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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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devrait un jour examiner des cadavres afin de déduire les causes de leur mort.
    Escorté par Anchier Vieil, venu les quérir au tôt matin, ils s’étaient rendus à Berd’huis, jusqu’à cette grange où l’on avait allongé la dépouille de Jean Le Chauve, feu le scribe et homme à tout faire du père Simonet de Bonneuil.

    Le croque-mort les attendait, assez désireux d’en finir et de porter le corps en terre avant qu’il ne pue à dégorger. Druon salua l’homme au long visage triste et gris, assez en accord avec sa profession.
    Le Chauve reposait sur une large planche montée sur tréteaux. L’odeur forte et plaisante des essences de bois amassées avant d’être transformées en bières les environnait, atténuant celle qui commençait à émaner du cadavre. Des cercueils de toutes tailles, dont bon nombre destinés à des enfants, voire des nouveau-nés, semaient le sol de terre battue, attendant leurs occupants, dont certains pas encore nés, occupants qui ignoraient que leur ultime demeure avait déjà été clouée afin de les accueillir. Étrange cimetière, n’existant déjà plus dans le monde des vifs, pas encore dans celui des défunts. Coquilles de bois béantes en attente de coquilles charnelles vidées de vie.
    Le croque-mort, que ce déroutant étalage d’entre-mondes ne surprenait plus depuis belle heurette 1 , les abandonna après un :
    — Faut faire vite maintenant, messires. C’est point sain la charogne, qu’è soit humaine ou autre. Et pis, voyez toutes ces mouches. Répugnant ! Grasses, molles et ça vous tombe dessus de dégoûtante façon. Mon ouvrage est bien plus plaisant au plein d’l’hiver, ça, j’vous l’dis !
    De fait, un insistant bourdonnement environnait le macchabée.

    Talonné par Anchier qui ne pipait mot, Druon s’approcha, chassant les insectes d’un revers de main. De frêle stature et de courte taille, presque décharné, Jean Le Chauve gisait, sa peau de la couleur cireuse de la mort. Ses rares cheveux gris trop longs collaient à son font. D’un geste doux, Druon les balaya vers l’arrière.
    Il commença par examiner les vêtements du scribe. Le fameux mantel de burel, des braies 2 de gros chanvre et une tunique en laine bouillie, passée sur un chainse dans un aussi piètre état que ceux trouvés dans l’almaire du prêtre. Tous souillés et raidis de sang sec et brunâtre.
    — De grâce, commentez, mon maître, afin que j’apprenne ! s’impatienta Huguelin.
    — Oui-da, cela m’est aussi d’un vif intérêt, approuva Anchier Vieil.
    Le jeune mire obéit à leurs gentilles protestations.
    — Aucune déchirure. L’agrafe du col de son mantel n’est pas arrachée. Pas de souillure de terre, ni sur ses braies, hormis aux genoux, ni ailleurs, qui puisse indiquer qu’il fut traîné au sol… Or donc, si lutte il y eut, elle se fit sur place, sans âpreté particulière. Aide-moi à le dévêtir.
    La rigor mortis , partiellement désinstallée, rendit leur tâche plus aisée. Druon détailla les poignets, les paumes, les avant-bras, le torse maigre et les épaules du mort sans rien découvrir de suspect, aucune marque indiquant une tentative de défense de la part de Jean Le Chauve. Huguelin, collé à son flanc, ne perdait pas un de ses gestes. Druon passa ensuite à la longue balafre circulaire qui courait tout le long de la face antérieure du cou. Il tira un étui de cuir épais de sa bougette et en extirpa une lancette 3 qu’il inséra dans la coupure avec délicatesse jusqu’à sentir la pression des chairs contre sa pointe. Peu profonde, la blessure n’aurait pu occasionner la mort par hémorragie, contrairement à la plaie assénée brutalement dans la carotide. Brutalement, mais avec une rare précision.
    Il annonça ses déductions à ses deux compagnons d’une voix plate et poursuivit comme pour lui-même :
    — Une mise à mort assez comparable à celle du père Simonet de Bonneuil. Une technique meurtrière de diversion ? Attirer l’attention du père sur le lien qui serrait sa gorge, celle de Jean Le Chauve sur la douleur, sans doute supportable, de la longue plaie, puis les achever ? Pourquoi ? Les immobiliser ? Leur faire accroire qu’ils auraient la vie sauve s’ils passaient aux aveux ?
    — Qu’en pensez-vous ? le pressa Anchier.
    — Trop tôt pour se faire une idée, mon ami.
    — On l’a saigné tel un goret, n’est-ce pas, mon maître ?
    — Oui. Et il n’a pas même tenté de parer

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