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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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ai-je la déplaisante impression que vous me cachez – à nouveau – des précisions ?
    Aussitôt inquiète, Blandine se redressa sur son siège, se tournant vers son époux, qui semblait ne pas avoir compris la pique. Quant à Anchier, il baissa la tête vers son gobelet, fort mal à l’aise.
    — Non pas, se défendit Druon en s’efforçant de conserver son calme.
    — Sur votre honneur ? le poussa le bailli.
    — Sur mon honneur, même s’il ne s’agit pas de celui qui viendrait aussitôt à l’esprit.
    Cette acrobatie de langue lui valut un autre regard appuyé. Fin renard, messire d’Avre décida de ne pas ajouter à l’embarras palpable des autres convives. Toutefois, Druon fut certain qu’il reviendrait sous peu à la charge.
    1 - Rappelons que nul ne pouvait chasser sur les terres seigneuriales.

    2 - Ou églefin. A donné « aigrefin », escroc.

    3 - Peut se traduire par « qui se ressemble, s’assemble ». Traduction de ejusdem farinae .

    4 - Une teinture onéreuse, réservée aux vêtements luxueux.

    5 - Dérivant du verbe « frire », le termes désignait à l’origine des « mises en bouche » qu’elles soient salées ou sucrées.

    6 - Mauvais cheval, maigre. S’applique également au figuré à une femme grande, sèche et maigre. Rappelons toutefois, que le terme « cheval » que nous avons gardé, dérivé de caballus , était péjoratif, désignant un mauvais cheval, contrairement au terme de latin classique equus .

XXXV
    Saint-Agnan-sur-Erre, novembre 1306
    L Le souper, fastueux, fut servi dans la salle commune dont on avait allumé tous les chandeliers. Au deuxième service – un potage de courge au lait d’amande – fit suite un civet de chevreuil à l’aigre douce 1 accompagné d’une purée de fèves. En dépit de son peu de goût pour les mets ostentatoires, Louis d’Avre s’appliqua à leur faire honneur. La conversation ne fut qu’interrogations, spéculations. Anchier Vieil, son malaise disparu, y participa en ne tarissant pas d’éloges sur la méthode d’observation et de déduction du mire. Huguelin acquiesçait de vigoureux mouvements de tête à chaque nouveau commentaire. En revanche, les époux Leguet se limitèrent à des considérations au sujet des deux hommes trépassés de violente manière. Le quatrième service 2 , un splendide blanc-manger 3 , fut déposé devant eux, dans de petits bols d’argent. Démontrant à nouveau sa subtilité, Louis d’Avre se tourna vers Blandine et s’enquit :
    — Vous avez, madame, attribué au père Simonet de Bonneuil un caractère parfois emporté ?
    — Le terme approprié serait davantage « vif », biaisa la jeune femme, en interrogeant Druon du regard, un regard que Louis d’Avre intercepta.
    — Vif au point de se faire des ennemis ?
    — Oh, j’en doute, rectifia Blandine Leguet avec si peu de conviction que nul ne la crut.
    — Mais encore ? persista le bailli qui avait flairé une piste.
    — Disons qu’il… tançait parfois certaines ouailles, se démena la jeune femme.
    — Hum… je vois.
    Druon ne fut pas dupe. Louis d’Avre réclamerait plus tard de robustes explications qu’il ne pouvait exiger sans incivilité lors d’un souper cordial.

    La conversation reprit un tour plus léger autour de l’issue, une dariole 4 à l’appareil 5 caramélisé à souhait et un verre d’hypocras. Enfin le boute-hors, des épices de chambre, leur fut servi.
    M. d’Avre, que les conversations de convenance n’enchantaient guère, demeurait silencieux depuis quelques instants, laissant aux autres le soin d’animer la fin du repas. Huguelin réprima un bâillement et Druon sauta sur l’occasion pour déclarer d’un ton affable en se levant :
    — Mon jeune apprenti lutte contre la somnolence. Nous avons rude journée demain… La fouille méthodique de la cure. Avec votre permission à tous, nous allons nous retirer pour la nuit. Madame et messire Leguet, grand merci pour cette éblouissante mangerie 6 et votre si aimable hospitalité.
    Louis d’Avre l’imita et prit congé à son tour, après moult compliments.
    Parvenu en haut de l’escalier, le seigneur bailli murmura :
    — Petit, rejoins ta chambre. Ton maître me suit dans la mienne. Nous avons à nous entretenir, je gage.

    Si Druon avait espéré un répit d’une nuit avant de devoir fournir une explication convaincante, il fut déçu. Il aurait été peu judicieux et outrecuidant de ne pas se soumettre, aussi

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