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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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pour ma vie. De grâce, dame Blandine, s’il m’arrivait fâcheux sort, ne permettez pas que ce vaurien, cet assassin reprenne épouse. »
    Les larmes brillèrent dans le joli regard noisette, et Blandine admit d’une voix tremblante :
    — Je n’ai rien tenté et me suis tue. Une troisième femme a péri, et sans doute a-t-il fait éliminer Florence. Une autre suivra, j’en mettrais ma main au feu. Je m’en veux à étouffer. Un suffocant remords me réveille parfois, m’empêchant de me rendormir.
    — Vous ne pouviez être certaine de la véracité des affirmations de Florence. Accuser quelqu’un de haut, sans preuve formelle, aurait relevé de l’impudence, de la coupable légèreté de paroles, tenta de la rassurer Druon.
    — La gentille atténuation, murmura-t-elle. Cependant, je ne puis l’accepter. J’ai eu peur, voilà tout, et me suis montrée indigne.
    — Quel mot blessant ! protesta le jeune mire.
    — Certes, mais juste.
    Une larme dévala des paupières de Blandine Leguet qui l’essuya d’un revers de main, sans paraître en avoir conscience.
    — Oh, madame… balbutia Druon à la fois peiné par le chagrin de la jeune femme et embarrassé d’en être témoin.
    Elle le fit taire d’un geste léger et débita d’une voix plate, comme si elle évoquait une lointaine cousine :
    — Indigne, je persiste. Une bien vilaine cicatrice à mon âme. Je vous veux conter une part de mon passé qui vous montrera comme je suis blâmable.
    — Madame…
    — De grâce. Je fus mariée très jeune, dès mes treize ans, à un odieux soudard, violent, grossier, obscène. La lie de la terre emballée dans de luxueux vêtements. À deux reprises, je ne dus mon salut qu’à ma fuite précipitée. Lorsqu’il se fit navrer une nuit, dans une venelle, au sortir d’une maison lupanarde, je tombai à genoux afin de remercier la très tendre Vierge de m’avoir épargnée. Un jour ou l’autre, au comble d’une beuverie, il m’aurait occise. J’étais son bien et il entendait en disposer à son vouloir. Ma route croisa ensuite celle de Gabrien. J’en remercie Dieu chaque jour. J’ai été si fortunée ! Ces épousailles m’ont fait pénétrer dans un monde de douceur, d’amour, de respect dont je doutais qu’il existât. J’aurais dû me montrer bien plus reconnaissante envers ce don du ciel. J’aurais dû… tenter quelque chose… M’enquérir plus fermement de Florence, mettre en garde la troisième dame d’Errefond… Une indignité, vous dis-je. Une coupable, impardonnable lâcheté, que mon silence.
    Bouleversé par le chagrin, les regrets de la jeune femme, Druon ne savait que répondre. Un court et pesant silence s’ensuivit, que Blandine rompit, essuyant à nouveau ses larmes.
    — Messire… il me faut… je dois me racheter, ne serait-ce que pour honorer la mémoire de ces femmes. Je ne puis vivre plus longtemps avec ce honteux poids qui m’étouffe. M’y aiderez-vous ? Pour l’amour de Dieu ? Je ne suis qu’une femme, pas née de haut, et je refuse de mettre en péril mon époux. Je refuse qu’il souffre pour ma grande faute.
    — Mon intention, madame. Ma très ferme intention. S’il s’avère que le seigneur Luc d’Errefond a trucidé ses trois épouses ainsi que Florence, il paiera. J’en fais le serment.
    Druon se leva, luttant contre une inattendue fatigue. Blandine se précipita vers lui et lui saisit les mains en reconnaissance.
    — Ah monsieur… comment pourrais-je un jour vous remercier ? Un autre miracle que votre venue céans. Comment comptez-vous procéder ? On n’importune pas le seigneur d’Errefond sans risque.
    — À seigneur, seigneur et demi, sourit le jeune mire avant de la saluer.
    — Je ne…
    — Pas encore, madame, avec votre permission.
    — Auriez-vous quelqu’un en votre manche 9  ? insista-t-elle pourtant.
    — Oh non, madame. Celui à qui je pense est de bien trop d’envergure pour se faufiler dans une manche à la manière d’un mouchoir ! À vous revoir sous peu.
    Il fut heureux, flatté qu’elle n’exige pas à nouveau de lui une promesse de discrétion. La finesse de dame Blandine lui avait permis de sentir que son interlocuteur ne trahirait jamais sa confiance.
    1 - Au XIX e  siècle, l’expression deviendra « y mettre de l’huile de coude ».

    2 - Le mot, très ancien, est d’origine germanique raffen . Il signifiait strictement à l’époque « emporter ». Ses connotations policières ne

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