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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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destiner notre actuelle chambre au seigneur bailli, la chambre d’honneur qui lui revient de droit et de sang. Je suis bien certain que vous nous pourrez accueillir en lieu tout aussi confortable.
    Au mince soupir de soulagement que poussa le petit homme, Druon sut qu’il n’avait pas osé le proposer, craignant d’infliger un grave affront.
    — Si vous… euh…
    — Tout à fait. Messire d’Avre la mérite.
    — Eh bien, je… Oh là ! cria-t-il. Quelqu’un, au service ?
    La petite Muguette se précipita, écouta sans un mot et se plia en révérence avant de repartir aussi vite.
    — Messire, votre délicatesse…
    — Il ne s’agit point de délicatesse, mais d’amitié pour messire d’Avre et pour vous.
    — Un beau seigneur, approuva Huguelin. Rassurant, aussi.
    — Et pourquoi cela, petit ? s’enquit Gabrien Leguet.
    — Parce que nul ne lui baille le lièvre par l’oreille. Parce qu’il est bon, juste, mais ferme. Parce qu’il regarde, écoute nous autres petites gens avec bienveillance. Parce qu’il ne connaît nulle complaisance pour ceux de haut, comme lui. Je l’aime bien.
    — Voilà le plus joli portrait dont puisse rêver un homme, approuva l’apothicaire en souriant.

    Au soir échu, on eût pu croire qu’aucun ouragan ne s’était abattu tout le jour en la demeure. Toute la mesnie semblait parfaitement calme, apte à régler n’importe quelle situation épineuse. Épuisée, Blandine avait dormi deux heures afin de s’apaiser les nerfs et de calmer sa migraine, avant de se vêtir pour son prestigieux invité. Lorsqu’elle descendit enfin, elle était tout simplement ravissante dans sa cotte vert tendre que recouvrait un surcot indigo 4 à larges manches fendues et tombantes. Elle avait ramassé ses cheveux dans une résille semée de petites perles grises qui mettait en valeur la finesse de ses traits. Après un gentil signe de tête en remerciement des compliments de son époux, elle héla Martine qui se précipita et récita le menu, composé de six services. Un festin digne d’un roi attendait M. d’Avre. Amusant puisque Druon le savait frugal, préférant le pain à tout autre mets. Tous s’installèrent en silence, attendant l’arrivée du bailli de Nogent-le-Rotrou.

    Lorsqu’il parut peu après dans la vaste salle commune, le cœur de Druon s’emballa. Il ressemblait tant à son père, Jehan ! Deux êtres que la nature avait distingués, leur octroyant généreusement ses dons, quand elle pouvait se montrer si pingre envers d’autres. À la vérité, Louis d’Avre était très impressionnant. De haute taille, son visage maigre, ses yeux bleu pâle, son regard intense et même son vêtement de cendal, de brunette et de cuir sombre trahissaient son austérité.
    Louis d’Avre se débrouilla fort bien des compliments, éloges, remerciements maladroits du couple Leguet, avec élégance et bonté en dépit de sa langue précise et sans embellissement. Druon intercepta son regard ému, lorsqu’il se posa sur la tache de vin de Sédille qui patientait afin de le débarrasser de son mantel. N’avait-il pas évoqué sa petite dernière, Blanche, lente d’esprit, sa colombe ainsi qu’il l’avait appelée ? Monsieur d’Avre connaissait la méchanceté de bon nombre pour les infirmes de naissance. Il s’avança ensuite vers le mire et Huguelin en s’exclamant :
    — Nous voilà devenus inséparables ! Je m’en réjouis, monsieur. Vous m’avez manqué, vos impertinences aussi. Comment te portes-tu, Huguelin ?
    Impressionné qu’un si haut personnage, dont tous savaient qu’il avait l’oreille de messire Charles de Valois, frère du roi, prête attention à lui, Huguelin bafouilla :
    — Fort bien messire, le merci. J’apprends avec assiduité. Je deviendrai mire à mon tour.
    — Et tu ne peux rêver meilleur maître.
    Louis d’Avre se tourna vers Blandine, blême d’appréhension, et vers Gabrien qui semblait plongé dans un autre monde.
    — Madame, je suis votre humble serviteur. Votre maison et votre accueil vous font honneur. J’y vois main de femme accomplie. Monsieur, mon plaisir et ma gratitude d’être votre invité. Certes, si j’en juge par la courte missive de mon bon ami le mire, notre dîner ne sera pas que plaisance. Soyez toutefois assurés, même si mes manières de bailli peuvent paraître rudes, que je me sens chez vous en cordialité.
    — Un verre d’hypocras, ou de cidre, vous siérait-il messire, afin de vous

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