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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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d’arsenic.
    Sans dents, on était un soldat inutile puisqu’on ne pouvait plus déchirer les cartouches.
    Erfurt, une petite ville prussienne des bords de la Gera dans laquelle Charles Maurice aimera à fréquenter le brillant salon de la princesse de Thurn und Taxis qui était toujours froufroutant de duchesses et de princesses et dans lequel il pouvait disposer d’un cabinet isolé pour s’y entretenir, autour d’une tasse de thé, avec l’homme de Moscou.
    C’est dans ce cabinet que, selon Metternich, dit aussi « le Blafard », il aurait déclaré franchement au tsar :
    — Que venez-vous faire ici, Sire ? C’est à vous de sauver l’Europe et vous n’y parviendrez qu’en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l’est pas. Le souverain de Russie est civilisé, son peuple ne l’est pas : c’est donc au souverain de Russie d’être l’allié du peuple français. Le Rhin, les Alpes, les Pyrénées sont les conquêtes de la France. Le reste est la conquête de l’Empereur. La France n’y tient pas !
    On devine qu’à la suite de ces bons conseils Alexandre commença à se poser des questions.
    — Pourquoi ne signe-t-il pas ? demanda Napoléon de plus en plus exaspéré. Il est têtu comme une mule ! Il fait maintenant le sourd pour les choses qu’il était prêt à entendre ! Et pendant ce temps-là, ces diables d’affaires d’Espagne me coûtent cher !
    — Finalement, dit André Castelot qui a passé sa vie à mettre ses pas dans ceux de l’Empereur, ils cédèrent l’un et l’autre. Une manière de traité fut signée : la Russie pouvait s’emparer de la Finlande et des provinces danubiennes ; libre à la France d’occuper en Allemagne les places prises après Iéna et de conquérir l’Espagne. Quant à l’Autriche, si elle se montrait trop réticente devant le partage de l’Europe napoléonienne ou si elle osait attaquer l’Empire français, le tsar et Napoléon uniraient leurs forces contre elle.
    Or, Charles Maurice n’ignorait pas que ce traité-là s’envolerait en fumée dès qu’il y aurait un peu de tirage dans les ambassades européennes.
    Aussi, pendant que Kelly vivait une folle aventure sensuelle à Valençay dans les bras de San Carlos, de son côté il connut une grande histoire avec Fouché, le plus retors des policiers de l’Histoire.
    En tout bien tout honneur, s’entend. D’autant qu’ils s’étaient toujours souverainement détestés.
    L’un et l’autre étaient en effet des monuments de cynisme.
    — Monsieur Fouché méprise les hommes, dit-on un jour à Talleyrand.
    — Ah ! c’est sans doute parce qu’il s’est beaucoup étudié, répliqua-t-il avec cette moue qui n’appartenait qu’à lui.
    — Talleyrand ! s’énervait Fouché de son côté. Le moment venu il faudra trouver de la place pour l’enfermer à la prison du Temple.
    — Un ministre de la Police est un homme qui se mêle de ce qui le regarde et ensuite de ce qui ne le regarde pas, contre-attaquait le prince de Bénévent.
    Et ainsi de suite...
    Jusqu’au jour où ils décidèrent de faire cause commune.
    Alors que tout, ou presque, semblait devoir les éloigner à jamais. Parce que le premier était bien élevé, un grand seigneur qui ne craignait pas d’afficher ses maîtresses et ses dettes et que le second était un boutiquier crapoteux. Si l’un avait un peu du sang du duc d’Enghien sur la conscience, l’autre avait les mains couvertes de l’hémoglobine des massacrés de Lyon.
    Or, il se trouva que malgré le mépris qu’ils s’inspiraient l’un l’autre, ils tombèrent d’accord sur un point crucial : Napoléon ne serait jamais rassasié et il fallait que cela cessât.
    Oui, mais cela se sut.
    Et quand l’Empereur eut vent de cette conspiration ourdie par le prince de Bénévent et par le duc d’Otrante, il explosa.
    La fameuse explosion du 28 janvier de 1809 !
    C’était un samedi matin, il était rentré d’Espagne en catastrophe.
    Samedi 28 janvier, huit heures du matin. Dans son cabinet des Tuileries, il a convoqué une poignée de ministres et de dignitaires de l’Empire, à savoir Lebrun, son architrésorier, Cambacérès, son archichancelier, Decrès, le ministre de la Marine, Élisabeth Pierre de Montesquiou, le futur grand chambellan, Fouché, pour la Police générale et son fameux vice-Grand Électeur.
    — Ah, vous voilà !
    Tout ce monde-là ne payait pas de mine. Que se

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