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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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compensations.
    — Le jour où il daigne vous parler, il est déjà aimable et même s’il se contente de vous demander des nouvelles de votre santé, on est tout près de l’aimer, s’émouvait Hortense de Beauharnais.
    Qui fut encore plus émue, sans doute, le jour où elle accorda ses faveurs au fils de Charles Maurice lui-même.
    — La vraie originalité de monsieur de Talleyrand est dans la plaisanterie ; c’est là qu’il a ce mélange d’impertinence et de douceur, de calme et de gaieté, enfin ce charme qui était si puissant, disait Germaine de Staël au temps où elle était du dernier bien avec lui.
    Mais, quelques années plus tard, loin des yeux loin du coeur, elle ajoutera :
    — Ses phrases contiennent toujours moins qu’elles ne paraissent.
    — Il était de ces hommes qui, dans une conversation et dans un salon, apprennent mille fois plus qu’en compulsant des dossiers, observe madame de Rémusat.
    L’Empereur en était même venu à jalouser secrètement ses talents de causeur.
    — Vous êtes le roi de la conversation, quel est donc votre secret ? lui demanda-t-il un jour, sèchement, comme à son habitude.
    — Sire, répondit Charles Maurice, je vais vous répondre franchement et je tirerai ma réponse d’une comparaison prise dans votre métier. Quand vous faites la guerre, vous voudriez bien toujours choisir votre champ de bataille.
    — Certainement, il serait commode et utile de dire au général ennemi : « Allez un peu plus loin dans cette gorge, ou étendez-vous dans cette plaine. » Mais cela ne se commande pas à l’ennemi. Où voulez-vous en venir ?
    — Et bien, sire, je choisis le terrain de la conversation. Je n’accepte que là où j’ai quelque chose à dire. Je ne réponds rien au reste. En général, je ne me laisse pas questionner, excepté par vous, ou, si on me demande quelque chose, c’est moi qui ai suggéré les questions. Autrefois, à la chasse, je ne tirais toujours qu’à six pas : j’abattais peu de gibier. Les autres tiraient à tort et à travers ; je n’allais, moi, qu’à coup sûr. Dans une conversation, je laisse passer mille choses éloignées auxquelles je pourrais faire des répliques ordinaires ; mais ce qui part entre les jambes, je ne le manque jamais.
    Fatigué par sa tribu de maîtresses exaltées, mais bien vivant, il quitte maintenant Milan pour aller passer quelques jours de remise en forme à Bourbon-l’Archambault, au fond des bains revigorants et sous « les insolences de la douche » pour reprendre la formule de madame de Sévigné qui avait été, en son temps, une adepte forcenée des bonnes eaux du Massif central.
    — Il est à présent en cure à se reposer aux côtés de sa chaste moitié, consigne encore madame de Vaisnes qui semble être tenue informée de ses moindres faits et gestes. Je compte à son retour le bien tourmenter sur sa vie galante pendant son voyage en Italie.
    Quant à la chaste Kelly...
    Madame de Vaisnes n’ignorait évidemment rien de la légèreté qui la caractérisait. Ne disait-on pas que, même mariée, elle avait conservé l’habitude de déambuler dans ses appartements vêtue de ses seuls cheveux longs et blonds ? À la grande satisfaction de ses invités, on s’en doute, et sans que Charles Maurice en prenne ombrage. Il n’était ni jaloux ni regardant.
    Seulement un peu voyeur !
    Il est vrai qu’elle était un ravissement pour les yeux à cette époque, c’est-à-dire avant d’être « confite dans la graisse ». Car elle deviendra énorme, la belle Indienne. On sait même qu’à la fin de sa vie « elle aura peine à marcher, peine à digérer, peine à tout ».
    — C’est aux eaux de Bourbon que je dois la vigueur de mon corps et la verdeur de mon esprit, disait Talleyrand.
    Bourbon, c’était aussi la détente. Il y retrouvait des amis parisiens ou des notables du cru qui n’auraient pour rien au monde manqué de venir dîner avec lui, disputer une partie de whist ou tout simplement bavarder.
    — Il y montrait une facilité d’accès et un agrément de conversation qu’on ne lui connaissait guère autre part, observait alors un de ses secrétaires de cabinet. Il se livrait au charme de penser tout haut ; on aurait dit un grand enfant savourant les heures de la récréation.
    Il se révélait même facétieux, aimant à raconter les mauvais tours qu’il avait pu jouer à tel ou tel individu qu’il n’appréciait guère. À l’ambassadeur

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