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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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employait trois mille maçons, manœuvres et artisans de toute espèce) bien que chaque marée amenât de nouveaux travailleurs, qui trouvaient vite à se placer. Tai Ping Shan s’enfla monstrueusement. Toute la pointe de Glessing était le théâtre d’une animation fiévreuse.
    Le jour des courses était le quatorzième, depuis que Struan et May-may avaient quitté leur maison de la Vallée Heureuse pour s’installer à bord du Resting Cloud .
    « Tu n’as pas bonne mine, fillette, dit Struan. Vaudrait mieux que tu restes au lit, aujourd’hui.
    — Je crois que oui, soupira-t-elle. Mais ce n’est rien, ça ne fait rien. »
    Elle avait mal dormi et souffrait de courbatures dans la nuque et la colonne vertébrale.
    « Tu as l’air terrifical beau », déclara-t-elle.
    Struan portait un costume neuf, qu’il avait fait faire spécialement pour assister aux courses. Redingote vert foncé du drap le plus fin, pantalon de nankin blanc à sous-pieds sur ses demi-bottes noires, gilet de cachemire primevère, cravate verte.
    May-may se hissa péniblement sur l’oreiller qu’Ah Sam arrangeait pour elle.
    « Ce n’est qu’un diable d’été. J’ai demandé le docteur. Tu vas à terre maintenant ?
    — Oui. La réunion commence dans une heure. Je crois que je vais t’envoyer notre médecin. Il…
    — Mon docteur chinois. Pas un autre. Et n’oublie surtout pas. Vingt taels sur le cheval numéro quatre dans la quatrième course. L’astrologue m’a dit que c’est le bon gagnant absolument.
    — Je n’oublierai pas. Repose-toi, maintenant.
    — Quand j’aurai gagné, je me sentirai fantasticalement mieux, heya ? Va vite, maintenant. »
    Il l’embrassa tendrement, remonta ses couvertures et s’assura qu’elle avait du thé et de l’eau bouillante pour son dos. Puis il descendit à terre.
    L’hippodrome avait été tracé à l’ouest de la pointe de Glessing. Une foule nombreuse l’envahissait. Une partie de l’étendue, proche du poteau de départ et d’arrivée, avait été réservée pour les Européens et des cordes empêchaient les hordes de Chinois curieux d’en approcher. Des tentes étaient dressées ici et là. On avait construit un paddock et des guichets. Des oriflammes claquant au sommet de perches de bambou délimitaient la piste ovale.
    On pariait gros et Henry Hardy Hibbs était le principal bookmaker.
    « Choisissez vos gagnants, messieurs, clamait-il en tapant le tableau noir sur lequel il inscrivait les cotes. Major Trent sur Stan, l’étalon noir, favori dans la première ! À égalité. Le champ à trois contre un !
    — Sacré Hibbs, grommela Glessing, rouge et suant. Le champ à trois contre un et vous êtes sûr de gagner. Je prends la jument grise à six contre un. Une guinée ! »
    Hibbs consulta son tableau et graillonna :
    « Pour vous, mon capitaine, cinq, ce sera. Une guinée, c’est tenu. Sur Mary Jane ! »
    Glessing se détourna. Il était furieux de ne pas être à Macao et de ne pas avoir reçu la lettre promise par Culum. Mon Dieu, mon Dieu, songeait-il, rongé d’inquiétude, j’aurais dû déjà avoir des nouvelles ! Que signifie ce retard ? Et que fait ce bougre d’Horatio ? Est-ce qu’il essaie de lui faire changer d’avis, mon Dieu ?
    Morose, il descendit vers le paddock et vit Struan et Sergueyev, mais Longstaff les rejoignait, aussi ne s’arrêta-t-il pas.
    « Quel est votre choix, Altesse ? demanda aimablement Longstaff.
    — Le hongre », répondit le Russe sans hésiter.
    Il s’appuyait sur une canne. L’odeur des chevaux, la surexcitation ambiante l’exaltaient et lui faisaient oublier sa douleur constante. Il regrettait de ne pouvoir monter, mais remerciait la providence d’avoir survécu à sa blessure. Et il bénissait Struan. Il savait que sans l’opération de Struan, il serait mort.
    « Eh bien, Altesse, murmura Shevaun en s’approchant, au bras de Jeff Cooper, avez-vous un tuyau pour moi ? »
    Elle portait une robe de soie verte et une ombrelle orange, et souriait à tout le monde, mais plus particulièrement à Struan.
    « Le hongre est le meilleur cheval, mais je ne saurais dire quel est le meilleur cavalier, Shevaun », dit le grand-duc.
    Shevaun examina le grand cheval bai à la robe luisante. Ses yeux pétillèrent.
    « Hélas ! pauvre cheval ! Si j’étais cheval et qu’on me fasse une chose pareille, je jurerais de ne pas courir une toise. Pour personne. C’est barbare ! »
    Tous les

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