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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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sourcils, dévalant le long de son nez. Stupéfait, il s’essuya le front et contempla sa main sans paraître comprendre d’où venait ce rouge tiède qui trempait sa paume.
    Druon surprit du coin de l’œil le mouvement furtif du serviteur qui levait sa doloire d’un geste menaçant en s’approchant du bailli afin de porter renfort à son maître. Sans même réfléchir, le jeune mire tira à son tour sa courte épée et se précipita vers l’homme en vociférant :
    — Halte, l’homme, ou je te navre ! Lâche cet outil !
    L’autre obéit aussitôt.
    Louis d’Avre lança d’un ton jovial :
    — Vous êtes irremplaçable, mire ! (Puis, sa voix se fit féroce à l’adresse d’Errefond :) Première semonce. Ma seconde botte sera mortelle.
    Se tournant vers la brute figée que Druon menaçait toujours de sa lame, sans pour autant lâcher du regard le seigneur des lieux, il réitéra :
    — Ouvre, l’homme ! Errefond, ne bougez plus ou je vous occis, sans l’ombre d’une hésitation.
    Assez ébranlé, l’homme du seigneur obtempéra. Faufilant sa besaiguë sous le couvercle du premier cercueil, il l’enfonça à grands coups du fer de la doloire. La belle planche de chêne se souleva enfin. Il procéda de même pour toutes les bières sans qu’un mot ne s’échange. Luc d’Errefond était si livide que Druon songea qu’il allait tomber en pâmoison. La sueur dégoulinait de son front en dépit du froid qui régnait dans la crypte.
    Une fois sa tâche accomplie, la brute demeura là, bras ballants, ses outils à la main.
    — Mire, procédez à l’examen, je vous prie, ordonna M. d’Avre. Quant à toi, l’homme, au moindre clignement de paupières, je t’embroche.
    Le serviteur se le tint pour dit.

    Druon s’approcha et une exclamation de surprise horrifiée sortit de sa gorge. Le petit cercueil renfermait en effet des ossements de jeune enfant. Quant aux trois autres, ceux des dames d’Errefond, ils étaient vides, lestés de sacs emplis de terre, de sable ou de caillasse.
    — Seigneur bailli, je pense que… je ne sais…
    Intrigué, celui-ci désarma Luc d’Errefond et s’approcha à son tour. La stupéfaction se peignit sur son visage. La voix incertaine du maître des lieux rompit le silence malsain qui régnait soudain.
    — Je… ce n’est pas…
    Louis d’Avre se rua vers lui et le projeta de toutes ses forces contre le mur de la crypte. Son crâne heurta les pierres irrégulières dans un son creux. Redoutant que le bailli l’étrangle dans un moment de fureur, Druon s’apprêtait à intervenir. Le poing d’Avre se serra et se leva, s’immobilisant à un pied du visage de l’autre qui ferma les yeux, attendant le coup.
    D’une voix tendue de violence, Louis d’Avre exigea :
    — Où sont-elles ? À l’instant !
    L’autre serra les mâchoires. Le poing s’abattit sur le visage jadis suffisant. Druon s’avança, pour être arrêté par un péremptoire :
    — Mire, ne vous mêlez pas de cela au risque de prendre un mauvais coup dans le feu de la bagarre, et je le regretterais plus que tout !
    Le poing se leva à nouveau et s’abattit encore et encore, précédé chaque fois de la même question dont le calme glacé terrorisait Druon de Brévaux.
    — Où sont-elles ?
    Les arcades sourcilières béantes, le nez cassé, les lèvres fendues, Luc d’Errefond s’obstinait dans son mutisme.
    — Tout petit monsieur, paltoquet indigne de ton rang, je t’extirperai la vérité, sur mon âme. Je te pose la question une dernière fois : qu’as-tu fait des dames ?
    Une mousse sanguinolente se forma à la commissure des lèvres d’Errefond. Il balbutia, mauvais :
    — Elles sont vives, abruti !
    De saisissement, Louis d’Avre lâcha sa proie qui s’écroula au sol. Grimaçant, il secoua sa main, ensanglantée, martyrisée par les coups de brute avec lesquels il avait défiguré le seigneur des lieux.
    1 - Inspiré du château de Bois-Ruffin, Orne, aujourd’hui en ruines.

    2 - De « mâche » : blesser et de col : cou. Ils permettaient d’expédier des projectiles aux assaillants pour leur « écraser le cou ». A donné mâchicoulis.

    3 - Rébellion ou dérobade d’un vassal, parfois liée à un refus d’hommage. Il s’agissait d’un crime.

    4 - La félonie étant attestée, le suzerain pouvait confisquer, le plus souvent par la force, le fief du vassal désobéissant. Il s’agissait de la commise . Après le XIII e  siècle, la

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