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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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pour peu qu’elle serve le roi. Nogaret est le meilleur politique que je connaisse. Ne vous attendez à aucune franchise, aucune amitié de sa part si l’intérêt du royaume se trouve ailleurs.
    — Je le sais.
    1 - Après le décès de Blanche de Castille en 1252, les Bellêmois érigèrent une croix à l’endroit où la souveraine avait planté son camp de bataille : la Croix Feue-Reine. La croix fut toujours remplacée lorsque la vétusté la menaçait. Elle existe encore en sortie de ville.

    2 - En 1229.

    3 - Le futur Saint Louis (1214-1270).

    4 - Gueule. Nous a laissé « gouleyant ».

    5 - Mettre la puce à l’oreille. Si l’expression telle que nous la connaissons date du XIII e  siècle, elle signifiait alors « séduire quelqu’un ».

    6 - Utilisée comme leurre, afin d’exciter les chiens de meute pour la chasse.

    7 - Les templiers vénéraient tout particulièrement la Vierge.

    8 - Rappelons l’importance extrême de la virginité des femmes à cette époque.

    9 - Rappelons que l’espoir du Second Avènement du Christ était très présent à l’époque, donc la « nécessité » d’une nouvelle vierge.

XXXIX
    Saint-Pierre-la-Bruyère, novembre 1306
    L Le bourg, situé au revers d’une butte boisée, dominait l’Huisne, réputée pour ses truites et ses écrevisses.
    Bien que de modeste importance, s’y tenait chaque premier lundi du mois un marché aux victuailles qui attirait une foule conséquente. Un endroit idéal pour laisser traîner ses oreilles. Rien de plus propice que ce genre de manifestation pour que s’échangent nouvelles de ceux qui ne se rencontraient que deux fois l’an et clabaudages en tous genres. Céleste La Mouche s’y était donc rendue peu après tierce.
    Déjà dense, la foule déambulait et les cris d’indignation des acheteuses se mêlaient aux rires et plaisanteries des badauds. Elle dépassa les tréteaux de l’inévitable montreur de foire qui haranguait la foule, cherchant à lui faire accroire qu’il détenait la femme avec la barbe la plus longue du royaume, sans doute une crinière de cheval collée à son menton, et se dirigea en flânant vers le chariot de l’arracheur de dents qui promettait sur sa vie que son eau de bouche donnait belle voix 1 et transformait les chicots cariés et noirâtres en dents blanches et saines 2 d’enfant.
    L’atmosphère la réjouissait assez. Elle sortait enfin des bordels puants de la capitale, des mères puterelles, des clients pour la plupart répugnants, malades ou obscènes, hormis des marchands de passage, des veufs ou des clercs, voire des puceaux menés par leur père afin de jeter leur première gourme de sorte à ne pas épouvanter leur jeune épouse par leur maladresse. Ceux-là se délassaient un moment et cherchaient autant une plaisante causerie qu’un apaisement de sens. Étrange. Afin de survivre, elle était parvenue à se convaincre que toutes ces peaux qui frottaient la sienne, toutes ces sueurs, ces salives, ces existences dont elle ne voyait qu’un bas-ventre lui importaient peu. Dieu, comme elle s’était bernée elle-même, n’ayant guère autre choix ! Elle avait abhorré chaque seconde de cette vie. Elle les avait tous détestés, tous ces moins-que-rien, ces inférieurs qui la prenaient à leur guise pour quelques pièces. Jamais elle n’avait prononcé le nom du domaine de Mirondan, trop beau, trop pur pour être souillé par leur lubricité. Mirondan, le mot, s’était transformé en charme bienfaisant, en talisman. Au plus sombre de ses heures, Céleste se l’était ressassé en silence afin de ne pas devenir folle.
    Mirondan, enfin. Bientôt à nouveau à elle.

    Des éclats de voix sur sa droite attirèrent son attention. Deux femmes, l’une jeune, l’autre d’un âge certain, semblaient avoir maille à départir avec le saucissier 3 pour le plus grand plaisir des chalands alentour. Amusée, Céleste La Mouche s’approcha.
    — D’la saucisse de sang 4 , ça ? couinait la plus jeune des femmes. Euh-là… mais qu’ec’ tu crois, mon gars ? Qu’tu parles à mon cul ! Fieffé entourloupeur ! Au prix qu’elle vaut !
    La femme plus âgée suivait l’échange venimeux. De petite taille mais bien charpentée, elle portait le vêtement d’une paysanne cossue, jusqu’à son bonnet de lin empesé et ses sabots de cuir et non de bois. Elle ne semblaitconnaître l’autre que de marché. La mine belliqueuse, elle déplia la touaille dans laquelle le

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