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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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l’empereur envoyait un ministre plénipotentiaire pour négocier la paix. C’était la première fois dans l’histoire qu’un empereur de Chine reconnaissait officiellement une nation européenne. Et la guerre avait pris fin sans pertes sensibles pour un camp comme pour l’autre.
    « Longstaff a été très sage de suivre le plan, dit Cooper.
    — N’importe quel commerçant de Chine savait comment mettre les Chinois à genoux, grogna Brock d’une voix rude. Mais pourquoi Longstaff et Struan ont-ils consenti à négocier, là-bas à Canton, hein ? Le premier imbécile venu sait bien que pour un Chinois, négocier veut dire gagner du temps. Nous aurions dû rester au nord, au Pei-ho, jusqu’à ce que la paix soit signée. Mais non, il a fallu que nous ramenions la flotte et depuis six mois nous attendons que les bougres signent les papiers. Idiot. De la folie imbécile ! Et toute cette perte de temps et d’argent pour ce foutu rocher puant. Nous aurions dû garder Chushan. Là oui, c’était une île qui en valait la peine. (Chushan avait trente kilomètres de long et seize de large, avec de la bonne terre fertile, un bon port et une grande ville nommée Tinghai.) Là-bas, un homme peut respirer, ça oui. Enfin quoi, de là-bas, trois ou quatre frégates peuvent bloquer le Yang-tsé à volonté. Et qui tient ce fleuve tient le cœur de la Chine. C’est là qu’on aurait dû s’installer, bon Dieu !
    — Vous tenez toujours Chuschan, monsieur Brock.
    — Ouais. Mais elle a pas été donnée par le foutu nom de Dieu de traité, ça fait qu’elle est pas à nous. »
    Il tapa des pieds pour les réchauffer, dans le vent fraîchissant.
    « Vous devriez peut-être en parler à Longstaff, dit Cooper. Il écoute les conseils.
    — Pas les miens, il les écoute pas. Et vous le savez bien. Mais je m’en vais vous dire, quand le Parlement connaîtra le traité, ça fera des histoires, moi je vous le dis. »
    Cooper alluma un mince cigare.
    « Je suis enclin à partager votre opinion. C’est un ahurissant bout de papier, monsieur Brock. Pour l’époque. Alors que toutes les puissances européennes sont affamées de terres nouvelles et de pouvoir.
    — Et vous allez me dire que les États-Unis ne le sont pas, peut-être ? grinça Brock. Et vos Indiens ? L’achat de la Louisiane ? La Floride espagnole ? Vous avez l’œil sur le Mexique et l’Alaska russe. Les derniers courriers racontent que vous essayez même de voler le Canada. Hein ?
    — Le Canada est américain, pas anglais. Nous n’allons pas nous battre pour le Canada ; il nous rejoindra de son propre gré », assura Cooper, en dissimulant son inquiétude.
    Il tira distraitement sur ses favoris et releva le col de sa redingote. Il savait qu’une guerre avec l’Empire britannique serait désastreuse, en ce moment, et ferait la ruine de Cooper-Tillman. Au diable la guerre. Malgré tout, il savait que les États-Unis seraient obligés de se battre pour le Mexique et le Canada, à moins qu’il n’y ait un arrangement. Tout comme la Grande-Bretagne avait été contrainte de faire la guerre à la Chine.
    « Il n’y aura pas de guerre », affirma Tillman, pour calmer diplomatiquement Cooper.
    Il soupira et regretta son Alabama. Là-bas, un homme pouvait être un gentilhomme, pensait-il. On n’avait pas besoin de traiter tous les jours avec les damnés Anglais, ni avec de la racaille forte en gueule et blasphématoire comme ce Brock, ou des diables incarnés comme Struan, ni même des associés jeunes et impétueux comme Jefferson Cooper qui s’imaginait que Boston était le nombril du monde.
    « Et cette guerre est finie, ajouta-t-il, bien ou mal.
    — Retenez bien ce que je vous dis, monsieur Tillman, dit Brock. Ce nom de Dieu de foutu traité ne sera pas bon pour nous et pas bon pour eux. Nous devons garder Chushan et des ports ouverts sur le continent chinois. Nous serons de nouveau en guerre dans quelques semaines. En juin, quand le vent sera mûr, que le temps sera mûr, la flotte sera obligée de retourner au Pei-ho. Et ça sera encore une fois la guerre, et comment allons-nous pouvoir acheter les soies et les thés de l’année, alors ? L’année dernière, il n’y a presque pas eu de commerce à cause de la guerre ; l’année d’avant, pas de commerce du tout et, par-dessus le marché, ils nous ont volé tout notre opium. Huit mille caisses, rien que pour moi. Deux millions de taels d’argent, ça m’a coûté.

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