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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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le pousser aux confidences consistait à l’inquiéter tout en lui proposant un soutien.
    — Méfiez-vous… Point de fumée sans feu, l’ami. La prudence est de mise pour des hommes de nos occupations. Que de revers en perspective pour qui ne sait éviter les ragots ! Il convient de percer ce que veut cette donzelle. Je puis vous y aider. Si vous saviez les secrets qui s’échangent chez un mercier, vous en auriez les tripes retournées ! (Décidé à affoler l’autre, certain que maître Arroi avait de la probité commerçante une vision toute personnelle s’il en jugeait par le coupage du vin servi, il poussa l’avantage :) Pensez-vous… qu’elle enquêterait pour le compte du bailli ?
    L’autre blêmit et se défendit si maladroitement, que Loiselle sentit qu’il se trouvait sur la bonne voie.
    — Euh-là ! J’ai rien à m’reprocher, protesta-t-il.
    — J’en suis bien certain. Toutefois, les gens sont si fielleux et envieux. Que n’iraient-ils inventer afin de porter tort à d’honnêtes commerçants ?
    — Ben vrai ! vitupéra maître Arroi en proposant : vous m’êtes si plaisant que j’offre à mon tour le cruchon !
    Il se leva et se dirigea vers la cuisine d’un pas un peu incertain. À cette sidérante marque de générosité, Loiselle sut qu’il avait ferré le poisson et qu’il convenait ensuite de le ramener sans heurt dans sa musette. Ils étaient maintenant seuls dans la salle, le couple de clients maussades ayant quitté les lieux.

    Maître Arroi se réinstalla et les servit d’une main si peu assurée qu’il tacha la table d’une large coulée de vin. Inquiet, l’atrabilaire demanda :
    — Vous croyez ? Qu’c’serait une espionne du bailli ?
    — Je ne puis l’assurer. (Le faux mercier prétendit hésiter et déclara :) L’ami, la griserie du vin me monte à la tête et je vous renifle bien. Aussi vais-je vous conter une fâcheuse histoire qui m’est advenue il y a quelques années. Une donzelle, si charmante qu’on lui aurait donné le paradis sans confession. Un véritable furoncle, oui ! La voilà qui m’interroge en cordialité sur la provenance de mes agrafes de manches. J’avais cru de bonne foi qu’elles provenaient du royaume anglais 8 en raison des menteries d’un fournisseur. En toute bonne foi, je vous l’assure, insista le faux mercier, avec assez de roublardise pour que l’autre sache qu’il avait fraudé. Que d’ennuis, que d’ennuis 9  ! En réalité, ces maudites agrafes n’avaient d’anglais que le mensonge de mon fieffé coquin de revendeur qui les avait achetées en Alsace. Dieu du ciel ! Vous les auriez vus, ces charognards… pardon, ces gratte-plume du bailli… fouillant mes écritures, interrogeant mes employés, mon épouse, bref toute ma mesnie, au point que je finis par me croire malandrin des chemins, moi, un probe mercier !
    — Quelle honte, quelle horreur, bafouilla maître Arroi qui s’y voyait déjà.
    — Justes termes ! Quelle fâcheuse notoriété aussi. Ils ont bien failli me casser les reins. Imaginez ! L’histoire fit le tour de Chartres et de ses faubourgs, au point que mes bons clients, qui la veille me saluaient en amitié, m’évitaient le lendemain, pensant que je les avais peut-être trompés ! Comment des clabaudages vipérins ternissent vilainement la réputation sans tache d’un homme ! Aussi, je me sens en entente avec vous et désire vous épargner ce que je vécus, qui faillit me coûter ma réputation et mon fonds de commerce. Serrons-nous les coudes !
    Finissant par se croire menacé, maître Arroi était attendri de ce renfort.
    — Vous me chauffez le cœur, avoua-t-il, l’alcool ingéré ajoutant à son émotion.
    — Si on ne s’entraidait pas entre négociants, où irait le monde ! Et donc, ces questions… celles de cette donzelle, de quel ordre sont-elles ? s’enquit Loiselle en adoptant une mine de conspirateur.
    — Suspectes. Mais la fille est madrée. Elle tourne autour du pot. Ooohhh, maintenant ça me r’vient, sa façon de s’incruster à certaines tables quitte à offrir le gorgeon. Elle s’renseigne, pour sûr ! Alors, elle noie le poisson, elle parle de choses et d’autres, d’une sienne cousine de la région, tout ça pour tirer les confidences.
    — Une sienne cousine de la région ? Qu’elle est plaisante cette fable ! Idéale afin d’amadouer le chaland.
    — Si fait, approuva maître Arroi en vidant son gobelet d’un trait. Une

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