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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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était aussi un prince, envisageait, lui, d’être nommé régent d’Espagne et, sur sa lancée, de monter lui aussi sur le trône. Il se nommait Manuel Godoy.
    En réalité, dans cette trilogie il n’y en avait pas un pour racheter l’autre.
    Charles le prognathe, le roi au nez tombant et à la bouche flasque, passait pour un parfait crétin.
    Et il en était un.
    La preuve, il se piquait de savoir jouer du violon mais quand on osait lui faire remarquer « qu’il allait hors mesure et qu’il serait bon qu’il ralentît un peu », il se contentait tout naturellement de répondre :
    — Un roi n’attend jamais !
    Si Ferdinand, son fils, le prince des Asturies, n’avait pas la lèvre inférieure trop pendante et visqueuse, il affichait pourtant des dents à rayer tous les parquets de l’Escorial. Au point même de souhaiter épouser une quelconque princesse de la famille Bonaparte pour obtenir la Couronne, envoyer son père à l’hospice et éliminer le bonhomme Godoy qui se voyait, lui aussi, en successeur de Charles Quint.
    Godoy ! On le surnommait le prince de la Paix mais le peuple le détestait. Il avait cependant le soutien de la reine Marie-Louise (l’épouse du roi fatigué et la mère du prince des Asturies) qu’il connaissait tout à fait intimement.
    Une ambiance digne des Atrides !
    Dans ce cas de figure, l’Espagne étant un fruit mûr de 11 millions d’habitants et de 150 millions de revenus qui manquait à sa corbeille, Napoléon se lança dans la cueillette.
    Avec le feu vert de Charles Maurice qui continuait de régler ses comptes avec les Bourbons. Sans doute se vengeait-il encore de l’Ancien Régime qui l’avait plus couvert de chasubles que d’or, et de Louis XVI qui avait refusé de lui accorder sa confiance.
    — Oui, dit-il alors à madame de Rémusat, tout ceci ne sera achevé que lorsqu’il n’y aura plus un Bourbon sur un trône d’Europe.
    Même son de cloche chez Napoléon qui se confie ainsi à Metternich :
    — Les Bourbons sont mes ennemis personnels. Eux et moi nous ne pouvons occuper en même temps des trônes.
    Ce fut ainsi que, le 18 octobre de 1807, l’armée française entra en Espagne.
    À la plus grande satisfaction de Ferdinand des Asturies qui, on l’a vu, voulait se débarrasser de son père et anéantir l’infâme favori Godoy. Mais aussi quelle embrouille ! Quand le père n’emprisonne pas le fils, c’est le fils qui poursuit le père et qui jette son favori au cachot, si le père consent à abdiquer le lundi, c’est pour proclamer, le mardi, que le roi c’est lui. Et par-dessus tout cela, Godoy est l’amant de la reine !
    Autant dire que le peuple n’était plus gouverné.
    Dans ces conditions, Napoléon décide qu’il faut changer la dynastie espagnole et que celle des Bonaparte fera l’affaire.
    — Louis, demande-t-il aussitôt à son frère le roi de Hollande, accepteriez-vous de vous installer sur le trône d’Espagne ?
    Non. Le mari d’Hortense refuse catégoriquement d’aller vivre à l’Escorial. Il est indigné, même, à l’idée que son frère, tout empereur qu’il est, puisse le déplacer comme un simple fonctionnaire.
    — Joseph, dit alors Napoléon à son autre frère, vous allez quitter votre royaume de Naples pour celui de Madrid.
    Moins susceptible que son cadet, Joseph ne rechigne pas, il deviendra Don José primero.
    Il est vrai que Louis était toujours convaincu qu’on le persécutait. Il se méfiait de tout le monde et particulièrement de sa femme. Aigri, maladif depuis le jour où il avait contracté une bonne galanterie fort mal soignée, il ne se mettait au lit que revêtu de la chemise d’un galeux dont la vertu était censée le soulager de ses humeurs.
    Plaignons la belle Hortense de Beauharnais qui était si sensible, si frêle, si langoureuse.
    Depuis la perte de leur premier enfant, en mai 1807, Louis le taciturne s’était mis en tête que sa femme conspirait contre lui, qu’elle cherchait à l’empoisonner et qu’elle le trompait.
    Sur ce dernier point, il avait parfaitement raison.
    Et il est d’ailleurs possible que le bambin qu’elle mit au monde le mercredi 20 avril 1808, sous les yeux de Talleyrand, n’était pas le fils... de son père.
    Cette nuit-là, à Paris, on est venu réveiller Charles Maurice.
    — Vite, lui dit-on, venez vite ! La reine de Hollande est sur le point d’accoucher ! Vite, en votre qualité de vice-Grand Électeur vous devez être témoin et

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