. Le chapeau à plumes tomba sur le tapis.
    Struan se précipita pour la relever, mais elle enfouit sa figure dans les plis de ses jupons et se mit à griffer le tapis.
    « Allons, May-may, fillette, ne fais pas ça. Viens. » Il la souleva, gauchement, et la serra dans ses bras. Elle détournait le visage. Il la prit

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