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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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presse. Ma fréquentation, très respectueuse, des dames, m’aura enseigné une précieuse leçon. La seule arme souveraine contre elles demeure la patience, une obstinée patience. Les dames s’inquiètent, s’affolent car elles réfléchissent trop aux affaires de cœur. Je vous avoue trouver les hommes bien plus simples. Mais aussi beaucoup moins séduisants, sourit-il. Apaisez-vous, ma douce. Vous demeurerez le mire Druon de Brévaux à mes yeux tant que l’envie de redevenir Héluise Fauvel ne vous saisira pas. Je suis homme d’honneur. Je suis également homme de patience.
    Il l’avait appelée « ma douce » et Druon refoula ses larmes. Pas encore. Foulques de Sevrin, Jehan, d’abord.
    Les hommes plus simples ? Héluise en doutait fort. Personnellement, elle jugeait les femmes bien plus aisées de compréhension.
    — M’accompagnerez-vous en l’abbaye des Clairets afin de vérifier les affirmations de Luc d’Errefond ?
    — Non pas, messire, avec votre permission. Je gagerais qu’il n’a pas assassiné ses épouses. L’ire du père Simonet a-t-elle été motivée par des rumeurs le poussant à croire aux meurtres des trois épouses de Luc d’Errefond ou parce qu’il le savait polygame ? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais en tout cas, je ne pense pas que le seigneur ait occis le prêtre et son secrétaire. Demeurent donc deux vils assassinats à élucider.

XLIV
    Alençon, novembre 1306
    L La nuit tombait et la pluie virait à la neige. Des larmes glissaient doucement des paupières de l’évêque Foulques de Sevrin, dont il ne savait plus si elles naissaient du soulagement, du bonheur, ou de la tristesse. Sans doute le tout mêlé.
    Il ne se leurrait pourtant pas. Dieu ne lui accordait aucun privilège, aucun signe de pardon. Dieu ne s’adressait qu’à Ses brebis indemnes de corruption d’âme. Héluise et Jehan. Lui, le messager dévoyé 1 , ne méritait rien.
    Il tira un mouchoir de batiste 2 de la manche de sa soutane et se tamponna les yeux.
    Il acceptait la responsabilité de tout, sans atténuation. Notamment celle du meurtre de cette jeune femme rousse dont il ne connaîtrait jamais le nom, juste un prénom, Céleste. Magnifique prénom. Ironie du sort. Quelle importance ? Elle s’approchait dangereusement d’Héluise, et à ce titre, devenait un danger qu’il convenait d’éliminer, qu’elle eût été rémunérée par Nogaret ou Éloi Silage. Le redoutable dominicain se faisait très discret depuis son récent retour de Rome. Foulques de Sevrin ne s’y trompait pas. Silage ourdissait son piège grâce à son espion, espérant qu’il lui livre Héluise en plus de lui, pieds et poings liés. Outre que l’idée même que la jeune femme puisse tomber entre les griffes de l’Inquisition insupportait Foulques, il ne se faisait aucune illusion. Qui pouvait résister à la Question ? Silage mettrait dans la bouche de la jeune femme les aveux qui lui conviendraient et lui permettrait de traîner l’évêque devant un tribunal inquisitoire. Ainsi, Éloi Silage démontrerait qu’il était le plus fort. Ainsi, la robe de puissance à laquelle il répondait à Rome serait-elle pleinement satisfaite de lui. Jolie escabelle 3 pour une nomination de reconnaissance à un poste de prélat !
    Silage allait choir de haut, tête par-dessus cul ! L’évêque en faisait la solennelle promesse. Jouissive perspective.

    Jeanne Lechais avait bien mérité de retrouver son bordel pour en redevenir la mère puterelle. Lorsque, revêtu d’un costume laïc, il l’avait rejointe à un coin de ruelles comme convenu, lorsqu’elle lui avait annoncé que « la rouquine, qui s’faisait nommer Céleste, avait r’trouvé son Créateur sans inutiles souffrances », il s’était acquitté de sa part du marché : la grâce définitive de Jeanne, qu’il lui avait tendue. Pour le reste, elle était de taille à se débrouiller.
    Il sourit, se remémorant la scène. Mal lui en avait pris d’y aller d’un petit sermon, assez déplacé étant entendu leur commerce à tous deux. Il s’était cru obligé de souligner que, certes, sa « profession » n’était pas formellement condamnée par l’Église, mais qu’on y trouvait quand même à redire, d’autant qu’elle faisait travailler des fillettes lupanardes contre espèces sonnantes et trébuchantes. Elle avait souri avant de déclarer d’un ton gentil mais sans appel :
    — J’éprouve immens’ respect pour l’Église

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