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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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et la robe, messire évêque, sans compter ma dévotion pour la Très Sainte Vierge que j’prie chaque jour. Mais z’étaient où ceux-autres quand j’m’a r’trouvée veuve à vingt-deux ans avec quatre marmots à nourrir ? S’lon vous, y’m’restait quoi d’autre, à part la mendicité aux caquetoires des églises ? Sans rancune. J’m’a bien sortie d’l’ornière et trois d’mes petits sont d’venus grands.
    Foulques de Sevrin n’avait pas insisté. Il avait béni la femme, l’absolvant de ses actes, dont ce dernier meurtre. Il n’était plus à ça près !
    Ses larmes taries, un éclat de rire le coucha sur son bureau comme il récupérait la dernière missive de son bon cousin, Antoine de Sevrin.
    « Monseigneur et bien-aimé, bien respecté cousin,
    « Dieu, comme je m’en veux en imaginant votre cuisante déception. Je me trouve cloué en cette détestable auberge par d’intolérables douleurs de jambes qui m’empêchent de poser le pied par terre et encore plus de monter en selle. Le retable de l’église Saint-Pierre-de-Monsort qui vous tient tant au cœur m’a filé sous le nez, je ne sais dans quelle direction. Je me suis fait berner tel un benêt par de rondes et menteuses promesses.
    « Je ne trouve pas de mots assez sévères pour me fustiger. Vous qui avez tant fait pour moi ! Est-ce là ma gratitude, mon affection ? Ah, quel piètre réceptacle à votre confiance je fais ! Me pardonnerez-vous jamais ? Je le souhaite de tout mon cœur, sans trop oser y croire en dépit de votre immense vertu.
    « Votre très dévoué, très respectueux, très honteux cousin.
    « Antoine de Sevrin. »
    Le magnifique Michel Loiselle n’aurait pas volé sa grâce. Il venait de retrouver Héluise, selon leur code. Ne restait à l’évêque qu’à la rejoindre, en priant le Ciel qu’elle ne le trucide pas avant de lui avoir offert l’opportunité de s’expliquer. Peu importait la suite.
    1 - Le terme s’entendait au sens moral et religieux et n’avait pas encore les connotations sexuelles qu’on lui donne souvent aujourd’hui : avoir abandonné le bon chemin.

    2 - Toile de lin très fine, coûteuse.

    3 - Escabeau.

XLV
    Citadelle du Louvre, novembre 1306
    S Sans nouvelle de Céleste de Mirondan, dite La Mouche, depuis des jours, Guillaume de Nogaret fulminait. Il avait arpenté sa vaste salle de travail toute la soirée, hélant fréquemment au service afin de savoir si un messager ne lui avait pas porté la missive tant attendue. En vain.
    La peste était de ces espions sur lesquels on ne pouvait compter ! Et pourtant, Céleste demeurait sans doute la plus fiable de ceux qu’il avait recrutés jusqu’alors, puisque l’enjeu était de taille à ses yeux. Récupérer Mirondan. Il le lui avait promis, bien que n’ayant nulle intention d’honorer ladite promesse. Il avait assez d’affaires pesantes et pressantes à régler sans s’ajouter le procès en hérésie de Jacques de Mirondan, détenteur actuel du domaine. Qu’avait à faire une donzelle de terres et d’un manoir qui tombait sans doute en ruine ? Elle s’en consolerait lorsqu’il lui offrirait une très généreuse bourse pour la remercier de ses services. Un hôtel particulier en ville, des serviteurs en livrée, quelques belles parures de dame et le tour serait joué ! Où irait-on si les filles se mettaient en tête d’exploiter leurs vignobles et presser leurs olives ? Qu’elles se contentent d’être pieuses, belles et de faire des enfants. Il avait bien assez de Mahaut 1 , comtesse d’Artois et de Bourgogne, pair de France, et d’Isabelle 2 , que l’on marierait sous peu à Édouard II.
    La peste était des espions !
    Un huissier passa une tête prudente par l’entrebâillement de la porte donnant dans l’antichambre. Nogaret se précipita vers lui dans le bruissement nerveux de sa longue robe, exigeant :
    — Une missive ?
    — Non pas, monseigneur. Le chevalier Hugues de Plisans humblement requiert audience.
    Plisans. Plisans qu’il n’avait revu depuis des jours, se demandant souvent de quelle manière il l’aborderait. Au fond, le conseiller craignait tant d’avoir été trahi que l’absence de celui qu’il avait eu la faiblesse de qualifier de « compagnon » l’avait un temps apaisé. Reculer pour mieux sauter. Pathétique de la part de l’homme le plus puissant du royaume. Il se sentait seul face à l’hostilité de tous : ceux qu’il empêchait de piller le

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