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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Larcher. Pourquoi ce nom me paraît-il familier ? La raison m’échappe pour l’instant. (Soudain impatient, le seigneur bailli s’enquit :) Êtes-vous prêt à rejoindre le manoir de notre aimable seigneur Luc d’Errefond ? À l’allure de votre Brise, nous ne sommes pas rendus !
    Vexé que l’on porte si péjoratif jugement sur sa belle et preuse jument de Perche, Druon rétorqua d’un ton sec :
    — Elle n’est certes pas aussi rapide et leste que votre destrier, cependant, à l’endurance, la force et à la distance, elle le crève ! Le vôtre saute les hauts obstacles ? La mienne les contourne ou les défonce.
    — Je plaisantais, mire. Quelle humeur tatillonne est la vôtre ce jourd’hui ! Quoi qu’il en soit, ne menez pas la parole en présence d’Errefond. Mon lignage est très supérieur au sien, sans même évoquer ma fonction.
    — Et le mien très inférieur.
    — De juste. En revanche, je compte sur votre esprit pour aiguiller mes questions. Cependant… vous pouvez y aller de quelques subtiles impertinences. Votre marque.
    — Je n’apprécie pas l’impertinence, messire, et donc n’en use guère. À moins qu’il ne s’agisse d’un synonyme pour « question justifiée quoique dérangeante » ?
    — Touché !

    Une fois parvenus en haut de la large butte sur laquelle était érigé le château, ils démontèrent. Druon détailla le donjon rébarbatif construit en pierre de grison renforcée d’un mortier dur. Ceinturé de trois fossés successifs, le seul accès vers l’intérieur avait été ménagé à mi-hauteur de la bâtisse circulaire, de sorte à ce que nul ne puisse s’introduire sans l’aide d’une haute échelle qu’il suffisait de hisser ou de repousser vers le vide en cas d’attaque. Une architecture défensive très dissuasive 1 . La haute enceinte défendue par le donjon, et seulement percée de meurtrières et d’un pont-levis, protégeait en son centre, les logements, les écuries, et les granges. À l’autre extrémité, une tour à mâchecols 2 permettait de surveiller la plaine à l’opposé.
    La morgue du maître des lieux se manifesta dès leur arrivée. Louis d’Avre héla au service en déclinant sa qualité, s’époumonant, en vain. Druon aperçut pourtant une tête par l’une des hautes fenêtres du donjon.
    — On nous toise, messire, commenta-t-il.
    — Pas pour longtemps. Et « on » a grand tort de me chauffer la bile. (Baissant la voix, il s’enquit :) Miresse, l’examen de squelettes compte-t-il au nombre de vos talents ?
    — Ma foi, mon savoir en la matière est théorique mais je me sens de taille à l’exercer.
    — Selon vous, après des mois voire des années, peut-on reconnaître une mort violente grâce à des os ?
    — Dans le cas de certaines brutalités, en effet. En revanche, s’il s’agit d’un enherbement…
    — Je vois.
    Hurlant soudain, M. d’Avre ordonna :
    — Quelqu’un à l’instant, ordre du seigneur Charles de Valois ! Félonie 3 et commise 4 pour qui s’y refuse !
    La menace porta. La porte à mi-hauteur du donjon s’entrouvrit et le bas d’une échelle apparut.
    M. d’Avre apostropha le gens d’arme qui bagarrait avec.
    — Oh là, l’homme ! Crois-tu vraiment que je me plierai à ces acrobaties ? Le pont-levis, sitôt !
    Quelques instants passèrent avant que ne retentissent les grincements des poulies du contrepoids que l’on remontait. Le pont-levis s’abattit, enjambant les douves. Ils pénétrèrent dans la cour d’honneur pavée et attachèrent les rênes de leurs montures aux anneaux fichés dans les murs. Un valet qui ne se hâtait guère, parut. Au soupir exaspéré que poussa Louis d’Avre, Druon sentit que la tempête menaçait. L’homme s’inclina, sans un mot.
    — Ton maître. Guide-nous.

    L’homme sembla hésiter. Cependant, le ton impérieux du seigneur bailli n’engageait pas à la contradiction. Il hocha la tête et les devança.
    Ils grimpèrent l’escalier de pierre en colimaçon qui montait jusqu’aux appartements du seigneur d’Errefond. Toujours muré dans le silence, le valet poussa une haute porte à double battant et s’effaça. Ils avancèrent dans une salle commune glaciale, aux murs dénudés, au sol de larges dalles sombres. Un banc poussé devant la haute cheminée gisait sur un coin, l’un de ses pieds cassés. Le dénuement sinistre de la pièce ne fit qu’ajouter à l’espèce d’appréhension qui montait en Druon.

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