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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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j’aurais grand plaisir à partager un gobelet avec vous. Après tout, votre ancien service a dû vous frotter aux exigences des femmes de noblesse.
    — Si fait… eh bien… le plaisir est mien.

    Elle s’installa. En réalité, les petites frivolités manquaient un peu à la gentille coquette qu’elle était. D’autant que ce village, aussi agréable fût-il, ne se révélait guère le lieu pour faire étalage de toilettes recherchées, au risque d’encourir l’acrimonie des autres femmes, pour la plupart de rudes paysannes qui risquaient de voir d’un mauvais œil une donzelle parée et minaudière. Ce mercier devait être au fait des derniers détails de la mode et maîtresse Loir, de son vrai prénom Sylvine, se délectait à l’avance de ce qu’elle allait apprendre.
    — Et la ville ne vous manque-t-elle pas ?
    — Parfois. L’animation, les étaux, les fêtes, les beaux atours. Néanmoins, ici, je suis ma propre maîtresse.
    — Belle sagesse, approuva Loiselle.
    — Voyage de plaisance, messire mercier ?
    — Non pas. Je suis à l’affût de ces petites merveilles que l’on trouve dans nos provinces. Broderies fines, résilles de cheveux, passementeries, socles de chaussons fins, ces freluches qu’apprécient tant les dames et même les messieurs…
    — Que sont ces socles ?
    — Aaahhh, la toute dernière invention qui nous vient, paraît-il, de Flandres. Un bien utile accessoire, je l’avoue. Comment les décrire ? Il s’agit d’une sorte de semelle surélevée, en bois, parfois en épais cuir 2 , sur laquelle passe une large bride. Les dames y faufilent leurs mignons petons chaussés de jolis, mais fragiles chaussons qui ne résisteraient pas quelques minutes à la pluie ou la boue des rues. Ainsi n’ont-elles pas à enlaidir leurs pieds de lourds souliers à la mauvaise saison.
    — Quelle merveille ! s’exclama Sylvine, conquise.
    — N’est-ce pas ? approuva Loiselle tout à son rôle. Aussi, si je puis les faire fabriquer en Perche, plutôt que de les importer… eh bien, je m’épargnerai le coût prohibitif des intermédiaires qui vous saignent à blanc.
    — À l’instar de mon vivandier 3 , renchérit la jeune femme. Quel gredin ! Le prix du poisson, de la viande, du vin ou du pain double au prétexte qu’il parcourt une lieue avec son fardier.
    — Tous de même farine et bien roublards 4 si m’en croyez ! pesta le faux mercier.
    — Ah ça, belle vérité !
    Sylvine était maintenant en cordialité et en confiance. Loiselle la servit à nouveau et poussa son avantage :
    — J’ai amassé quelques fort plaisantes babioles et ai pris langue 5 avec de talentueux artisans qui me pourraient rendre précieux service et ouvrage. Voilà pour ma part de réussite. En revanche, le reste fut une déception. Bah, je persisterai pourtant.
    Sachant que rien n’est plus efficace que d’attiser la curiosité d’un interlocuteur, il n’approfondit pas. Ce qu’il attendait ne tarda point :
    — Comment cela ? Si je puis, sans indiscrétion ?
    — Je cherche, pour ses proches inquiets, un bien-aimé cousin, plus jeune que moi, que je considère tel un jeune frère. Un mire d’exception. Il n’a plus donné signe depuis deux mois. Un certain Druon de Brévaux qui porte petite tonsure, preuve de sa grande piété, accompagné d’un garçonnet blond qu’il forme à l’art médical.
    — Ah ça, mais je crois bien l’avoir entraperçu il y a peu. La grange du croque-mort s’élève juste en face de l’auberge, précisa-t-elle en désignant le mur opposé. En compagnie de ce garçonnet et de messire Anchier Vieil, secrétaire du bailli de Nogent-le-Rotrou.
    — Vraiment ? Le merci pour cette information. Ah, le bonheur de le serrer à nouveau contre moi !

    Revenant à ce qui l’intéressait au plus haut point, Sylvine s’enquit :
    — Et les ourlets de cottes ? Où en sommes-nous ?
    Michel Loiselle, qui s’était bien renseigné depuis son départ de Chartres, plissa les lèvres de désapprobation et déclara :
    — Nous en étions restés à cette mode, de Flandres, elle aussi, qui exigeait que le bas des robes fût travaillé à l’instar de poignets de manches. Pour nous autres, caprices de femmes sont loi. Toutefois avouez, ma chère, que nul n’aurait l’insolence de s’accroupir pour détailler l’ourlet d’une dame et qu’après quelques mètres dans la poussière ou la boue, il ne reste pas grand-chose à admirer d’une

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