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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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j’ai décidé de descendre vers le sud. J’y ai de la parentèle. Ma cousine d’alliance souhaite que je l’aide avec sa nombreuse marmaille. Le merci à vous, en sincérité.
    Maternelle, Jeanne lui tapota la joue et lâcha un énorme bâillement d’ivrogne en avouant :
    — J’crois j’suis bien cuite dans l’vin. J’vas dormir un peu avant d’reprendre le ch’min du r’tour. Ma jolie, devriez m’imiter. Z’êtes cramoisie d’visage.
    Joignant le geste à la parole, Jeanne Lechais bascula vers l’herbe et rabattit les pans de son mantel sur elle. Il ne s’écoula que quelques secondes avant qu’un ronflement puissant et aviné ne s’élève.
    Amusée, Céleste La Mouche hésita. Cuver un peu avant de rejoindre Nogent-le-Rotrou pour repartir en tournée des tavernes ne lui ferait pas de mal. Contrairement à ce qu’elle supposait, elle s’endormit aussitôt allongée à côté de l’autre femme.

    L’affreux poids qui l’oppressait la réveilla en sursaut. Il lui fallut quelques instants pour comprendre ce qu’elle voyait. Jeanne Lechais était assise à califourchon sur son torse, bloquant ses bras de ses genoux. Les mains de la paysanne serraient sa gorge. Céleste de Mirondan, forte de ses années de rue, se débattit telle une furie. Mais l’autre, bien plus lourde, faisait preuve d’une force inouïe. Les mains se refermèrent en étau et le souffle commença à faire défaut à Céleste qui tenta de hurler, de se dégager, de donner des coups de pieds.
    Ses tempes bourdonnèrent. Elle inspira de toutes ses forces, ouvrant grande la bouche, luttant contre l’asphyxie. Un voile noir recouvrit son cerveau.
    Des coteaux ensoleillés. L’étang, non loin du manoir, sur lequel glissaient d’arrogants cygnes. La tour ronde du pigeonnier, d’un beige rosé. Les roucoulements infatigables qui s’en élevaient en période des amours. La bibliothèque dans laquelle aimait à se retirer son père, lieu de convoitise pour la fillette Céleste.
    Et Céleste La Mouche mourut dans un râle, sans jamais avoir revu son rêve, son unique passion : Mirondan.

    Jeanne ne relâcha son étreinte que quelques secondes plus tard. Elle se releva et se rajusta. Poings sur les hanches, elle détailla le cadavre en murmurant d’un ton triste :
    — Ben, dis-moi la rouquine, t’étais pas méfiante, pour une puterelle ! J’les renifle à une lieue. Et si j’t’avais formée, c’est moi qui serais étendue à ta place. Allez, repose en paix, ma jolie. J’avais rien contre toi et j’te jure que j’m’en s’rais bien passé. On a fait avec c’qu’on nous avait laissé, toi comme moi.
    Jeanne rebroussa chemin. Mère maquerelle d’Alençon après avoir « payé de sa personne » durant de longues années, ainsi qu’elle disait, elle avait été condamnée à être enfouie vive jusqu’à ce que mort s’ensuive après le meurtre d’un clerc, fils de notable, une ordure bien mise. Le plaisir se refusait à lui s’il ne rouait pas de coups la fille qu’il avait louée. Jeanne l’avait accepté contre un débours supplémentaire. Jusqu’au jour où, les coups ne suffisant plus, il avait entrepris de taillader une des pensionnaires de la mère puterelle. Jeanne était intervenue pour sauver de justesse la fille. Elle avait navré le tordu, bien décidée à se débarrasser de sa dépouille à la nuit en la balançant dans la Sarthe. C’était sans compter l’une de ses meilleures gagneuses qui, lasse de vendre des charmes qui se fanaient, l’avait dénoncée au bailli afin de prendre sa place.
    Bah ! Jeanne ne lui en tenait pas particulièrement rigueur. Dans un monde de fauves, tous se comportent en fauves pour survivre. Comme elle aujourd’hui, afin d’obtenir sa grâce, offerte à condition par l’évêque Foulques de Sevrin.
    Dès qu’elle aurait rejoint son bordel, expédié la vaurienne qui le lui avait usurpé, elle ferait donner une messe pour le repos éternel de cette Céleste.
    Quant à elle, le jour où elle rejoindrait son Créateur, elle se faisait fort d’exiger de Lui, et de forte voix, des explications sur le sort qui lui avait échu.
    1 - Il existait beaucoup de lotions pour « avoir belle voix ».

    2 - D’où l’expression « mentir comme un arracheur de dents ».

    3 - Charcutier.

    4 - Boudin.

    5 - Dire pis que le nom de quelqu’un : insulter.

XL
    Saint-Agnan-sur-Erre, novembre 1306
    E En dépit de ce que lui avait conté Druon au sujet du

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