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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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demeure. Deux des murs étaient tapissés de hauts dorsaux brodés de scènes sylvestres et des tapis profonds recouvraient le sol. Deux chaises aux pieds tournés flanquaient un guéridon de bois de rose sur lequel trônait un vase. Un bouquet de branchages colorés s’y épanouissait. Un charme indiscutablement féminin se dégageait du lieu.
    Blandine Leguet semblait tout à la fois contente et étonnée de le voir. Ses beaux cheveux châtains enroulés en tresse autour de son crâne ajoutaient à son allure juvénile. La housse mi-longue de cendal lie-de-vin qu’elle portait sur une cotte de laine fine gris clair soulignait la finesse de sa silhouette. Le regard de Druon effleura la tapisserie qu’elle avait reposée sur une escame à son entrée. Une délicieuse brassée de marguerites 3 .
    — Messire mire, en avez-vous terminé avec l’examen de ce pauvre Jean Le Chauve ?
    — Si fait, madame. Selon mes constatations, il ne s’est pas défendu.
    — A-t-il… souffert ?
    — Le trépas fut rapide.
    — Un soulagement bien mince. Avez-vous gagné quelque autre lumière ?
    — Malheureusement, non.
    Se méprenant sur l’objet de sa visite, Blandine déclara :
    — Mon époux s’active dans son officine. Si vous désiriez…
    Druon l’interrompit d’un geste doux avant d’expliquer :
    — En réalité, je souhaitais m’entretenir avec vous…
    Embarrassé, il marqua une courte pause. L’avenant sourire de Blandine se figea :
    — Vous m’inquiétez, messire. De grâce, parlez.
    Incapable d’imaginer approche moins brutale, Druon se lança :
    — Je vous avoue mon encombre, madame. Sachez que ce qui s’échangera céans restera entre nous. Sur mon honneur.
    — Fichtre ! Me voilà tout à fait alarmée.
    — Votre pardon. J’ai eu… comment dire ?…. le sentiment que vous éprouviez quelques réserves au sujet du seigneur Luc d’Errefond. J’ai cru comprendre que le soudain décès de sa troisième épouse provoquait en vous un certain trouble.

    Blandine Leguet serra les lèvres et baissa la tête, à l’évidence très gênée. D’un geste inconscient, elle joua avec la clef, délicate dentelle de métal, pendue à la mince ceinture d’argent qui serrait sa robe. Peut-être la clef du cabinet 4 de l’antichambre, dont les portes marquetées de nacre, d’agates rouges, vertes ou blanches et de corne évoquaient l’élégante facture italienne.
    — Je vous l’assure à nouveau. Vos propos demeureront en stricte confidence. Ma parole devant Dieu.
    Cherchant les mots appropriés, Blandine hésita encore quelques instants, puis poussa un long soupir avant de proposer en désignant les chaises :
    — Assoyons-nous, messire mire.
    Après un nouveau et bref silence, elle admit :
    — Au fond, je vous remercie de cette opportunité de confier… ce que je retiens depuis longtemps. Toutefois, ai-je le droit de vilipender, peut-être à tort ? Ne s’agit-il pas que d’une intuition de femme ? Un emballement nerveux ?
    — Dame Blandine, mon enseignement et ma pratique m’ont conduit à séparer toujours les certitudes des suppositions. Aussi traiterai-je ce que vous accepterez de me narrer ainsi qu’une simple hypothèse.
    Cette sortie parut rassurer la jeune femme, qui déclara d’un ton lent :
    — Toutes trois ont trépassé… soudainement. Un jour bien vive, le lendemain déjà en bière, du moins pour deux d’entre elles. Néanmoins, je gagerais qu’un sort identique échut à la troisième.
    — En bière ? Sans que leurs dépouilles aient été bénies, veillées ?

    Après un bref silence, Blandine approuva d’un hochement de tête et précisa :
    — Je le tiens de Florence, la vieille nourrice de Mme Anne, la deuxième épouse du seigneur d’Errefond. Florence, ainsi qu’il est d’us, avait suivi sa dame après son mariage. Quelle affection, quelle admiration elle lui portait ! Je croisais souvent la nourrice au village, lorsqu’elle venait acheter des freluques 5 à sa maîtresse ou les lotions de cheveux ou de visage que lui préparait mon époux. À la messe aussi, parfois. De joviale nature, aimant les petites causeries cordiales… pourtant, j’ai vu sa mine s’assombrir de mois en mois au point que, m’enhardissant, je lui en ai demandé la cause. Après moult tergiversations, poussée par l’appréhension, elle a fini par se livrer. Il convient que je souligne un fait d’importance : bien que de parler un peu rude,

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