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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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fine broderie, d’un pourfil 6 ou d’orfraisages. Eh bien, ne voilà-t-il pas que d’aucuns ont eu la saugrenue idée de proposer des ourlets déchiquetés 7 artistement, comme s’il s’agissait de haillons ?
    — Diantre !
    — N’est-ce pas ? Voyez-vous, la mode me permet de vivre en beau confort. Il est heureux qu’elle change afin que les dames et les messieurs remplacent leur garde-robe, sans quoi, comment subsisterions-nous ? Toutefois, certains… bouleversements me semblent bien étonnants. Et dans ce cas, assez disgracieux. Bah… les choses vont ainsi.
    Ils discutèrent encore un peu puis Sylvine se leva afin de le servir et de s’occuper des nouveaux arrivants.
    Loiselle savait ce qu’il voulait. Druon/Héluise se trouvait à portée. L’évêque allait être satisfait.
    1 - Le lynx et la zibeline étaient réservés aux nobles.

    2 - Il s’agissait de sorte de claquettes, évoquant ce que portent les femmes japonaises habillées de façon traditionnelle.

    3 - Intermédiaire qui vendait des vivres de toutes sortes.

    4 - Ancien, le mot est d’origine incertaine et n’a rien à voir avec « rouble ».

    5 - Prendre langue, vieille expression signifiant : entrer en contact avec quelqu’un.

    6 - Bande de fourrure qui servait à border tous les ourlets ou ouvertures des vêtements de luxe.

    7 - Ils furent en effet à la mode. Il s’agissait de coupures en forme de dents triangulaires.

XXXVIII
    Bellême, novembre 1306
    B Bâtie sur un site défensif, la ville jadis close apparaissait de loin, entourée d’une vaste forêt.
    Née en 950, la première seigneurie de Bellême avait eu pour mission de repousser l’envahisseur scandinave. L’importance stratégique de cette enclave n’avait cessé de croître, expliquant les tiraillements des successifs seigneurs tantôt séduits par le roi de France, tantôt par le puissant duché de Normandie. La ville s’était donc étendue, sortant de ses remparts, profitant d’alliances politiques ou de mariages pour finir par revenir dans le giron de Rotrou III, comte du Perche. Lorsqu’au début du XIII e  siècle, la prestigieuse lignée s’était éteinte, Bellême avait été rattachée à la couronne de France. Les velléités de Pierre Dreux, dit Mauclerc, duc de Bretagne, qui convoitait depuis longtemps la seigneurie, avaient si fort ulcéré la reine veuve de France, Blanche de Castille 1 , qu’elle n’avait pas hésité à assiéger la ville 2 afin de la restituer à son fils, Louis IX 3 , alors âgé d’à peine quinze ans.

    Épuisé, le chevalier templier Hugues de Plisans somnolait, la tête entre les mains, les coudes plantés sur la table, en l’auberge de la Reine-Blanche. Dès réception du sibyllin message de son parrain d’ordre, le chevalier Eudes de Sterlan, il avait quitté la capitale et galopé à bride abattue afin de rejoindre Bellême au plus preste, sans prendre le temps de dormir, ou même de se restaurer.
    Il regrettait un peu de n’avoir pu accompagner sur quelques lieues ses frères en partance, que son oncle, le seigneur abbé de Tiron, aidait à rejoindre le royaume anglais en les faisant passer pour pèlerins. Cependant, cette vingtaine d’hommes, magnifiques soldats, était de taille à mettre une armée en déroute.
    Plisans luttait contre le sommeil, sentant par instants sa tête partir vers l’avant. Soudain une poigne de fer s’abattit sur son épaule. Aussitôt, en un fulgurant réflexe, sa main fila vers son épée. Une voix de stentor, joyeuse, claqua :
    — Paix, mon bon ami. Vous n’auriez pas l’intention de me navrer ?
    Hugues ouvrit les yeux et un sourire naquit sur ses lèvres.
    — Eudes, quel bonheur à vous revoir !
    Eudes de Sterlan, un géant à carrure d’ours, éclata de rire. Il s’installa en face de son filleul d’ordre dans un grand fracas de chaise en beuglant :
    — Oh là, tavernier ! Devons-nous aller piller ta cuisine afin de nous rassasier ?
    Aussitôt, un petit homme rondouillard et chauve déboula dans la salle. D’un regard, maître Blanc jaugea le nouvel arrivant, portant épée et vêtements qui, bien que sobres, indiquaient un rang élevé, à l’instar de son compagnon. L’aubergiste bafouilla :
    — Votre pardon, messire, humblement. Je ne vous avais point entendu pénétrer…
    — C’est bien la première fois que l’on m’adresse un tel compliment, plaisanta Eudes. Allez, maître Blanc, sers-nous ton meilleur vin et gare s’il

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