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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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votre art, n’est-ce pas ?
    — Si fait.
    — Et vous, seigneur bailli ?
    — Je ne le suis par rien, hormis l’obéissance à Mgr de Valois et ma parole.
    — Puis-je… puis-je requérir, avec tout mon respect, votre parole que rien de mes confidences ne sortira de cette salle ?
    — J’en jugerai, monsieur. Si vous n’avez commis aucun acte répréhensible aux yeux de la loi, je vous l’accorde.
    — Sans doute si. Mais ils n’ont pas la gravité de ce que vous supposez.
    — Je vous ouïs.
    Un sanglot sec s’échappa de la gorge de Luc d’Errefond. Puis :
    — Je suis… infirme… Je ne puis… honorer les dames 2 . Je… mon… sexe demeure inerte en dépit de mon désir ou plus exactement de mon envie 3 . Je le précise : la gent forte ne m’attire nullement.
    Louis d’Avre jeta un regard affolé à Druon/Héluise, conseillant :
    — Mire… peut-être serait-il préférable que…
    Druon lui décocha une œillade assassine. Aussitôt, M. d’Avre rectifia :
    — Je perds le sens. Les genitalis font, à l’évidence, partie de votre science. Reprenez, monsieur.
    — Ce petit garçon… le fils d’Agnès… n’est point le mien. Il me fallait un hoir. D’admirable disposition, Agnès accepta de… concevoir avec un autre afin de me satisfaire. Elle en tomba amoureuse. Que vouliez-vous que je fasse ? Ma douce ne me menaça jamais mais réclama l’annulation de notre mariage 4 . Je ne pouvais y accéder. Eh quoi ! s’emporta-t-il. Devenir la risée de tous ? Plutôt mourir ! Agnès, qui éprouvait une vive tendresse pour moi, a accepté de devenir bigame. Changeant de nom, elle a épousé son aimé et jamais je ne vous confierai son identité. Elle s’est sacrifiée pour moi et j’ai juré de requérir de Dieu la punition de sa faute puisque j’en suis la cause.
    — En d’autres termes, nous ne pourrons vérifier qu’elle est bien vive, à vos dires, observa messire d’Avre.
    — Anne, ma seconde épouse, vous confirmera mes affirmations. Vous la trouverez, ainsi que sa bonne Florence, sa nourrice, au monastère des Clairets. D’une foi impérieuse, Anne n’avait guère envie d’épousailles. Aussi lorsque… mes piètres performances conjugales se sont révélées à elle, avons-nous décidé d’un commun accord qu’en échange d’une belle dot, elle rejoindrait, sous un nom d’emprunt, le couvent auquel elle aspirait depuis toujours. J’aurais péri de honte si l’on m’avait soumis au congressus 5 . Mes épouses, des anges de bonté, toutes trois, voulaient m’épargner cet invivable affront, comprenant que je les aimais d’un véritable sentiment mais que… la nature m’avait joué une horrible farce.
    — Et la dernière ?
    — Louise ? Ma chère Louise. Je l’ai, elle aussi, dotée d’un confortable douaire, sans oublier la restitution de ses biens propres. Elle vit retirée, soulagée, se faisant passer pour veuve. Louise, tendre oiselle, était terrorisée à l’idée de mettre au monde. Une diseuse d’avenir lui avait prédit qu’elle périrait en couches. Bonne chrétienne, elle avait tenté de faire fi de sa frayeur. Vous pourrez interroger mes deux dernières épouses puisqu’elles se sont conformées aux commandements de l’Église. L’une est moniale, l’autre se prétend inconsolable veuve. Florence abondera dans le sens d’Anne, après avoir cru que je l’avais occise. Encore une fois, par ma très grande faute, Agnès est adultère. Aussi ne vous permettrai-je jamais de la retrouver. Elle n’a cherché que mon bien en acceptant une situation répréhensible.
    — Je… comprends mieux, concéda Louis d’Avre, ahuri par ces révélations.

    Depuis un moment, Druon songeait qu’il lui manquait tant d’informations pour comprendre les tréfonds de l’âme humaine, parfois éblouissants, parfois répugnants à dégorger, parfois simplement si humains.
    — Je… sur mon âme, messires, j’ai chaque fois cru… espéré, prié pour que… l’infirmité qui me frappait disparaisse comme par enchantement. J’ai aimé ces femmes, mes chères tendres. Je les aime toujours. Leur bonté envers moi n’a eu d’égale que leur noblesse d’actes. Chacune aurait pu me traîner devant un tribunal d’annulation. Chacune aurait pu me tuer aussi sûrement qu’une hache s’abattant sur mon col. Car je ne me serais jamais remis d’une telle humiliation.
    — Certes, je vais vérifier vos dires. Pourtant, un instinct me

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