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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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maigre sourire aux lèvres, rare démonstration d’affabilité de la part de cet homme renfrogné.
    — Messire Loiselle, plaisir de vous revoir en mon modeste établissement, se fendit maître Arroi. Avez-vous fait beau négoce ?
    — Oui-da et je viens céans me défatiguer les membres. (Jetant un regard à la salle peu fréquentée, il ajouta :) Allez, rien ne rend plus généreux que la chance en affaires, et j’aurais bonheur à partager un gobelet du meilleur en votre compagnie.
    Une offre qu’aucun tenancier digne de ce nom ne refusait.
    Étrangement, lorsque Michel Loiselle, faux mercier chartrain de son état, voulut s’installer à une table centrale, une moue et un clignement d’œil appuyé de l’aubergiste l’en dissuadèrent, suivis d’un :
    — Votre habituelle table, messire Loiselle ?
    Dissimulant sa surprise, le faux mercier approuva d’un hochement de tête et se laissa conduire à l’autre bout de la salle, le plus loin possible d’une jeune et jolie cliente, n’eussent été ses cheveux d’un roux flamboyant qui dépassaient de sous son bonnet de fin linon.
    Michel Loiselle, un sourire de marchand satisfait aux lèvres, attendit que maître Arroi s’asseye en face de lui, dos tourné à sa cliente, et les serve. Le tenancier atrabilaire le questionna d’une voix forte sur ses allées et venues, ses achats, ses ventes, multipliant les mimiques, les grimaces et les clignements de paupières au point que Loiselle eut du mal à retenir un pouffement. Alors qu’il contait à maître Arroi une nouvelle anecdote inventée, celui-ci murmura :
    — J’me méfie. La p’tite donzelle me paraît bien fureteuse, si m’en croyez.
    Aussitôt, Michel Loiselle fut sur ses gardes, en dépit de son sourire de commerçant un peu fat et grisé par les deniers prétendument amassés.
    Ils poursuivirent leur discussion, échangeant de petits riens dépourvus d’intérêt, Loiselle remplissant le gobelet de maître Arroi avec libéralité pendant que celui-ci, à court de questions concernant la mercerie, en venait à évoquer feu maîtresse Arroi.

    Céleste La Mouche s’ennuyait maintenant à périr. Entre le boutiquier que ses gains rendaient affectueux et le gargotier qui usait d’allusions de plus en plus précises pour expliquer que si maîtresse Arroi avait le caractère marqué et vociférant, elle savait se « faire chatte » à la nuit, « si vous voyez où’c’que je vous mène », elle devenait incapable de choisir celui qui la lassait le plus. Quant au couple attablé juste à côté d’elle, une seule chose semblait les occuper et leur ternir l’humeur : le père de l’une, beau-père de l’autre qui s’acharnait à vivre, les privant de l’héritage qu’ils convoitaient. Ces déballages ne lui apportant rien, pas même une distraction, elle se leva. D’autres auberges de Nogent pouvaient se révéler plus intéressantes, ne fût-ce que pour se divertir un peu en compagnie moins médiocre.

    Dès qu’elle fut sortie, maître Arroi s’interrompit au bon milieu d’une phrase de louange vantant, cette fois, les qualités culinaires de sa bonne femme décédée. D’un ton si bas que Loiselle dut se pencher afin de l’entendre, il expliqua :
    — Avec mon respect, contrairement à vous, qu’êtes bon gars, généreux marchand, j’la renifle pas franche de garrot celle-là ! Commerçante, qu’elle affirme ? De quoi ? J’sais point trop pisqu’ quand j’lui ai posé des questions, c’était pas les détails qui l’étouffaient. J’suis pas tombé d’la dernière pluie, messire.
    Feignant l’étonnement, Loiselle s’enquit :
    — Diantre, que voulez-vous dire, maître Arroi ? Pensez-vous qu’il s’agirait d’une… fille de mauvaise vie ?
    — Non pas… Quoiqu’à son sourire effronté, j’jurerais pas qu’elle est pas leste de cuisse. Non, elle tarit pas d’questions. On n’aime pas les questions, dans mon métier ! asséna l’aubergiste dont le débit se faisait un peu pâteux après quatre gobelets tassés de vin.
    — Nos métiers ont donc cette caractéristique en commun, approuva Loiselle. Ma devise : je n’ouïs rien, ne comprends rien, ne dis rien.
    — Belle sagesse, que j’partage.
    Une sorte d’instinct prévint Michel Loiselle qu’il devait obtenir davantage de précisions sur la jolie cliente. Toutefois, il convenait de ne pas effaroucher l’aubergiste par des demandes trop précises. La meilleure manière de

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